Vote électronique : le bulletin papier réhabilité Des failles logicielles et des manipulations des votes

De nombreux cas de dysfonctionnements ont été recensés, principalement aux Etats-Unis où l'usage du vote électronique est plus répandu. Plusieurs ont été identifiés à l'occasion des primaires américaines et jettent encore plus le doute sur la fiabilité de ces systèmes.

Dans l'Ohio, en mars 2008, dans 11 comtés, les votes disparaissaient à chaque chargement d'une carte mémoire dans les ordinateurs de vote. Une erreur due en réalité à une faille logicielle, d'abord niée par le constructeur Diebold. Après avoir argué d'un probléme de compatibilité avec un logiciel antivirus.

Diebold a finalement reconnu et informé 34 états américains, utilisateurs de ses machines (19 modèles sont concernés), d'une erreur de programmation de nature à ne pas comptabiliser l'ensemble des votes réalisés. La secrétaire d'Etat de l'Ohio avait déposé plainte contre le constructeur début août.

Trois comptages et trois résultats différents en Floride

A Palm Beach en Floride, le 26 août, plusieurs votes disparaissaient durant le premier recomptage, pour reparaitre lors du deuxième et troisième, mais donnant à chaque fois un gagnant différent. Le syndrome des votes fantômes s'est matérialisé également lors d'une élection en septembre à Washington où trois comptages ont donné trois résultats différents, plusieurs milliers de votes disparaissant lors du troisième.

En mars 2008, 15 appareils de vote électronique ont été placés en quarantaine dans l'Ohio. Motif : une personne est soupçonnée d'avoir effectué des modifications sur les machines afin de retirer le nom de l'un des candidats à une élection.

En 2007, des enquêteurs avaient en effet découvert la désactivation manuelle d'une fonctionnalité permettant d'identifier les changements non-autorisés sur les machines de vote. Un rapport mandaté par la secrétaire d'Etat Jennifer Brunner en 2007 avait déjà révélé l'existence de failles de sécurité critiques de nature à remettre en cause l'intégrité d'une élection.

Un taux d'erreur de 4% contre 0,4% pour le vote traditionnel en France

Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la sécurité des machines de vote, dont celles du constructeur Sequoia. C'est le cas d'Andrew Appel de Princeton, même s'il lui aura fallu l'accord de la justice suite aux poursuites de Sequoia. Le rapport du chercheur fait état du possible piratage par l'installation d'un firmware frauduleux en seulement sept minutes. En outre un virus peut être inséré dans les cartouches de stockage pour remanier les votes.

En France, une étude réalisée par Chantal Enguehard, chercheuse au Laboratoire d'informatique de l'université de Nantes, révèle que le vote électronique ne serait pas fiable. Les nombres de votes et d'émargements dans les bureaux de vote équipés de ces machines accuseraient un écart dans 29,8 %, contre seulement 5,3 % pour les bureaux traditionnels. Les bureaux de vote électroniques enregistreraient ainsi un taux d'erreur de 4 % contre 0,4 % maximum dans les autres bureaux. Cette étude doit être transmise au ministère de l'Intérieur et au Conseil constitutionnel.