Michael P. Gregoire (CA Technologies) "En 2013, nous nous concentrons sur le DevOps et la sécurité"

A l'occasion de son passage en France, le directeur général du géant du management IT nous a accordé une interview exclusive dans laquelle il décrypte ses différents défis.

mike gregoire
Depuis sa nomination comme directeur général de CA Technologies en janvier 2013, Michael P. Gregoire a amorcé un vaste chantier de transformation. © CA Technologies

Depuis sa nomination comme directeur général de CA Technologies en janvier 2013, Michael P. Gregoire a amorcé un vaste chantier de transformation. Objectif : orienter les produits du géant mondial du management des services IT vers le cloud et la mobilité, et négocier ce virage le plus rapidement possible. Mot d'ordre : l'innovation.

JDN. Quels sont aujourd'hui les principaux points forts de l'offre de CA Technologies ?

Michael P. Gregoire. C'est simple. Nous sommes le seul éditeur à proposer des solutions pour piloter à la fois les applications, l'infrastructure IT et la sécurité. Et ce, du mainframe au cloud en passant par les architectures distribuées. Nous avons une expérience de 40 ans sur ce terrain.

Nous ne sommes pas taillés pour une plate-forme spécifique. Notre statut d'éditeur indépendant nous permet d'être agnostique, et de pouvoir conseiller les entreprises de la manière la plus neutre possible. Nous sommes très bien placés par exemple pour accompagner les sociétés opérant de multiples rachats, et les aider à gérer l'intégration de systèmes d'information hétérogènes au sein d'une architecture cohérente. 

Bull opère son offre de cloud privé avec CA Automation Suite for Clouds. Ce groupe a justement été séduit par le caractère agnostique de cette offre, qui permet de provisionner et déprovisionner des VM sur Windows, Unix et Linux. C'est une différence centrale avec VCloud de VMware...

Nos solutions sont en effet capables de s'adapter à n'importe quel environnement technologique : IBM, Microsoft, VMware, Oracle, Citrix... L'idée derrière cette logique consiste à proposer une solution unique de gestion IT adaptée à toutes les plates-formes. Mais vous avez raison. L'élément que vous évoquez constitue une différence profonde de notre offre avec celle de VMware. 

"Notre stratégie de croissance externe s'oriente vers des rachats de technologies stratégiques"

Quelle est votre stratégie de croissance, plutôt organique ou par acquisitions ?

C'est un mélange des deux. On ne peut pas compter que sur des acquisitions pour grandir, il est aussi important de croître de manière organique et concevoir des produits en interne. Plusieurs de nos produits ont été acquis. Mais ils ont été ensuite enrichis par un important travail de R&D. C'est le cas par exemple de nos solutions de supervision et de service desk issues du rachat de Nimsoft. Mais également de nos offres de gestion de services de virtualisation.

Récemment, nous avons aussi beaucoup investi sur la solution Chorus centrée sur la gestion des mainframes. Il s'agit du produit sur lequel nous concentrons une part très importante de notre croissance organique. Il propose une couche graphique complète et intuitive pour manager les systèmes mainframe, en lieu et place des lignes de commande. 

Globalement, je distingue les opérations financières qui visent à élargir le nombre de clients d'une part, des rachats stratégiques visant à acquérir une technologie d'autre part. Nous avons réalisé trois acquisitions depuis que je suis directeur générale de CA Technologies [NDLR : Layer 7, spécialiste de la gestion d'API et de la gestion des accès et des identités entre applications, Nolio dans la gestion des déploiements continus, et le rachat des droits de développement autour du MDM Afaria de SAP]. Il s'agit d'acquisitions relativement petites, mais toutes sont stratégiques pour nous dans la perspective de notre croissance organique future.

Quels sont vos principaux leviers de croissance pour les mois et les années à venir ?
Avec notre orientation vers le cloud que nous avons déjà évoquée, la mobilité représente l'un de nos grands axes de croissance. Il est clair que l'interface utilisateur du PC devient de moins en moins importante, notamment avec la croissance du nombre de terminaux iOS, Android... à la fois smartphones et tablettes. En parallèle de ce phénomène, nous allons voir croître des applications mobiles plus complexes, orchestrant des processus métier. C'est un domaine sur lequel nous entendons nous positionner en proposant des solutions de gestion des apps mobiles. C'est d'ailleurs pour répondre au défi du développement et déploiement multi-plateformes mobiles que nous avons acquis Nolio.

La question du développement d'applications mobiles rejoint celle du DevOps, qui vise à rapprocher équipes de développement et de production autour de la problématique de la qualité des livrables ?
Nous avons récemment annoncé l'extension de notre offre de test applicatif et de gestion de la virtualisation CA Lisa au domaine du DevOps. Cette solution avec l'outil de gestion du cycle de vie des applicatifs issu du rachat de Nolio constitue notre offre DevOps.

"Comme pour le cloud privé, nous sommes agnostiques en termes de technologies de cloud public"

Le DevOps améliore notamment l'efficacité des développements ciblant le monde de la mobilité. Il rend ces projets plus agiles, et contribue à accélérer le temps de mise sur le marché des apps mobiles. Le tout en répondant à l'accroissement de la complexité de ces chantiers,  mais aussi à la nécessité de sécuriser les applications en améliorant la qualité de leur code. Nos solutions de supervision peuvent aussi d'ailleurs s'adapter à l'univers mobile, et ainsi renforcer les niveaux de sécurité. 

Quelle est l'enveloppe que vous dédiez chaque année à la R&D ?

Nous dépensons 600 millions de dollars par an en R&D pour l'ensemble de nos produits. Les investissements destinés à chaque ligne de produits varient chaque année. Mais sur une période de 5 ans, leur niveau est à peu près équivalent. Cette année, nos investissements se concentrent sur DevOps. Mais aussi sur la sécurité, à la fois en termes de gestion des identités et de sécurisation des transactions, l'idée étant désormais de prendre en charge ces processus dans le cloud.

Vos solutions sont-elles compatibles avec des clouds publics ?

Naturellement. Nous adoptons dans ce domaine la même logique qu'en matière de cloud privé : nous sommes agnostiques en termes de technologies. Nos solutions Clarity peuvent par exemple prendre en charge le provisioning d'applications hébergées sur Amazon Web Services et Azure.
 

Biographie professionnelle : avant de rejoindre CA Technologies en janvier 2013, Michael P. Gregoire était PDG de Taleo, un spécialiste de la gestion des ressources humaines en mode SaaS. Sous sa direction, le chiffre d'affaires de Taleo est passé de 78 millions à 324 millions de dollars. La société a été acquise par Oracle en avril 2012. Auparavant, il a également travaillé 4 ans pour PeopleSoft où il a notamment occupé le poste de vice président de PeopleSoft Global Services, mais aussi 12 ans pour EDS où il a notamment été chargé du secteur financier.