SaaS : trois grands DSI français se positionnent Didier Roy (DSI, Manpower) : "En matière de SaaS, la messagerie reste plus compétitive que le CRM"

Manpower s'est orienté depuis plusieurs années déjà vers l'externalisation d'applications ou de processus métier. Le spécialiste de l'intérim a notamment recours à ADP GSI pour la gestion de la paie, Nautilus pour la gestion des notes de frais. "Nous faisons également appel à une application externalisée pour les achats", ajoute Didier Roy, DSI de Manpower. Tout comme Total, la société utilise aussi l'outil de CRM de Salesforce pour la gestion des forces de vente, mais au niveau mondial cette fois. Pour la messagerie et la messagerie instantanée enfin, Manpower a migré ses systèmes chez Microsoft, en s'adossant à l'offre Microsoft Business Productivity Online Standard Suite (depuis intégrée à Office 365). "Cette solution, hébergée aux Etats-Unis, fonctionne très bien", tient à préciser le DSI.

Les services IaaS jugés onéreux

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"Nous avons estimé à 30% les économies réalisées avec une messagerie en mode SaaS", (Didier Roy, DSI de Manpower) © JDN / Antoine Crochet-Damais

Côté gestion des talents, Manpower fait également appel, tout comme Louis Vuitton, à une solution en mode SaaS (Oracle Taleo). Dans un tout autre domaine, le groupe s'adosse aux services de stockage, de sauvegarde et de puissance à la demande proposés par IBM via ses centres de données français. "Les études de coût que nous avons réalisées montrent que le cloud d'infrastructure est cher sur la durée", constate Didier Roy. Dans le cas où l'entreprise dispose de la la taille critique pour investir dans son propre centre de données, mieux vaudrait donc s'orienter vers un cloud privé, et ne pas prendre le chemin de services IaaS onéreux.

En revanche, dans certains domaines applicatifs, le cloud se révèle intéressant financièrement. Pour Didier Roy, c'est le cas de la messagerie, qui nécessite à la fois des compétences "non-négligeables" si l'entreprise souhaite héberger ce système en interne, mais aussi des investissements matériels. Du fait de la concurrence existante sur ce segment, les offres de messagerie en mode SaaS affichent dans le même temps des tarifs "relativement intéressants" qui peuvent justifier le choix de l'externalisation. Lors du lancement de son chantier, il y a trois ans, Manpower avait estimé à 30% les économies susceptibles d'être réalisées en coûts directs dans ce domaine, et ce avec un niveau de service amélioré.

"Avec Salesforce, il est important de bien estimer ces besoins au départ"

Sur des services SaaS moins standardisés comme c'est le cas dans le CRM, le modèle économique du projet serait plus complexe à établir. "Le choix de Salesforce implique de bien évaluer ses besoins au départ, et ensuite de bien négocier les conditions avec l'éditeur, car une fois le contrat signé le service pourra coûter très cher si les volumétries ont été mal estimées", prévient Didier Roy. La position de leader de Salesforce sur le marché de la gestion de la relation client en SaaS pourrait rendre la négociation d'autant plus difficile. La principal point fort d'un tel acteur ? "La capacité à livrer des innovations très rapidement", constate le DSI Manpower. Nul besoin de réaliser de longs tests fonctionnels et d'intégration comme c'était le cas pour les systèmes installés en interne.