Pourquoi les urbanistes sont-ils inefficaces en SOA ?

Les urbanistes, n’ont - en réalité - pas toujours l’autorité politique ou budgétaire au sein de leur entreprise ou de leur organisation pour faire bouger les lignes.

L'urbanisme est comme l'archéologie ; couche après couche, les systèmes, les applications, les bases de données, les connections, sont construits ou encore achetés pour résoudre un problème tactique.

Beaucoup d'entreprises se vantent que l'objectif stratégique à long terme de l'architecture d'enterprise est utile au coeur de métier de ces dernières. Le fait est que les besoins opérationnels ont supplanté année après année l'objectif stratégique de la direction.

Ainsi, le résultat final est un mille feuilles de technologie et constitue une architecture rigide, peu évolutive, fragile et ainsi difficile à modifier pour accompagner les besoins métiers. C'est la situation habituelle, pas l'exception.

Pour faire face à ce paradoxe, les entreprises ont créé des postes d'«urbaniste». Ce sont des personnes qui sont seul ou en groupe au sein d'une organisation qui a la responsabilité de faire avancer la stratégie de l'architecture d'entreprise.

Bien que ce soit une bonne idée en théorie, la réalité est que, beaucoup de ces architectes d'entreprise n'ont tout simplement pas l'autorité politique ou budgétaire au sein de leur entreprise ou de leur agence gouvernementale pour faire bouger les lignes.

Dans beaucoup d'exemples, ils ont été relégués au rang de ceux qui créent des rapports et des présentations que personne ne lit, et qui fournissent des indications et des conseils qu'il est aisé d'ignorer. 

Ainsi, sans un pilotage adéquat et une pression continue du management, pour rediriger les ressources vers des projets informatiques opérationnels, l'architecture d'entreprise continue de devenir inutilement plus complexe, statique et fragile.

Ce qui était simplement ennuyeux il y a quelques années est aujourd'hui clairement un frein à la capacité du business à générer de la valeur pour les actionnaires.

L'entreprise ne peut facilement évoluer vers des marchés nouveaux et émergeants, réaliser les acquisitions et adapter les processus métiers clés avec la réactivité nécessaire. Dans certains cas elles sont incapables d'évoluer. En d'autres termes, le constat est négatif et ne va pas en s'arrangeant.

Le SOA n'est pas le remède miracle pour de mauvais projets d'urbanisations. Cependant c'est un premier pas pour l'amélioration de leur urbanisation existante vers quelque chose de plus efficace et de plus pertinent pour le métier.

Ceux qui utilisent le SOA comme un modèle d'architecture pratique, dans un contexte de plan stratégique d'architecture à long terme, et qui en même temps sont capables de rajeunir l'architecture sans pause tactique, vont réaliser qu'ils sont au dessus de la mêlé.  

Le SOA a deux qualités principales : la première est de permettre une économie au niveau du développement du fait de la réutilisation des services applicatifs. La deuxième est la capacité à changer l'infrastructure technique plus rapidement en fonction des besoins métier. L'agilité étant la principale valeur ajoutée apportée par le SOA et l'urbanisation.

Ceux qui cherchent un effet de levier dans la notion de SOA sont tentés d'accepter une solution SOA clé en main... peut-être un ESB (Entreprise Service Bus), un moteur BPEL, un outil de gouvernance ou encore l'ensemble. Malheureusement, une technologie verrouillée ne résout que peu de problèmes et peut même en créer d'autres.

Le SOA est quelque chose que vous mettez en oeuvre et non que vous achetez.

Les habitudes d'achats en SOA restent influencées par la tendance du moment ce qui a pour conséquence une certaine désaffection lorsqu'on se rend compte que cette technologie ne répond pas aux attentes. Il n'existe pas de remède miracle ou rapide et un travail de fond doit être réalisé.

En effet, faire du SOA est un engagement compliqué, et on doit apprendre beaucoup pour devenir efficace avec les nouvelles approches techniques, technologique et méthodologique. Ceux qui ont du succès dans le SOA, planifient et décrivent longuement avant de développer et de mettre en oeuvre.

Le chemin vers une véritable stratégie et un SOA à valeur ajoutée est réservé à ceux qui comprennent en amont l'importance du travail qui mène au choix de la technologie. En outre, ils ont le soutien de leur entreprise, les budgets appropriés, et la bonne façon de diriger et de former.

Le changement vers un SOA doit avoir une signification stratégique au sein de l'entreprise, un peu comme un nouveau produit ou un nouveau métier. En réalité, un SOA bien planifié et mis en oeuvre aura en comparaison un bien meilleur retour sur investissement sur le long terme. Fondamentalement, un projet SOA devrait être un sujet suivi par le comité de direction.

Il semble que l'urbanisation ait mauvaise presse. La valeur de cette démarche est claire pour tous ceux qui analysent les coûts réels des limites qu'impose une mauvaise architecture informatique. Pour autant, les effets négatifs sur le métier sont largement acceptés et considérés comme quelque chose qui ne peut pas être réglé. Rien n'est plus loin de la vérité.