Patrick Hereng (DSI, Total) "Nous avons déployé 40 000 postes de travail basés sur une infrastructure unique"

Le groupe Total que nous connaissons aujourd'hui est issu de la fusion en 2000 entre les sociétés Total, Elf et Petrofina. Quels ont été les chantiers informatiques d'harmonisation lancés dans la foulée de ce rapprochement ?
 
Une première phase a débuté en 2000 au moment de la fusion. Elle a consisté à élaborer et mettre en œuvre les systèmes d'information permettant au groupe de fonctionner dans la nouvelle configuration. Il s'agissait notamment d'implémentations SAP déployées dans toutes les branches sur la base de processus métier harmonisés. Cette étape s'est achevée en 2005-2006.
 

patrick hereng, 55 ans, est ingénieur diplômé de l'institut supérieur
Patrick Hereng, 55 ans, est ingénieur diplômé de l'Institut Supérieur d'Électronique du Nord (ISEN). © Cécile Debise / JDN

Une deuxième phase qui a commencé en 2007 consiste à harmoniser l'informatique distribuée. L'objectif est d'équiper tous les collaborateurs d'un socle de poste de travail unique, des raffineries aux plates-formes de forage en passant par les filiales combustibles, marketing et pétro-chimie. Nous avons déployé aujourd'hui 40 000 postes dans le monde.


Ce programme vise également à modifier les solutions et architecture de sécurité. Schématiquement, nous sommes passés d'un modèle périmétrique de frontière que l'on pourrait qualifier de ligne Maginot séparant l'interne de l'externe, et de plus en plus inefficace, à un modèle de sécurité embarqué. Il consiste à placer des dispositifs de sécurité, adaptés aux exigences, dans tous les composants. Ce qui nous permet d'ouvrir ou fermer le système d'information de façon beaucoup plus modulaire. 
 

"L'émergence de la mobilité et de l'entreprise étendue nous a poussé à modifier notre infrastructure de sécurité"


Vous avez participé en 2010 à la réflexion du Cigref autour de la sécurité des terminaux mobiles. En quoi cette implication rejoint-elle vos préoccupations en tant que DSI de Total ?
 
C'est effectivement une problématique pour nous. Plus largement, deux facteurs ont poussé la transformation de notre infrastructure de sécurité : d'une part la mobilité avec un besoin d'accéder au système d'information de n'importe où et quel que soit le type de terminal, d'autre part l'émergence de l'entreprise étendue avec la dématérialisation des flux et une communication croissante entre les systèmes d'information, avec les clients et les fournisseurs. Le tout rend la frontière entre intérieur et extérieur de plus en plus difficile à matérialiser, et nécessite de revoir donc l'architecture et les dispositifs de sécurité.