Mise à jour : la "prime à 1 000 euros" fait pschitt dans les SSII

Mise à jour : la "prime à 1 000 euros" fait pschitt dans les SSII Parmi les 15 plus grandes SSII en France, seules quelques-unes vont reverser la fameuse prime dividende à leurs employés. Elle sera d'un montant bien inférieur aux 1 000 euros annoncés...

Imposée au printemps dernier par Nicolas Sarkozy et initialement présentée comme une prime de 1 000 euros, la "prime dividende" devait mieux partager les profits entre actionnaires et salariés.

Après avoir recoupé plusieurs sources (en provenance des SSII et des syndicats), nous publions une mise à jour de cet article avec les primes actées par les 15 premières SSII en France.

 

Critères sélectifs d'éligibilité


Désormais votée, elle s'applique aux entreprises de plus de 50 employés qui ont versé à leurs actionnaires un dividende par action supérieur à la moyenne de celui versé au cours des deux années précédentes.

Ce n'est donc pas le cas de Total, par exemple, première entreprise du Cac 40 avec plus de 10 milliards de bénéfices nets l'année dernière, et dont le conseil d'administration a finalement décidé de ne pas augmenter le montant des dividendes reversés aux actionnaires.

Précisions : dans le cas des filiales, c'est le montant des dividendes reversés par le groupe qui compte, sauf si la maison mère est à l'étranger, où ce sont alors les dividendes reversés par la filiale qui compte.

Au final ces critères sélectifs d'éligibilité ont fait fondre le nombre de sociétés concernées. Le JDN a pu le constater en interrogeant les 15 premières SSII en France, selon la définition et le classement récemment établi par Pierre Audoin Consultants.

 
Montant de la prime dividende dans les 15 premières SSII
Nom Montant de la prime
Source : JDN
IBM Reste à définir
Capgemini de 50 à 150 euros
Atos de 50 à 260 euros
Logica 0
Orange Business Services 0
HP Services 0
Accenture 0
Sopra 0
Steria 80 euros
CSC 0
Thales CIS 0
GFI 0
Bull Services 0
Docapost 0
Altran 0

Compte tenu des conditions évoquées plus haut, la prime ne peut donc pas être reversée aux salariés français d'Accenture, car la maison mère a reversé en 2011 un montant de dividendes inférieur à la moyenne des dividendes versés en 2009 et 2010. Idem pour France Télécom-Orange, qui ne reversera donc pas de prime dividende aux salariés d'Orange Business Services.

GFI, Sopra et Thalès ont également reversé des dividendes stables entre 2009 et 2010 : leurs salariés n'auront donc pas droit à la prime.

Bull et Altran n'ont pas versé de dividende en 2011, comme les années précédentes, et ne sont donc pas concernées.

La Poste, avec son statut de société anonyme à capitaux publics, ne reversera pas non plus de prime dividende à ses salariés de Docapost.

 

Des filiales pas toujours éligibles


Logica n'est pas non plus éligible, "parce que Logica France n'a pas d'actionnaire... et appartient à 100% au groupe anglais, et la France ne paye pas des dividendes mais des 'holding feeds', sorte d'impôt pour le groupe", explique la CFTC de Logica sur son blog.

Des raisons similaires s'appliquent pour les salariés d'HP : "HP est côté au New York Stock Exchange, et HP en France, soit HPF et HPCCF, paye des dividendes à sa maison mère... Cette prime dividende ne nous a donc pas concernés", regrette Guy Benoist, délégué syndical CFTC chez HP.

En revanche, chez Atos, la prime liée au dividende 2010 a bien été versée, sous forme de complément à la participation. Le montant de la prime est inversement proportionnel à la rémunération, avec un montant individuel compris entre 260 euros et 50 euros.

 

Des sociétés qui ne souhaitent pas répondre


Sollicité par le JDN, Big Blue a de son côté expliqué "ne pas être en mesure" de répondre à notre requête car "le conseil d'administration n'avait pas encore eu lieu". Il aura en effet lieu le 6 décembre prochain. IBM France en a néanmoins profité pour rappeler qu'"IBM France a versé à ses collaborateurs cette année une participation après 17 ans sans versement. Le montant total de cette participation est supérieur à 17 millions d'euros."

Egalement interrogée, la CFDT indique de son côté "ne pas croire une seconde qu'IBM France acceptera de verser une prime, même modeste". Le syndicat explique également avoir demandé une négociation dès septembre dernier  : "Nous nous basions sur le fait que des dividendes exceptionnels de 5,8 millions d'euros avaient été versés à l'actionnaire unique (le holding IBM-Europe aux Pays-Bas) alors qu'il n'y en avait pas eu l'année précédente." explique Jean-Michel Daire, délégué syndical CFD chez Big Blue.

Aucune prime ne dépasse 260 euros

Restent donc les salariés de deux SSII : ceux de Steria et de Capgemini. Aucune de ces société n'a voulu répondre à nos questions. Mais selon nos informations, le montant de la prime serait de 80 euros chez Steria.

 

"C'est honteux" pour le syndicat Alliance Sociale


Quant à Capgemini, Alain Bénard, secrétaire général du syndicat Alliance Sociale, nous informe que le montant de la prime est inversement proportionnel au montant du salaire.

Ainsi, 150 euros seront reversés à ceux qui ont un salaire annuel inférieur à 30 000 euros, 100 euros à ceux qui ont un salaire annuel situé entre 30 000 euros et 50 000 euros et, enfin, 50 euros sont destinés à ceux émargeant à plus de 50 000 euros annuels.

Pour Alain Bénard, ces montants sont "vraiment décevants" : "Au regard des bénéfices réalisés par Cap, des salaires des dirigeants et des dividendes versés aux actionnaires. C'est honteux..."