Comment Orange veut devenir un pilier des Mooc francophones

Comment Orange veut devenir un pilier des Mooc francophones Orange veut lancer sa plateforme de cours en ligne d'ici la fin de l'année. Que veut apporter l'opérateur historique au développement des Mooc en France ?

Orange veut s'imposer dans les Mooc, ces cours en ligne gratuits, ouverts et "massifs" ("Massive Open Online Course", en anglais, voir aussi notre dossier Grâce aux Mooc, étudiez à Harvard depuis votre salon). C'est encore en chantier, mais l'acteur entend lancer une platefome dédiée d'ici la fin de l'année, et vise tout l'espace francophone. Il veut plus précisément être à la fois un "co-animateur de l'écosystème Mooc" mais aussi un "fournisseur de briques logicielles", selon ses propres termes. Que va concrètement proposer l'opérateur historique et que vient-il faire sur ce secteur ?

L'opérateur compte y apporter plusieurs de ses savoir-faire. "Si l'e-learning s'adressait à quelques centaines de personnes, certains Mooc ont intéressé plus de 100 000 internautes connectés en même temps dans le monde entier. Il va donc falloir des infrastructures capables d'encaisser la charge, et Orange, avec ses experts en réseau, peut faire valoir une certaine maîtrise en la matière", répond Thierry Curiale, directeur marketing en charge des Mooc et de l'éducation numérique chez Orange.

Orange compte séduire les grandes écoles, les universités, voire même les lycées. Objectif : faire en sorte que ces établissements lui confient l'hébergement de leur contenu pédagogique. Orange peut là encore faire valoir son expertise, en proposant de nombreux data centers hautement sécurisés sur le territoire français.

Discussions en cours avec Paris Tech et l'Institut Mines-Télécom

Les discussions sont encore en cours, et Orange ne peut donc pas encore donner les noms des établissements qui participeront à sa plateforme. Mais, comme le phénomène des Mooc a notamment décollé aux Etats-Unis autour de nombreux cours sur l'informatique et son univers, les grandes écoles d'ingénieurs, les formations IT et les universités positionnées dans ce secteur font naturellement partie des cibles de prédilection d'Orange. Thierry Curiale admet ainsi être "en discussion" avec Paris Tech, qui regroupe douze grandes écoles d'ingénieurs et de commerce, et Jean-Marie Gilliot.

Ce dernier, maître de conférences à Télécom Bretagne, est l'un des pionniers des Mooc en France avec son initiative ITyPA. Il anime aussi la réflexion sur la place des Mooc au sein de l'Institut Mines-Télécom, représentant potentiellement dix établissements de plus pour Orange. Thierry Curiale précise bien n'être qu'"en discussion" avec ces acteurs, et cite aussi, plus globalement "des marques d'excellence", c'est-à-dire des grandes écoles, et "pas seulement dans le secteur informatique".

L'offre Mooc d'Orange pourrait s'appuyer sur des solutions Open Source, Claroline Connect ou Moodle par exemple.

Or dans ces établissements, les compétences informatiques ne manquent pas pour pouvoir mettre sur pied un service en ligne dispensant des cours interactifs, des initiatives comme celle de Jean-Marie Gilliot l'ont montré, en mettant en place une offre réalisée et hébergée en interne.

Alors, ces établissements vont-ils vraiment avoir besoin d'Orange ? "Nous allons leur permettre de s'éloigner définitivement du bricolage pour passer à une dimension plus industrielle. Ils sont donc très demandeurs", rapporte Thierry Curiale.

Open Source et Learning Management System 

En revanche, Thierry Curiale ne nie pasqu'Orange n'a pas d'expérience à faire valoir en matière de solutions de Learning Management System ("LMS"), ces outils qui servent de pilier à une formation en ligne. Orange va donc devoir s'appuyer sur des partenaires. Le choix pour une brique logicielle précise n'est pas encore arrêté, mais les solutions Open Source sont étudiées.  

Parmi les solutions qu'Orange étudie de près : "Claroline Connect", fusion de deux solutions Open Source, Claroline et SpiraleConnect, des projets portés par plusieurs établissements, et notamment l'université de Lyon 1 ou l'Ecole Centrale de la même ville. "Mais nous regardons aussi d'autres plateformes. L'offre en matière de LMS est pléthorique. Moodle, utilisé par 80% des universités nous intéresse aussi", tient à préciser le responsable marketing.

"Tout ne sera pas ouvert, mais tout ne sera pas fermé" 

Pour résumer le projet technologique d'Orange concernant les Mooc, Thierry Curiale utilise une métaphore. "C'est un peu comme une pêche. Le noyau sera Open Source, et Orange va enrichir ce noyau en apportant toute la richesse de la pulpe. Enfin, il y a aussi la peau du fruit, qui correspond à l'expérience utilisateur, un service en matière de design que va également apporter Orange", explique le responsable. La "surcouche logicielle" qu'Orange apportera au noyau sera-t-elle Open Source ? Rien n'est moins sûr. "Tout ne sera pas ouvert, mais tout ne sera pas fermé", répond Thierry Curiale.

Quant au design et à l'expérience utilisateur de la plateforme d'Orange, "comme la peau du fruit, elle devra donner envie", résume le responsable marketing. "L'expérience utilisateur", avoue-t-il "n'est d'ailleurs pas un sujet sur lequel brillent toujours les établissements scolaires, mais c'est normal, car ce n'est finalement pas vraiment leur cœur de métier. Or, nous pouvons aussi faire valoir notre expertise sur cet aspect-là", pense Thierry Curiale. L'opérateur prévoit de lancer son offre au dernier trimestre 2013.