Managers, c'est à vous de piloter l'IA, pas le contraire !

C'est en donnant aux talents les compétences nécessaires pour utiliser l'IA qu'ils pourront s'épanouir, et ainsi traverser les turbulences rencontrées sur le chemin de la réussite collective.

D’ici 2026, 49% des organisations auront adopté l’intelligence artificielle (IA). C’est 28 points de plus qu’en 2021. L’IA va bousculer notre environnement professionnel, et imprègnera progressivement tous les aspects de notre vie.

Le leader, ultime pilote des projets qu’il supervise, doit considérer l’IA comme un outil au service de la performance de ses équipes. Elle permet au manager d’optimiser sa prise de décision et de se concentrer sur les tâches où il a la plus grande valeur ajoutée : aider ses talents à traverser les turbulences qu’ils rencontrent.

De l’importance de l’IA dans un monde interconnecté

Le monde tel que nous le connaissons s’est bâti sur l’intensité de nos échanges et sur les interdépendances que créent ces derniers. Dans ce contexte, le leader aux commandes de son projet navigue à vue, ne pouvant se fier qu’aux signaux faibles qu’il tente de percevoir dans le bruit ambiant.

C’est sans compter sur la panoplie d’outils technologiques dont il dispose désormais. L’IA est capable d’appréhender les informations les plus insignifiantes et de rendre intelligible leurs conséquences sur le projet. L’Observatoire Français pour la biodiversité, par exemple, collecte des informations pour déterminer les points d’eau les plus susceptibles d’être pollués. Le système d’IA de la start-up Lili.ai, en analysant des masses de documents de travail, permet d’évaluer la performance des mégaprojets. Grâce à l’IA, le leader peut donc rapidement évaluer les options qui s’offrent à lui et corriger le cap si nécessaire.

Pourtant, à en croire le traitement médiatique réservé au management par l’IA, cette machinerie mène les leaders tout droit au crash. En cause, la compréhension parcellaire de la palette de compétences que déploient quotidiennement les leaders auprès de leurs équipes.

De l’importance du leader dans une organisation humaine

Quand la technologie déraille, le pilote doit être prêt à reprendre les commandes avant qu’il ne soit trop tard. Il en va de même pour le leader, qui doit être en mesure d’identifier les incohérences transmises par ses outils avant qu’il ne prenne la mauvaise décision.

En automatisant l’enregistrement des passagers, certains aéroports se sont dotés de bornes permettant de scanner billets et passeports. L’IA qui alimente ces bornes a été entraînée à reconnaître et comparer des visages sur d’immenses bases de données… biaisées ! En effet, certaines bases de données qui ont servi à entraîner ces IA ne contiennent pas suffisamment d’images de visages mâtes. Ce type de défaillance est généralement corrigé une fois détecté, mais qu’en serait-il si ces IA étaient utilisées en ressources humaines ? Les candidats de couleur seraient écartés de la compétition ; les femmes seraient uniquement recrutées pour des postes d’assistance sous prétexte qu’elles y sont sur-représentées ; les employés âgés seraient renvoyés, parce que l’IA estimerait qu’ils ne peuvent plus atteindre les standards de performance… A la fois imprégnée de nos stéréotypes et déconnectée de toute empathie, l’IA embarque les pilotes de projet vers une société déshumanisée.

Comment donc concilier l’efficacité de l’IA avec l’aisance relationnelle et la responsabilité dont fait preuve le leader ?

IA et leaders, un duo au service de la performance des équipes !

Interactions humaines et responsabilité de la prise de décision doivent donc rester entre les mains du leader : le leader doit faire preuve d’écoute, d’empathie et, par-dessus tout, de leadership. Des compétences que l’IA n’a toujours pas réussi à répliquer.

Il doit d’abord former ses employés à l’utilisation de ces nouveaux outils, afin qu’ils ne deviennent pas un obstacle supplémentaire à l’obtention de résultats, mais au contraire un catalyseur. Cela permet aux équipes de gagner en efficacité, et ainsi de valoriser leur travail : « L'intelligence artificielle rend heureuses les équipes parce que ces technologies les rendent plus efficaces et leur donnent davantage confiance en elles », explique François Candelon, le directeur du BCG Henderson Institute. Il en va de même pour le pilote lorsqu’il sait exactement quand il peut se reposer sur la technologie et, en cas de problème, quand réveiller son instinct de professionnel.

C’est sur cet instinct que doit capitaliser le leader : ainsi libéré des tâches chronophages, le manager est en mesure de se concentrer sur ses missions de leader. Définition de stratégies, adaptation aux obstacles et accompagnement des équipes, autant de missions que seul un vrai pilote peut assumer dans les airs, et que seul un vrai leader peut assumer dans nos organisations.