Comment Facebook aide les marques à créer leur IA

Comment Facebook aide les marques à créer leur IA Une couche de traitement automatique du langage permet désormais d'analyser en temps réel la boîte de réception d'une page du réseau social en vue de motoriser un bot.

Un nouveau service d'intelligence artificielle a fait irruption au cœur de Facebook. Annoncé lors du dernier événement annuel du groupe américain (F8) les 1er et 2 mai dernier, il s'agit d'une brique de NLP (natural language processing) conçue pour aider les marques présentes sur le réseau social à développer l'IA de leur agent conversationnel. Via la création d'une app ad hoc, elle permettra d'analyser le contenu des échanges au sein de la boîte de réception d'une page Facebook dans l'optique d'alimenter ensuite les modèles de machine learning d'un ou plusieurs chatbots.

Le service en question s'adosse à la technologie de traitement automatique du langage naturel (TALN) de Wit.ai, une start-up californienne fondée par trois Français acquise par Facebook en 2015. "Il s'agit d'une NLP assez classique qui se concentre sur la compréhension des conversations transitant sur les inbox du réseau social", résume Thomas Sabatier, PDG de The Chatbot Factory - une agence digitale française spécialisée dans les agents conversationnels.

Historiquement, Wit.ai allait bien au-delà de ce périmètre applicatif. Aux côtés de son moteur de TALN, la jeune pousse proposait jusqu'à un environnement graphique complet pour développer la couche d'IA des agents intelligents. Mais dans la foulée du rachat de la société par Facebook, cette fonctionnalité a été abandonnée.

Une NLP personnalisable

"Manifestement, Facebook délaisse l'outillage centré sur la création de bots en tant que telle. Sa solution se contente d'analyser les questions et messages entrants, en amont du processus conversationnel, mais ne va pas jusqu'à la génération des réponses. C'est assez surprenant", constate Nicolas Chollet, directeur général de Clustaar - une autre agence française experte du domaine. Concrètement, la NLP proposée par Facebook identifie les informations significatives (ou entités en langage technique) intégrées aux messages qui atterrissent dans les boîtes de réception des pages : lieux, dates et heures, coordonnées, URL, sentiments...

"C'est moins bien et moins pratique que les plateformes de bot tout-en-un"

"Une quinzaine d'entités préétablies sont disponibles au total. Sachant qu'il est possible d'en créer d'autres si besoin dans l'outil Wit.ai via un machine learning spécifique", complète Nicolas Chollet. Au final, ces entités contribueront à aider les plateformes de bot à identifier en temps réel l'intention des internautes. "Vous pourrez ainsi automatiser en direct certaines réponses au sein de vos canaux de discussion instantanée et agents conversationnels", précise-t-on chez Facebook (lire la documentation sur le site du réseau social). Les plateformes de bot pourront récupérer le flux de NLP issu de l'analyse des messages Facebook en se connectant directement à l'API du réseau social.

Pour activer le service, il suffit de créer une app Wit.ai associée à votre page Facebook. Dans cette optique, il faut vous rendre sur la page Paramètres de Messenger de votre app Facebook, puis activer le bouton TALN intégré pour votre application et choisir la langue voulue (une vingtaine sont prises en charge dont le français). Ensuite dans le menu déroulant qui s'affiche, choisissez un modèle, sélectionnez Personnalisé, puis cliquez sur Créer une app Wit.ai. C'est fait.

"Au final, c'est moins bien et moins pratique que les plateformes de bot tout-en-un qui permettent à la fois de gérer la compréhension du langage, comme le fait Wit.ai, mais aussi la génération des réponses. Ces solutions, à la différence de celle de Facebook, sont d'ailleurs accessibles au plus grand nombre, via des interfaces graphiques métier, et pas seulement aux seuls développeurs comme le propose Wit.ai via son API", estime Nicolas Chollet. Précisons pour finir que le service de NLP de Facebook était déjà disponible depuis un an pour Messenger (via l'API Send/Receive de la messagerie instantanée). Le réseau social a donc eu le temps d'éprouver son moteur pendant plusieurs mois.