Wipro prend le Crédit Impôt Recherche, et s'en va

La SSII indienne provoque un beau scandale et la colère du ministre de l'Industrie. Après avoir bénéficié du Plan de Relance du gouvernement, elle annonce son intention de quitter la France et de licencier.

La société de services Wipro n'est plus en odeur de sainteté au Ministère de l'Industrie. Le ministre Christian Estrosi n'a en effet pas eu de mots assez fort pour critiquer l'annonce de l'entreprise indienne qui souhaite fermer son site de Sophia-Antipolis en octobre prochain, et par la même supprimer 61 emplois. Une décision que le ministre juge " indigne et inadmissible ".

Il faut dire que Wipro a reçu quelques subsides de l'état, sous la forme d'une enveloppe de 5 millions d'euros sur trois ans au titre du Crédit Impôt Recherche. Et catastrophe symbolique, cette remise d'impôt a été réglée tout récemment par l'intermédiaire du Plan de relance du gouvernement, initié pour lutter contre les ravages de la crise économique.

Le Crédit Impôt Recherche a pour but de soutenir la recherche et développement, de développer les activités économiques et de favoriser la création d'emploi. En clair, Wipro a bénéficié de cet avantage, destiné en partie à la création d'emploi, juste avant d'annoncer la fermeture de sa structure française. Le signal envoyé à l'opinion est donc terrible, amplifié par le fait que l'entreprise est située à Sophia-Antipolis, tout proche du fief niçois de Christian Estrosi, le maire de la ville.

La direction de Wipro a confirmé le projet de fermeture du site, et propose des solutions de reclassement à ses employés

Un entretien devrait avoir lieu entre le ministre et la direction européenne de Wipro dans le courant de la semaine. L'atmosphère devrait être tendue, Christian Estrosi ayant déclaré publiquement qu'il demanderait à Wipro de "prouver qu'ils ne sont pas des patrons sans scrupules".

La direction de Wipro a confirmé le projet de fermeture du site, et propose des solutions de reclassement à ses employés. Il semble que cette proposition soit le fruit de la pression politique, puisque dans un premier temps, les licenciements devaient être secs. Enfin, une solution de reprise de l'activité pourrait être envisagée, selon Wipro France, qui assure vouloir investir au minimum les 5 millions d'euros reçus de l'état pour initier un plan de sauvegarde de l'emploi.

Wipro s'était implanté à Sophia-Antipolis à la fin de l'année 2005 suite au rachat de l'entreprise NewLogic, spécialisée dans les communications sans fil.

La fermeture annoncée de Wipro succède à de nombreuses annonces de plans de restructurations dans la région Paca.

En début d'année, Texas Instruments a annoncé la suppression de plus de 300 emplois à tandis que HP et Alcatel-Lucent prévoient également des plans sociaux. Plus largement en France et dans le domaine technologique, ce sont les sites de Molex et de Freescale en région toulousaine qui sont touchés par des plans de restructuration massifs.