Stéphane Rios (DT, RueDuCommerce.com) "Nous migrons d'un système propriétaire vers l'Open Source"

Intégration de TopAchat.com et d'ALaPage.com, changement d'hébergeur, refonte du moteur de recherche... Le site d'e-commerce multiplie les projets de rationalisation et d'amélioration de son interface.

A la fois e-commerçant mais aussi galerie marchande renvoyant vers des catalogues de centaines de partenaires marchands, RueDuCommerce gère plus de 20 000 produits, et sert d'intermédiaire pour accéder à des catalogues tiers représentant au total plus de 1,5 million de références. Chaque mois, 300 000 visiteurs uniques y parcourent plus de 2 millions de pages, hors période de soldes, où ces statistiques peuvent doubler. Une demi-douzaine de webmasters mettent au bon format les catalogues reçus et mettent en ligne une centaine de fiches produits par jour. L'enrichissement de la galerie marchande repose sur les ajouts réalisés par les partenaires, automatiquement intégrés au site.

JDN Solutions. Sur quels progiciels et solutions s'appuie le site ?

Nous avons développé la plupart des outils en interne ou faisons appel à des compétences de partenaires.
C'est par exemple Atos Origin qui gère entièrement les paiements en ligne et le stock de numéros de carte de crédit. Rueducommerce ne voit transiter aucune information bancaire, ce qui nous dispense d'ailleurs du soucis de devoir être contraint par la réglementation très stricte en la matière.

Une fois la commande passée, nous envoyons l'ordre de préparation sous la forme d'un simple fichier plat à un prestataire logistique, Morin, qui s'occupera de gérer le flux de marchandises avec ses propres systèmes d'information.

L'enrichissement du site et les publications se font à l'aide d'un CMS fait maison. Les campagnes d'e-mailing massives reposent sur une plate-forme développée en interne, sauf dans le cas d'un envoi ciblé et personnalisé pour lequel nous avons choisi la solution de Neolane. Nous n'avons opté que de rares fois pour des logiciels du marché. En plus de Neolane pour le CRM, nous utilisons aussi Sage 1000 pour notre comptabilité ainsi que le moteur de recherche Sinequa.

Même si vous vous appuyez souvent sur vos compétences internes de développement, il vous arrive donc aussi de faire des appels d'offres pour des progiciels. Comment procédez-vous ?


Quand le marketing a exprimé son nouveau besoin en matière de CRM, nous avons fait valoir nos compétences internes, mais nous avons dû nous incliner devant l'offre d'un tiers. Développer notre plate-forme déjà existante pour répondre à ce besoin aurait été trop long et trop coûteux. Pour le moteur de recherche, les mêmes raisons ont prévalu pour faire notre choix.  

Mais parfois, dès l'expression du besoin, nous savons que nous allons pouvoir développer en interne. Le choix est donc parfois assez vite fait. De plus, les développeurs pensent parfois qu'ils sont capables de tout faire, ce qui minimise le besoin de faire appel à des compétences extérieures. C'est là qu'intervient mon rôle, et celui de la DSI, afin de faire des arbitrages et décider qu'il faut avoir recours à une aide extérieure.

"En 2007, nous nous sommes tournés vers l'Open Source"


Sur quelles technologies reposent vos échanges de données informatiques ?

RueDuCommerce a stocké beaucoup de données en 11 ans d'existence ! Beaucoup de nos outils partagent la même base de données. Microsoft, avec ses services DTS [pour Data Transformation Services ndlr] et son SQL Server 2000, répondent en partie à nos besoins.

Mais lorsque le site a servi d'intermédiaire pour devenir aussi une galerie marchande et renvoyer vers des sites commerciaux partenaires, en 2007, nous nous sommes tournés vers l'avenir et nous avons opté pour de l'Open Source. Les solutions MySQL, PHP et Apache ont donc été privilégiées. 

Il fallait que l'internaute puisse réaliser des commandes mixtes, à partir de cette galerie marchande ou du RueDuCommerce "historique" sans se rendre compte que plusieurs sites étaient sollicités. Ce qui a posé de nouveaux défis de communication d'informations car il fallait réconcilier des sources hétérogènes.

Pour pouvoir agréger les données au bon endroit dans le back office, de façon transparente pour l'internaute, nous utilisons un entrepôt de données, initialement créé pour faire de la Business Intelligence et nous permettre d'avoir accès à des statistiques sur nos fournisseurs, nos marchandises et nos coûts logistiques notamment. Cet entrepôt de données est aussi une source d'information pour la solution de CRM de Neolane.


Pourquoi dites-vous que recourir à l'Open Source équivaut à se tourner vers l'avenir ?

Je ne suis pas un militant de l'Open Source. Mon raisonnement est plus pragmatique et technique. D'abord, les coûts de licence pour tous les serveurs dont a besoin RueDuCommerce sont considérables. Ensuite l'Open Source répondait à nos besoins, qui restent finalement limités : un site d'e-commerce, ce n'est finalement qu'un caddie et un catalogue en ligne ! De plus, les systèmes sont suffisamment éprouvés. Certaines manipulations sont aussi plus simples : la réplication avec SQL Server demande des compétences plus pointues qu'avec MySQL par exemple. Résultat, les recrutements sont donc aussi plus faciles à faire avec l'Open Source, et cela a aussi pesé pour le choix de l'Open Source.

Bref, avec ces systèmes Open Source, l'administration de base de données est plus simple et moins cher. C'est la raison pour laquelle nous prévoyons de migrer du système propriétaire vers l'Open Source. C'est l'un des grands chantiers actuels.

2010 est une année de consolidation, avec des projets de réductions de certains coûts

Quels sont les autres ?


En 2009, RueduCommerce a racheté assez vite TopAchat.com et ALaPage.com. Il faut aujourd'hui digérer ces rachats. Mettre à jour leurs systèmes d'information va nous demander beaucoup de temps et d'énergie. 2010 est une année de consolidation, avec aussi des projets de réductions de certains coûts engendrés par le site. Passer à des systèmes Open Source en est un, mais ce n'est pas le seul.

En plus du back-office géré en interne à Saint-Ouen, nous avons aujourd'hui trois hébergeurs : Complétel, Neo Télécoms, et dernièrement nous avons commencé à utiliser le datacenter de Vitry-sur-Seine d'Iliad, qui propose des prix très agressifs. A termes, ce datacenter doit remplacer celui de Complétel. Cela peut sembler délicat, mais la délocalisation est facilitée car nous avons utilisé VMWare pour virtualiser beaucoup de nos serveurs dont les performances ne sont pas trop sollicitées ou trop sensibles.

Enfin, nous envisageons de changer notre moteur de recherche. Le but est qu'il se rapproche d'un moteur de navigation. C'est aussi un assez gros chantier et nous avons déjà commencé à travailler sur l'optimisation des attributs de nos références.


Comment faites-vous face aux grosses montées en charge du site lors des périodes de soldes ?

Les deux premières semaines des périodes annuelles de soldes engendrent de spectaculaires pics d'activité. Pour la bande passante, les chiffres peuvent grimper de manière très impressionnante. Il faut une architecture très solide pour résister à cette montée en charge.

En plus de technique d'équilibrage de charge la fois global et local pour optimiser l'orientation de l'afflux de sollicitations sur les datacenters et garantir la disponibilité des services, nous utilisons des CDN [ndlr Content Delivery Network] d'Akamaï et de Cotendo qui absorbent la montée en charge. Leur cache permet de répondre à certaines requêtes et donc de désengorger le système. Passer du premier au deuxième fait d'ailleurs aussi partie du plan d'économie que nous voulons mettre en pace.

Stephane Rios, directeur technique de RueDuCommerce.com depuis janvier 2006, a rejoint la société en janvier 2001 en tant que directeur technique adjoint afin de coordonner les développements informatiques, le choix des technologies, des prestataires de services, du front office et de l'informatique interne. De 1998 à 2000, Stephane Rios a occupé le poste de consultant Nouvelles Technologies au sein des sociétés Sogeti puis Cosmosbay. Précédemment, il occupait le poste de responsable de département chez Webnet, société spécialisée dans la conception d'intranets et extranets. Stephane Rios est diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure de Physique de Marseille (1995) et titulaire d'un DEA "Rayonnements & Physique des Plasmas" de l'Université Aix-Marseille I (1995).