Quels indicateurs pour la gestion de projets informatiques ?

Suivi des délais, des dépenses, de la qualité des déploiements, tour d'horizon des principaux indicateurs de suivi de portefeuilles de projets informatiques. Témoignages de trois DSI.

Parmi les principales problématiques d'une Direction des systèmes d'information, le suivi de portefeuilles de projets au même titre que celui du support et de l'exploitation au sens large fait appel à des indicateurs de pilotage particuliers. Mais dans ce domaine, quelques bonnes pratiques sont de mises pour être efficace, et éviter certains pièges.

Pour être performant un tableau de bord de suivi de projets ne doit surtout pas comporter un trop grand nombre d'indicateurs, sans quoi il risque de devenir très vite illisible. Sur ce point, l'Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM) s'est volontairement restreinte à trois unités de mesure : le suivi de la dérive des délais, de la dérive des dépenses (en fonction du budget initial), et de la dérive du périmètre fonctionnel au regard d'une cible définie en amont.

"Nous combinons ces trois données pour générer un indicateur mensuel que nous comparons à la moyenne réalisée au cours des trois mois précédents", précise Rodolphe Bourret, directeur informatique de l'AP-HM, avant de préciser : "Les périmètres financier et fonctionnel sont en général maîtrisés. En revanche, les délais sont souvent plus problématiques." Selon certains DSI, il n'est pas rare que les projets dérivent de quelques semaines à plusieurs mois. 

Les tableaux de bord permettent ainsi d'avoir une vision régulière sur les chantiers, et le cas échéant d'apporter les corrections qui s'imposent. A ce niveau, les indicateurs ne font pas tout. Les points rouges qu'ils mettent en exergue doivent être analysés. Le dépassement d'un délai pourra avoir plusieurs causes : un déficit de ressources humaines ou de compétences au sein de la DSI, s'expliquant par exemple par l'émergence en cours de projet de tâches plus urgentes. Autres origines possibles : une difficulté plus importante que prévue à intégrer une solution, ou encore une maîtrise d'ouvrage trop peu mobilisée.

Les DSI de l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille et d'Air France-KLM structurent leurs indicateurs à partir d'ISO 9001

Pour construire sa matrice d'indicateurs, l'AP-HM a décidé de partir du référentiel de qualité ISO 9001 qui définit des critères de conception, de développement, de production et d'installation de produits. "Nous avons retenu cette norme comme base de notre gouvernance informatique au sens large", note son DSI.

 Même approche au sein de la DSI d'Air France-KLM qui mène également une démarche de certification ISO 9001. "Nous avons défini une matrice d'indicateurs, pour laquelle nous nous engageons d'ailleurs à respecter certains seuils vis-à-vis de nos clients internes", explique Jean-Christophe Lalanne, DSI adjoint de la compagnie aérienne. Des rapports consolidés réguliers sont réalisés auprès des différents organes de gouvernance, jusqu'au conseil d'administration du groupe. "Nous effectuons également ce type de présention face aux représentants du personnel lors des comités d'entreprise", ajoute le DSI-Adjoint.

Autre point de gouvernance, une revue de l'ensemble des projets informatiques d'Air France-KLM est réalisée chaque fin d'année. Objectif de la manœuvre : faire le point sur l'état d'avancement de chaque déploiement (délai, dépense, etc.), en vue de qualifier le budget pour l'année suivante. "Globalement, on se rend compte qu'un pilotage par les délais présente une efficacité réel", remarque Jean-Christophe Lalanne.

Dans le secteur public, le choix des indicateurs de résultat s'inscrit dans une réalité quelque peu différente. "L'un de nos indicateurs principaux n'est autre que la satisfaction de nos responsables politiques et de nos administrés", confie Michel Warinsky, DSI de l'Etat de Genève.

Tout comme dans les DSI des administrations françaises depuis quelques années, la pression budgétaire a amené l'informatique du canton suisse à mettre en place des indicateurs en conformité avec les prérogatives de la Cours de comptes. Reste qu'un budget alloué à un projet est fixé lors d'un vote du parlement de Genève, et ne pourra donc évoluer... A la DSI de s'organiser en cas de dérives.