Kompass bascule son système d'information dans le Cloud

Kompass bascule son système d'information dans le Cloud Le groupe a mis en production sa base d'entreprises et ses services clients sur Windows Azure. Tout son système d'information bascule dans le cloud. Entretien exclusif.

Basculer le cœur névralgique de son système d'information sur un cloud public, c'est possible. C'est ce que vient de réaliser Kompass. L'éditeur français d'annuaires d'entreprises n'a pas hésité à migrer vers le Cloud Computing de Microsoft sa base de données principale et les applications clientes qui lui sont associées. Un entrepôt de données de 10 millions d'entreprises, regroupant 1 milliard d'informations, auxquelles s'ajoutent un flux d'un millier de nouveaux articles d'analyse chaque jour. Le projet vient tout juste de s'achever. 

Microsoft Azure préféré à Amazon Web Services

Pourquoi le choix du cloud ? Jusqu'ici, les applications de Kompass étaient hébergées dans les datacenters de son ancienne maison mère, la Coface. Devant se séparer de cette dernière en janvier 2013 pour devenir filiale de Natixis, la société devait d'abord prendre son indépendance informatique. "C'est notre programme de digitalisation, lancé en parallèle, qui nous a incité à opter pour une infrastructure de cloud public", commente Pierrick Pétain, DSI de Kompass. Ce chantier impliquait en effet une réécriture des applications, notamment pour les adapter aux terminaux mobiles, et surtout une redéfinition des processus de développement pour accélérer les déploiements.

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Pierrick Pétain est DSI de Kompass. C'est lui qui a décidé de basculer le système d'information métier du groupe vers Azure. © Kompass

Avant de se lancer, Kompass a également étudié l'offre Amazon Web Services. Ce qui a fait pencher la balance en faveur de l'offre de Microsoft : une grille tarifaire plus lisible, et donc un mode de contractualisation jugé moins risqué financièrement. Sachant aussi que Kompass avait décidé de migrer vers Office 365 en octobre 2012. Un premier projet orienté cloud avec Microsoft qui s'était déroulé sans problème.

Et pourtant, les applications business de Kompass ne sont pas écrites dans un langage propre à l'environnement historique de l'éditeur américain. Elles sont en effet codées en Java. Une technologie que Microsoft, dans une volonté d'ouverture, a intégré à son cloud dès 2011 au même titre que PHP. Malgré cette intégration récente, Kompass a jugé le portage de Java sur Azure suffisamment mature pour son vaste projet.  

 

Un système Java porté sur Azure

Au final, le bilan est donc plus que positif. Peu de problèmes techniques. Et un accompagnement de Microsot de tous les instants. "Nous avons été suivi de très près par le consultant Thomas Conté de Microsoft France", nous confie Pierrick Pétain. "Cet accompagnement s'est révélé décisif car certains développements ont été optimisés pour les instances Azure de 57 Go qui n'étaient alors pas encore sorties." Des serveurs que Microsoft propose depuis juin 2013. Par définition moins maitrisable, le portage sur Azure des logiciels acquis par Kompass s'est révélé un peu plus problématique : le CRM Hybris et le moteur Sinequa notamment.

Aucun problème en revanche du côté des développements spécifiques, et notamment de l'outil de collectes alimentant la base de données de Kompass. Un système qui combine des processus de saisie, à des dispositifs d'agrégation de données et d'analyse sémantique - permettant de recueillir des informations sur divers types d'entreprises. Avec sa base de données, cet outil de collecte représente la pierre angulaire du système informatique de Kompass. L'ensemble lui permet en effet de proposer un référentiel d'entreprise avec des possibilités de segmentation par profils. Jusqu'à des indicateurs pour cerner les prospects ou partenaires potentiels avec lesquels la société aurait le plus de chance de conclure.

Un budget six fois moins élevé que le précédent

Le ROI ? "Le projet a coûté 2 millions d'euros, c'est-à-dire environ six fois moins que le budget estimé pour un déploiement internalisé. "Et ce sachant qu'Azure nous a permis un déploiement simultané dans 69 pays, ce qui aurait été impossible sans le cloud", indique le DSI. "Le cloud évite l'investissement en matériels et compétences qu'aurait impliqué un datacenter interne. Sans compter l'inertie applicative et d'infrastructure que cette alternative aurait impliqué", analyse Pierrick Pétain. "Azure nous dégage complétement de la gestion de l'infrastructure, qui n'est plus qu'une commodité, et nous permet de concentrer nos ressources sur le développement." Quant à la feuille de route, le DSI a pu tenir ses délais, et ouvrir le système en production le 16 octobre 2013 (sachant que la date de mise en production avait été fixée au 15 octobre au 1er janvier).

Cap sur la datavisualisation avec de jeunes start-up françaises

Mais naturellement, le DSI est déjà engagé dans la prochaine étape : la datavisualisation. Par ce biais, Pierrick Pétain entend accélérer la compréhension d'informations. Et sur ce terrain, il a déjà sélectionné plusieurs spécialistes français du domaine : Qunb, Dataiku, mais aussi Data publica (d'ailleurs déjà utilisé par Kompass pour générer certains indicateurs).

"Les grands éditeurs d'outils de datavisualisation ne sont pas bons sur le plan du rendu. C'est un savoir-faire qui est en revanche bien adressé par les start-up", estime Pierrick Pétain. Quant à Hadoop sur Azure, Kompass envisage d'y recourir pour historiser les données d'utilisation de son service web. L'idée étant d'améliorer ensuite ses capacités d'analyse marketing. Dans ce but, des marqueurs de pages ont déjà été mis en place pour enregistrer, anonymement, les actions des utilisateurs quel que soit le terminal. Elles sont déjà intégrées dans l'outil Dynatrace, pour assurer le suivi en temps réel des achats, du taux de rebonds... Une technologie de tracking qui permet aussi à Kompass de repérer les comportements suspects du système, et ainsi prévenir un éventuel piratage de sa base de données.

Avec en ligne de mire l'objectif de doubler le trafic du service en ligne d'ici deux ans, Pierrick Pétain est serein. Le modèle de paiement à l'usage d'Azure, combiné à son dispositif d'auto-dimensionnement (auto-scaling), lui permet en effet d'aligner finement les coûts sur l'évolution de la montée en charge.
 

 
Architecture du système d'information de Kompass sur Azure
Source : JDN
Service IaaS Azure Moteur de recherche Sinequa, et WordPress (supporte la partie éditoriale du site de Kompass)
Service Paas Azure Base de données et applications Java (notamment outil de collecte)


Le processus de développement et déploiement mis en œuvre : Kompass héberge en interne son référentiel de code (SVN). A partir de ce serveur consolidant tous les développements Java réalisés via l'infrastructure Eclipse, le groupe envoie directement ses build sur Azure. Ses environnements de test d'intégration, de recette et de pré-production sont tous hébergés sur le cloud de Microsoft, aux côtés de l'environnement de production.