Multi-cloud : enjeux et stratégies pour les entreprises

Alors que les revenus générés par les services cloud au niveau mondial devraient progresser de 17,3% en 2019 pour atteindre 206 milliards de dollars selon le Gartner, les challenges associés n’en demeurent pas moins importants.

Il n’est pas étonnant de constater que 6 à 12 mois après le lancement de leurs projets, 95% des entreprises rencontrent d’importantes difficultés et pas moins de 20% abandonnement purement et simplement leur projet (source : retour d’expérience BMC). Si les gains du cloud, notamment d’agilité, ne sont plus à démontrer aujourd’hui, les investissements et les besoins de compétences restent conséquents pour les entreprises. Pour assurer une transition sans accro et une maîtrise du ROI, une architecture multi-cloud est pertinente. A condition de mettre en place un projet rigoureux, sur le plan humain, technique et financier.

Les compétences au cœur de la stratégie

La première étape pour les entreprises revient à nommer un Chief Cloud Officer (CCO). Colonne vertébrale de l’ensemble des projets cloud, c’est lui/elle qui rend compte directement à la direction générale et assume la gestion des contrats avec les fournisseurs cloud et le pilotage de la consommation réelle des services digitaux par les métiers et autres utilisateurs. Le CCO dirige également le centre de compétences multi-cloud (ou le met en place si celui-ci n’existe pas) qui coordonne les efforts de déploiement multi-cloud au sein de l’entreprise et définit la politique d’utilisation du cloud. Le centre de compétences est typiquement composé de collaborateurs issus de la direction informatique et couvrant les expertises DevOps, SecOps et TechOps. Cette organisation joue un rôle clé dans la gestion stratégique et opérationnelle de la migration vers le multi-cloud.

Data, machine learning et containerisation des services digitaux  

Pour limiter les lourdeurs opérationnelles et les surcoûts en amont de la mise en marche des services cloud, il est nécessaire de définir les données requises par les différentes parties prenantes de l’entreprise pour optimiser le fonctionnement des métiers, voire automatiser ce qui peut l’être grâce au machine learning (ML). Une stratégie claire d’informations à collecter est le prérequis pour construire des data lakes homogènes et riches de données historiques dont les algorithmes ML ont besoin pour sortir des prévisions de qualité.

Le ML est l’élément clé de toute stratégie qui vise à atteindre l’hyper agilité des environnements multi-cloud poussée par une automatisation des processus DevOps, SecOps et TechOps. Dans des environnements hautement volatils, caractéristiques du multi-cloud, le ML peut générer de la valeur dans plusieurs domaines, et notamment : optimiser les infrastructures en fonction des besoins, automatiser un grand nombre de tâches au niveau des opérations, gérer les réseaux et adapter les services aux besoins uniques de chaque client.

Au-delà du ML, on constate que le passage des architectures applicatives dites "monolithiques" vers des architectures en micro-services est plus qu’amorcé par la majorité des grandes entreprises. Et pour cause, car les micro-services sont caractérisés par leur agilité et par conséquent, une consommation optimisée des infrastructures. Sachant que la migration des applications monolithiques vers les micro-services représente un investissement non négligeable, chaque entreprise devra définir ses priorités de transformation, en particulier en se focalisant sur les services digitaux dont la demande est très volatile, car c’est là que des gains de TCO de l’ordre de 90% peuvent être obtenus. Il convient également de prévoir des outils de découverte et de monitoring capables de détecter les micro-services et d’évaluer leur comportement dans le temps. Ces données permettront d’établir des liens de causalité entre les incidents et leurs causes racines et développer des algorithmes de ML pour automatiser l’identification des causes racines et la définition des stratégies de remédiation les plus adaptées.

Choix des partenaires et gestion des coûts

D’après une récente étude de BMC, 44% des décideurs informatiques préparent le déploiement d’infrastructures multi-cloud en partenariat avec de multiples fournisseurs (Cloud Service Provider ou CSP). Travailler avec plusieurs partenaires permet de préserver l’agilité de la DSI et optimiser sa capacité à négocier de meilleurs prix et accès aux services. Lorsqu’on sélectionne ses partenaires multi-cloud, il convient d’être particulièrement regardant sur 5 spécificités de l’entreprise partenaire et de son offre :

  1. Sécurité : Est-ce que le CSP respecte les normes de sécurité requises par l’acheteur ? Quelles normes sont déployées au niveau de la gestion des facilités ? Est-ce qu’il est envisageable de négocier un droit d’audit sur les lieux physiques ?
  2. Réglementaire : Est-ce que le partenaire est conforme au niveau de la réglementation applicable – RGPD, PCI, ISO, géolocalisation des machines/CI ... ?
  3. Roadmap des technologies : Quel est le niveau d’intégration des services digitaux proposés ? Est-ce que le partenaire offre des technologies open source ou propriétaires ?
  4. Ecosystème : Est-ce que le partenaire offre une place de marché accessible aux fournisseurs tiers de solutions digitales ? Est-ce que le partenaire offre un accès aux experts et aux services spécialisés ?
  5. Financiers : Quel est le niveau d’agilité du modèle économique proposé ? Est-ce que les instances sont facturées par mois, par jour ou par micro-service consommé ? Quel est la qualité et le détail du reporting financier envisagé ? Est-ce qu’il y a un « lock-in » des contrats ?

Avantages et défis du multi-cloud

Le cloud offre des atouts indéniables aux entreprises en quête de transformation numérique, du développement de nouveaux services digitaux et d’optimisation de leur agilité. Le défi n’est pas tant d’exploiter ces avantages, mais de réussir à capitaliser tout en réduisant le coût total de possession des services digitaux consommés par les utilisateurs. La réussite ne sera alors possible qu’à la condition de mettre en place une gouvernance forte pour piloter les différents chantiers et déployer des technologies état de l’art pour maximiser l’agilité et l’automatisation.

Source de l'étude du Gartner citée en introduction