La roupie forte fragilise le secteur IT indien

C’est un peu la rançon de la gloire. Le monde IT indien entre en crise au sujet d’une roupie qui s’est fortement appréciée au deuxième trimestre. Et pour ne rien arranger, le dollar continue de se déprécier.

La devise indienne a grimpé de 6,8% durant cette période par rapport au dollar. Les analystes de la Westpac Bank pensent que cela va continuer. Elle est même parmi les quatre monnaies les plus fortes au monde sur un an. Résultat, le moindre pourcent d'augmentation entraîne une chute de 30 à 50 points de base dans les marges opérationnelles des SSII indiennes exportatrices, autant dire la plupart.

Hexaware, par exemple, a vu son profit net plonger de plus de 12%. Infosys connaît une érosion moindre mais se montre préoccupé. Tata CS se rassure en affichant une structure de clients plus diversifiée à l'international et donc moins dépendante d'un dollar qui s'affaiblit. Quant à Satyam, avec 90% de réserves en dollars, la SSII voit celles-ci fondre à vue d'oeil.

La cause de cette montée irrésistible de la roupie : de forts investissements américains et des envois massifs d'argent par la diaspora indienne. De son côté, pressée par les exportateurs, la RBI (Reserve Bank of India) prend des mesures, mais une roupie forte n'a pas que des désavantages.

Les tarifs "à la pompe" vont-ils augmenter ? Infosys le fait déjà avec ses nouveaux clients, mais ce n'est probablement pas la meilleure stratégie. En conséquence, la tentation est grande pour les SSII indiennes de se tourner vers les pays de la zone euro, dont la monnaie résiste mieux.

Il ne serait pas surprenant de voir débarquer chez nous dans les mois qui viennent une offre plus agressive de service mais aussi d'acquisitions. Si nous n'avons pas vu davantage les indiens dans le secteur IT, c'est qu'ils étaient fort occupés avec le marché américain, sur lequel ils sont très largement leaders jusqu'à présent.

Enfin, ironie de l'histoire, pour rattraper des marges menacées, ces sociétés indiennes vont à leur tour utiliser la stratégie dont ils ont été l'objet : recourir à l'offshore vers des destinations à bas prix...