Gestion de projets informatiques : les secrets de la réussite Les méthodes agiles remettent le client au coeur du projet

Optimiser l'adéquation des livrables aux besoins métiers 

Difficile de spécifier l'ensemble des exigences des métiers en amont d'un projet de déploiement. Les projets tunnel réalisés au forfait jusqu'au début des années donnaient naissance à des applications dont seulement 10 à 20% des fonctionnalités étaient utilisées au final. "Les méthodes agiles apportent une réponse à cette problématique, en recommandant d'intégrer le client au projet", explique Philippe Paysan, consultant au sein de la SSII Sopra Group.

philippe paysan est consultant au sein de la ssii sopra group
Philippe Paysan est consultant au sein de la SSII Sopra Group © Sopra Group

En prenant en compte les contraintes de délai et de budget, la philosophie de ces méthodes consiste à se laisser la liberté de faire évoluer le périmètre fonctionnel tout au long de la durée du chantier.

Une vision qui implique pour la maitrise d'oeuvre de découper la feuille de route en versions successives, et pour  la maitrise d'ouvrage d'être intégrée à l'équipe de projet, et partie prenante de la définition (ou redéfinition) des objectifs à chaque itération.

"Il existe un grand nombre de méthodes agiles, mais elles partagent toutes quatre principes qui ont été regroupés dans un manfeste", poursuit Philippe Paysan (voir le tableau ci-dessous). Une démarche qui présente comme principal avantage d'aboutir rapidement à une version opérationnelle de l'application en cours de développement, mais aussi de pouvoir s'adapter à une évolution des besoins métiers (y compris en cours de projet).

Les quatres principes du manifeste Agile
Source : Manifesto for Agile Software Development
1)Humains et interactions plutôt que processus et outils
2)Fonctions logicielles opérationnelles plutôt que documentation
3)Collaboration avec le client plutôt que relation contractuelle
4)Adaptabilité au changement plutôt que planification

Une démarche complexe en termes de contractualisation

Reste que la mise en place des méthodes agiles ne va pas sans poser quelques problèmes en matière de gestion contractuelle d'un projet faisant intervenir un ou plusieurs prestataires. Comment en effet dans ce contexte prendre en compte contractuellement des évolutions de périmètre fonctionnel en cours de projet ? La plupart des grands groupes français seraient actuellement en train de plancher sur la question.

Une démarche peu adaptée à la gestion de gros projets

"Il semble trop compliqué de fonctionner par avenants successifs, avec les risques juridiques que cela comporte", commente Jacques Vesco, directeur Industrialisation de Sopra. "L'idée serait plutôt de négocier au départ un certain nombre de points fonction à mettre en œuvre, avec à l'intérieur de cette volumétrie des définitions de fonction qui pourraient être amenées à évoluer au fil des développements et des déploiements"

Enfin, les méthodes agiles ne seraient pas très adaptées au projet atteignant une certaine taille. "Il est vrai que parmi les méthodes Agiles, Scrum apportent des pistes pour gérer de gros projets, impliquant plusieurs implantations, et ce notamment en les découpant en sous-parties, avec des notions de synchronisation", détaille Philippe Paysan. "Mais cela entraine aussi des temps de latence, finalement antinomique avec le concept d'agilité."