L'Université de technologie de Troyes gonfle ses formations en cybercriminalité

L'université va jouer un rôle clé dans la lutte contre la délinquance numérique actuellement au cœur du projet européen 2CENTRE. Son lancement opérationnel est prévu pour 2010.

La cybercriminalité dépasse aujourd'hui largement le cadre des enjeux nationaux. Après avoir ébauché les premiers axes d'une politique de lutte contre le cybercrime en 2007, le Conseil de l'Europe est monté au créneau à l'occasion de la toute fraîche conférence Octopus qui s'est tenue à Strasbourg.

Prenant acte des résultats d'une étude conjointement menée par Microsoft et les organismes Interpol et Europol, le Conseil a en effet entériné la création d'un réseau de centre d'excellence pour la formation, la recherche et l'éducation contre le cybercrime (2CENTRE).

Ce projet, qui a pour principal objectif de former les autorités judiciaires aux techniques d'investigation contre la délinquance numérique, s'appuie sur plusieurs autres parties prenantes, au premier rang desquelles l'University College de Dublin et l'Université de technologie de Troyes (UTT).

L'Université Technologique de Troyes reconnue pour ses formations de lutte contre la cybercriminalité

"Les universités 2CENTRE uniront les expertises des autorités judiciaires, des entreprises informatiques et des universités pour mettre en place un programme de formation aux investigations contre le cybercrime. Ce programme sera coordonné au niveau international et s'adressera aux autorités judiciaires et au secteur de l'informatique, dans l'Union européenne et au-delà", a ainsi pu confirmer Tim Cranton, directeur juridique chez Microsoft lors de la conférence.

Le fait que les universités de Dublin et de Troyes aient été sélectionnées ne doit en tout cas rien au hasard. La première pour avoir répondue notamment présente à l'appel de Microsoft pour dispenser des formations pilotes dans le domaine du reverse engineering et des logiciels malveillants. La seconde pour sa maturité en termes de formations liées à la cybersécurité.

Car l'UTT a été amenée à développer, en collaboration avec l'Institut National des Hautes Etudes en Sécurité du Ministère de l'Intérieur (INHES), le tout premier cursus spécialisé criminalité liée aux technologies numériques. Et formé depuis 2005 plus d'une soixantaine de spécialistes de la lutte contre les usurpations d'identités numériques, de fraudes à la carte bancaire, d'escroqueries ou encore de téléchargement illégal.

Les moyens financiers, humains et matériels seront-ils à la hauteur des besoins ?

Prévus d'être opérationnels à horizon 2010, ces centres - les premiers du genre mais pas les derniers - apparaissent donc comme les premières têtes de pont du dispositif européen - bientôt mondial ? - de lutte contre la cybercriminalité. Il faut dire qu'il y a urgence en la matière.

Ainsi, selon une étude réalisée en janvier dernier par l'éditeur Mc Afee, le coût global de la cybercriminalité - inculant aussi bien les pertes financières directes, que les dommages matériels ou liés aux pertes de propriété intellectuelle - aurait dépassé la barre des 1 000 milliards de dollars.

Pour autant, les moyens financiers sauront-ils se montrer à la hauteur des besoins ? Alors que Microsoft n'a pas indiqué les moyens financiers, humains ou matériels concrets qu'il allait consacrer à l'initiative 2CENTRE, Mc Afee a de son côté fait un don de 55 000 dollars au Conseil de l'Europe pour l'aider dans l'âpre bataille qui l'attend. Un premier pas vers la Lune en somme...