Eric de Saqui de Sannes (Sogeti) "Les réseaux sociaux nous sont de plus en plus utiles pour recruter"

Profils en tension, méthodes pour les recruter, stratégie RH du groupe en France et ailleurs... La filiale de Capgemini tord le cou à certaines idées reçues.

JDNSolutions. Où en est Sogeti dans son plan de recrutement pour 2011 ?

Eric de Saqui de Sannes. En France, Sogeti a annoncé vouloir recruter cette année 1 500 nouveaux collaborateurs, et 2 300 en comptant Sogeti High Tech. Compte tenu de la dynamique, nous devrions dépasser légèrement ces objectifs. Cela fera donc un total d'embauches supérieur à celui de l'année dernière. Je précise que cela concerne notamment des jeunes diplômés, pour lesquels nous avons une stratégie de recrutement très volontariste.

Fin 2011, l'effectif devrait compter quelque 10 000 salariés, en France, et 20 000 en tout dans le monde. Cette année, la création nette d'emplois pour Sogeti devrait être de l'ordre de 200, sur les 1 600 embauches.


Quels sont les profils en tension ?

Nous recherchons activement des profils justifiant d'un peu d'expérience dans les nouvelles technologies, Java/J2EE et .Net. Il y a beaucoup de demande et pas assez d'offre sur le marché de l'emploi pour ce type de compétences : la tension s'exerce surtout sur les profils confirmés, avec 2 ou 3 ans d'expérience.

Nous sommes également particulièrement à l'affût de compétence en sécurité informatique, qui constitue une partie importante de notre offre. Là aussi, la tension est plus visible sur les profils bénéficiant de 2 ou 3 ans d'expérience.

Quel salaire proposez-vous à ces profils ?

Nous ne communiquons pas ce type d'information.


Quels arguments utilisez-vous pour séduire ces profils ?

Nous pouvons leur proposer à la fois des parcours et notre expérience. L'innovation fait aussi partie des leviers que nous pouvons actionner. Et ce n'est pas qu'un mot : Sogeti dispose d'un cellule d'innovation active entre autres en matière de R&D dans le domaine de la sécurité informatique justement. Etre à la pointe de la technologie est à la fois bénéfique pour nos clients mais aussi pour nos collaborateurs.

Nous nous efforçons de mettre en avant ces expertises sur des blogs dédiés mais aussi sur les réseaux sociaux. Cela nous permet d'aller à la rencontre des profils intéressés, et ainsi éventuellement de les motiver à nous rejoindre.

Comment utilisez-vous les réseaux sociaux ?

Les réseaux sociaux sont des outils qui peuvent nous être très utiles. C'est un levier de recrutement complémentaire à prendre désormais au sérieux. Sur les jobboards, les candidats sont souvent activement en recherche, alors que les utilisateurs de réseaux sociaux sont plus passifs en matière de recherche d'emploi. Ils viennent plutôt y réagir sur l'actualité ou y débattre sur les dernières technologies. Ils peuvent ainsi nous découvrir et être attirés par notre démarche, nos projets, notre expertise que nous relayons sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, cette approche se révèle être justement un bon moyen pour recruter les profils plus expérimentés.


Sogeti est également présent à l'international. Le printemps arabe vous ouvre-t-il de nouvelles perspectives au Maghreb ?

Avec Capgemini, nous avons conjointement lancé nos activités au Maroc l'année dernière. Nous sommes dans les mêmes locaux, à Casablanca. Cela se passe très bien sur place. Ce n'est pas pour rien que la plupart des grandes SSII y sont : la formation des ingénieurs sur place n'a rien à envier à celle observable en France. La qualité des compétences locales sert parfaitement nos activités.

"Nous ne versons pas de primes pour doper la cooptation."

En outre, un ambitieux plan Maroc Numérique 2013 a été porté par le plus haut niveau et le Roi lui-même. Le pays semble donc se donner les moyens pour doper l'informatique, un secteur au fort potentiel qui génère beaucoup de croissance et d'emplois actuellement dans le monde... De plus, je pense que le pays est stable, et attaché à son Roi. Le Maroc est sans doute à l'heure actuelle plus solide que la Tunisie ou l'Egypte, où nous n'avons aujourd'hui pas la volonté de nous développer.

Avec Capgemini, vous êtes également très présent en Inde. Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous avez délocalisé l'emploi IT français, en Inde notamment ?

Nous n'avons pas délocalisé l'emploi IT français en Inde. Nous continuons de croître en France. Pour nous, une croissance en Inde n'est pas synonyme de décroissance en France, même si, c'est vrai, la croissance est plus prononcée en Inde que dans l'Hexagone.

Et cette présence en Inde peut également servir nos effectifs en France. Je signale d'ailleurs, à titre d'exemple, que nous employons actuellement des personnes en Inde qui nous aident à recruter nos ingénieurs en France. Ils trouvent et sélectionnent les profils sur les jobboards ou les réseaux sociaux dont nous avons besoin dans l'Hexagone. Bref, ils nous aident à créer de l'emploi en France.

Vous avez récemment organisé des soirées de "Speed Recruting". Le recrutement peut-il être fait si vite ?

Nous affectionnons toutes les pratiques de recrutement, et le Speed Recruiting est l'une des méthodes que nous pouvons employer et qui peut se révéler efficace. Nous avons en effet récemment organisé une soirée Speed Recruiting à Issy-les-Moulineaux, après en avoir notamment fait la promotion sur les réseaux sociaux. Cela a été un franc succès.

Cependant, il est évident que le recrutement est trop sérieux pour le réduire à 7 minutes. Mais le Speed Recruiting peut être un premier lieu de rencontre entre employeur et futurs employés, et pourra aussi permettre, le cas échéant, de caler un autre entretien plus formel. Les candidats sont en fait souvent demandeurs d'informations et d'échanges : le Speed Recruiting permet donc de répondre à certaines de leurs attentes.

La cooptation représente-t- elle un levier de recrutement important chez Sogeti ?

Cela représente près d'un tiers des nouvelles embauches. En revanche, nous ne versons pas de primes car nous considérons qu'il doit s'agir d'un acte volontaire, et pas uniquement motivé par un gain financier. La cooptation permet souvent de satisfaire les collaborateurs, ce qui est déjà, nous semble-t-il, une récompense suffisante.

Eric de Saqui de Sannes est directeur des ressources humaines de Sogeti France. 33 ans, diplômé du Master CAAE à l'IAE de Paris Université Panthéon Sorbonne, Eric de Saqui de Sannes a rejoint le groupe Capgemini en 1997.  Il occupe tout d'abord des fonctions commerciales principalement dans le secteur de la distribution et des transports à Paris, et est ensuite nommé manager d'unités opérationnelles à Paris et en Région (Marseille, Montpellier). A partir de mi 2006 et jusqu'à fin 2008, Eric de Saqui de Sannes devient directeur de la Région Méditerranée. Depuis le 1er janvier 2009, il est directeur des ressources humaines de Sogeti France.