Aaron Levie (Box) "La France est un marché clé pour nous"

Le spécialiste du stockage en mode cloud pour les entreprises devrait entrer en bourse en 2015. Son CEO nous a accordé une interview.

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Aaron Levie, CEO de Box, a cofondé la société en 2005 aux côtés de Dylan Smith. © Box

JDN. Quel est votre état d'esprit en tant qu'entrepreneur à l'approche de votre IPO ?

Aaron Levie. Vous savez, nous sommes concentrés sur le business et l'exécutif depuis le début. De ce point de vue, l'entrée en bourse représente une toute petite étape de notre histoire. Ce n'est pas quelque chose que nous avions prévue au départ. C'est un levier de financement important, certes, mais ça ne constitue pas un élément vital aujourd'hui. C'est une nouvelle étape.

Dans une récente chronique que Tien Tzuo a publiée récemment sur vous sur le JDN, le CEO de Zuora évoque les concepts de revenu annuel récurrent (ARR) et de marge de revenu récurrent. Est-ce des indicateurs clés pour vous ?

A la différence des éditeurs traditionnels, qui vendent une fois puis passent aux clients suivant, nous entretenons une relation de long terme avec nos clients. Dans cette logique, sur la première partie de votre croissance, vous dépensez beaucoup d'argent pour construire votre infrastructure, et vous engager aux côtés de nouveaux clients. Mais cet investissement a pour but de créer une relation à long terme. Le défi consiste donc à publier des comptes qui illustrent cette dynamique financière, et qui fixent ce business model en termes de courbe de croissance. Nous investissons ainsi le plus finement possible en fonction de notre niveau de chiffre d'affaires [et de nos projections NDLR]. Et au fil du temps nous surveillons que notre chiffre d'affaires est supérieur à nos investissements.

Que vous apporte la Silicon Valley ?

"Nous nous sommes installés dans la Silicon Valley pour bénéficier d'un mentorat de haut niveau"

La Valley attire les entrepreneurs. Nous avons décidé de nous installer dans la Silicon Valley car nous voulions bénéficier d'un mentorat de haut niveau, et des conseils de dirigeants faisant face au même défi de croissance rapide. Cette culture du mentorat, du partage, est propre à cette région. Ce n'est pas forcément le cas de beaucoup d'autres secteurs aux US. L'IT est en perpétuel renouvellement. C'est donc un grand cycle de retours d'expérience qui s'est mis en place ici. Beaucoup de leaders de la Valley se souviennent qu'ils ont été accompagnés par d'autres pour faire face à leurs défis. A cela s'ajoute la dynamique des partenariats qui permet de créer nos écosystèmes, et qui favorise également ces relations fortes.

Avez-vous des relations avec Marc Benioff de Salesforce ? On sait qu'il rencontre très régulièrement de jeunes entrepreneurs de la Silicon Valley ?

Marc est très impliqué dans la communauté. Il passe beaucoup de temps à apporter son aide aux start-up. C'est un grand mentor pour moi. Tout comme Meg Whitman de HP qui m'a aussi été d'une grande aide. Ils sont des leaders très généreux. Ils n'hésitent pas à donner de leur temps pour accompagner les entrepreneurs qui construisent leur activité, en prodiguant des leçons business et de vie.

Box semble actuellement tout entier centré sur la verticalisation de son offre. C'est votre stratégie principale ?

Nous avons lancé notre produit il y a une dizaine d'années. Pendant cette première période, nous avons bâti les fondations de notre société et de notre plateforme. Nous avons cherché à expliquer quels étaient les avantages de notre service de partage de fichiers, et à montrer que notre méthode était la bonne. Aujourd'hui, ce positionnement est devenu une évidence pour le marché. Vous avez des Google Drive, DropBox, OneDrive... qui permettent de partager vos données et fichiers. C'est un concept désormais très répandu. 

"Dans l'internet des objets, nous avons déjà quelques cas utilisateurs dans les drones"

La question est donc de savoir comment rendre de nouveau notre plateforme unique. La réponse réside dans les processus métier que nous pouvons mettre en place autour. Mais pour atteindre cet objectif, vous êtes obligé de comprendre les besoins de chaque secteur, et de vous y adapter en proposant une expérience unique pour chacun d'eux. Un distributeur par exemple va vouloir partager ses ressources marketing au sein de son réseaux de boutiques, typiquement un catalogue de produits, et le mettre à disposition de ses vendeurs sur iPad. Dans la fabrication, les problématiques seront différentes.... Box Workflow que nous avons récemment lancé permet justement de créer très facilement des processus métier pour simplifier la gestion de données sur notre plateforme.

Existe-t-il déjà des projets dans l'Internet des objets basés sur votre plateforme ?

Nous avons déjà quelques cas utilisateurs sur les drones. Par exemple dans l'agriculture, le bâtiment, l'énergie, les hydrocarbures, des drones combinés à notre solution sont utilisés pour capter des images aériennes. Et Box est utilisé pour les historiser.

Je pense que les usages et applications dans ce domaine vont se multiplier, notamment avec l'émergence des capteurs, de données d'image et vidéo notamment. Les lunettes connectées comme les Google Glass vont aussi permettre aux professionnels de capter des données, en ayant les mains libres. Des données qu'il sera nécessaires de stocker et partager.

"La France représente l'un de nos principaux focus à l'international"

Quelle est aujourd'hui la taille de votre écosystème ?

Nous avons 27 millions d'utilisateurs, 240 000 entreprises qui utilisent notre produit. Nous avons par ailleurs 45 000 développeurs qui travaillent sur notre plateforme. Ils ont construit des milliers d'applications commerciales autour qui répondent à des besoins métier spécifiques. Il en existe dans des domaines aussi variés que le bâtiment, les services financiers ou la fabrication.
 

Quelles sont vos ambitions en France ?

C'est un marché sur lequel nous investissons en ce moment. C'est pour cela que je suis ici. Nous avons déjà un petit bureau ici qui est en train de grandir. La France représente l'un de nos principaux focus à l'international. Les entreprises françaises sont en pleine transformation numérique, et sont donc particulièrement réceptives à ce que nous pouvons leur apporter pour accélérer leur croissance, y compris à l'international. Le groupe français Schneider Electric était d'ailleurs notre principal client avant que nous signons avec General Electric. La France est un marché clé pour nous.

Vous ne proposez pas pour le moment la possibilité à vos clients de choisir la localisation de leurs données. Mais s'agit-il d'une piste à laquelle vous réfléchissez ?

Nous y travaillons. Nous envisageons de signer des partenariats pour proposer une localisation dans un certain nombre de régions clés à travers le monde. L'objectif est de fournir cette possibilité à moyen terme en étant capable de proposer un environnement qui puisse se conformer aux réglementations locales.