Espionnage en Libye : la justice poursuit son enquête sur Bull / Amesys

Espionnage en Libye : la justice poursuit son enquête sur Bull / Amesys La justice a ordonné que se poursuive l'instruction visant Amesys et son outil de surveillance d'Internet commercialisé au régime de Kadhafi. La filiale de Bull est accusée de complicité de torture en Libye.

L'affaire Amesys, filiale de Bull, n'est pas terminée. Fin 2011, la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) et la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) avaient déposé une plainte contre cette filiale de Bull "pour complicité de torture à travers la fourniture au régime de Khadafi d'un système de surveillance des communications destiné à surveiller la population libyenne".

Aujourd'hui, la justice a ordonné la poursuite de l'instruction ouverte. "La Chambre de l'instruction est venue confirmer qu'il y avait matière à instruire dans cette affaire, malgré les obstacles posés par le Parquet de Paris, visiblement réticent à permettre une enquête impartiale et indépendante dans cette affaire", a déclaré Patrick Baudouin, président d'honneur de la FIDH. Michel Tubiana, président d'honneur de la LDH, a de son côté estimé que la justice française "doit enquêter avec célérité afin de déterminer, le cas échéant, si Amesys, en donnant au régime de Mouammar Khadafi les moyens technologiques d'identifier toute voix dissidente, s'est rendue complice de la répression exercée à l'encontre de la population par ce régime meurtrier".

A noter que la semaine dernière, le 10 janvier, cinq victimes libyennes se sont constituées parties civiles. Selon Patrick Baudouin, "elles avaient été arrêtées et torturées par le régime en place et leur arrestation était directement liée à leur surveillance par le système livré par Amesys".

Pour mémoire, ce qui est en cause, c'est plus précisément le vaste système fourni par Amesys, appelé Eagle. Cette technologie, qui a équipé le centre de surveillance d'Internet de Tripoli, était conçue pour analyser le trafic internet en profondeur, selon la méthode dite de "Deep Packet Inspection" ou "DPI". Selon la FIDH, Amesys aurait conclu le contrat de mise à disposition de cet outil de cybersurveillance en 2007.

Peu après que cette affaire fut révélée par le Wall Street Journal en août 2011, Amesys avait rapidement dû admettre avoir en effet fourni au régime de Muammar Kadhafi du "matériel d'analyse" portant sur des "connexions Internet" tout en soulignant que le contrat avait été signé dans un contexte de "rapprochement diplomatique" avec la Libye. En mars 2012, Bull annonçait avoir cédé la technologie Eagle.