Dossier Numergy vs Cloudwatt : le match

Nés de la volonté de l'État de mettre en place des services de cloud souverain, Numergy et Cloudwatt ont été lancés en 2012. Deux ans plus tard, les deux acteurs sont au coude à coude.

L'accouchement fut difficile. C'est en 2011 que l'Etat avait affiché sa volonté de doter la France d'un grand service de Cloud Computing souverain, c'est-à-dire hébergé en France, à l'abri du Patriot Act américain. Le projet bénéficie alors d'une confortable enveloppe de 135 millions d'euros prélevée dans le grand emprunt. Deux chantiers rivaux vont alors s'affronter. Celui d'Orange et Thales d'un côté, le projet SFR et Dassault Systèmes de l'autre. Se refusant de choisir, le gouvernement Fillon décide de financer les deux projets, ce sera Numergy et Cloudwatt.

Numergy, le plus rapide à se lancer sur le marché

L'un comme l'autre bénéficient alors d'une enveloppe de 75 millions d'euros pour mettre en place une infrastructure et lancer des services hébergés en France. Bénéficiant de l'infrastructure de SFR, Numergy est le premier à lancer ses services cloud sur le marché avec une offre d'hébergement de machines virtuelles s'appuyant sur l'offre VMware. Une solution adaptée aux grandes entreprises notamment où l'hyperviseur commercial domine. Cloudwatt va opter pour l'open source en répliquant avec une offre de stockage basée sur OpenStack.

Comparé aux catalogues produit des géants du Cloud que sont Amazon, Google ou Microsoft, ces portefeuilles restreints ne suffisent pas aux cloud souverains français pour s'imposer. Comme le soulignait en septembre dernier le quotidien Les Echos, 2 ans après le lancement des deux projets, le chiffre d'affaires n'est pas au rendez-vous avec 2 millions d'euros pour Numergy, et seulement quelques centaines de milliers d'euros pour Cloudwatt.

Juin 2014, les deux projets entrent dans une nouvelle phase

Si leur décollage commercial a été plutôt modeste, c'est qu'il a fallu attendre juin 2014 pour que les deux services Cloud montrent enfin leurs muscles. Numergy s'est repositionné avec une offre plus intéressante pour l'écosystème Cloud basée sur OpenStack. De l'autre côté, Cloudwatt a changé de PDG, Patrick Stark cédant la place à Didier Renard. Celui-ci, fort d'une offre qui inclut enfin l'hébergement de machines virtuelles met désormais le cap sur une stratégie 100% indirecte délaissant le développement de produits de type CloudwattBox.

S'il reste des différences entre les deux acteurs français, avec cette spécialisation OpenStack chez Cloudwatt et une approche en cybersécurité très avancée chez Numergy, leurs stratégies tant techniques que commerciales se rejoignent. Toutes deux font face à un marché du Cloud Computing français qui décolle plus lentement qu'espéré. Alors que la piste d'une fusion est parfois évoquée, un dernier coup de pouce de l'état, sous la forme d'une incitation aux administrations à faire héberger leurs serveurs dans ce cloud souverain, pourrait leur permettre de décoller enfin alors que les entreprises restent pour leur part encore sceptiques sur l'opportunité de cette piste.