CAO donc PLM : quand nécessité fait loi

Pour les éditeurs d’outils de conception assistée par ordinateur, l'eldorado de la gestion du cycle de vie des produits est-il le nouveau "trou noir" ? Nouveautés, axes stratégiques et références nouvelles sont tous affublés du terme magique !

Après avoir discouru de la difficulté du positionnement des pure players du PLM et leur approche best-of-breed vs les géants des systèmes de gestion intégrée de l'ERP, attardons nous sur la réalité du marché de ce secteur de la gestion du cycle de vie des produits.

Il y a vingt ans, les systèmes de conception assistée par ordinateur (CAO) foisonnaient, rivalisant à qui mieux-mieux d'audace technique et autres ribambelles de nouvelles fonctionnalités. Après cette classique première phase de développement de nouveaux marchés sont venues la période de consolidation puis celle de concentration.

Résultat : de la quarantaine d'éditeurs commercialisant aisément des postes coûtant plusieurs centaines de milliers de francs (nouveaux) ne restent que les quatre mousquetaires se déchirant en 3D pour quelques malheureux milliers d'euros. Ceci avant d'arriver au low-cost, et sans intégrer les rumeurs de rachat et changement d'actionnaires qui bruissent sur la toile !

Aussi, pour satisfaire aux classiques taux d'accroissement des objectifs commerciaux à deux chiffres sur un tel champ de bataille, tous se précipitent sur le fameux PLM. Premier avantage, la nouvelle dimension : on passe de l'équipement des ingénieurs cols bleus du BE de l'usine au déploiement de la solution pour une grande partie des cols blancs des directions du groupe (achat, commercial, marketing, SAV...), sans oublier sous-traitants lointains et clients impatients de nouveautés. Dit autrement : on compense la division du coût des licences par la multiplication des utilisateurs !

Deuxième bénéfice, le changement de positionnement. Sans jeter l'image technique et industrielle avec l'eau du bain, l'initiative stratégique d'évolution du CAO en PLM élève le débat, rend la solution aussi incontournable que ce fameux ERP (qui n'a pas sa direction SAP ?) et permet de dialoguer directement avec DG et DAF.

Surfer sur cette fameuse entreprise étendue imposée par cette satanée mondialisation est le dernier bonus du nouvel acronyme. Ou comment une calamité se transforme en opportunité commerciale. Ce ne sont pas les marchands de canon qui y trouveront à redire.

Paradoxalement, en dehors de projets de renommée internationale, tel Phenix, engagés généralement par une véritable nécessité de mutation profonde voire de survie par des géants industriels, rares sont les applications de gestion de données techniques associant le travail collaboratif effectivement opérationnelles.

La très grande majorité des PLM en place (et ceux en phase d'étude) ne renvoie qu'à de pauvres coffres-forts améliorés. Le puits de données techniques issu de la R&D a encore du mal à irriguer l'entreprise. Il n'y a qu'à examiner la composition des équipes en charge des dossiers de consultation & déploiement et leur méthode : elles donnent une grande place aux techniciens du BE, avec des critères d'intégration CAO et d'ergonomie prédominants, une pauvre vision stratégique et peu de ROI estimé !

Analyser les chiffres d'affaire des spécialistes du secteur est révélateur : le (très) gros de la troupe est encore constitué de bataillons de licences, maintenance et autres souscriptions de support de renouvellement, extension et régularisation de postes CAO. Les revenus réalisés par le/la PLM (j'ai du mal à me prononcer sur le genre de la bête) atteignent rarement la dizaine de pourcents. Ce qui n'empêche pas à tous de communiquer l'ensemble de leurs nouvelles références encore et toujours affublées du sigle magique.

Comme d'habitude, à chacun son bon vent !