La mission Étalab peut-elle favoriser l’émergence de nouveaux services géomatiques?

La mise à disposition de données publiques par les administrations dans le cadre de la Mission Etalab devrait susciter de nombreuses opportunités : des services innovants, de nouveaux usages et la création d'emplois.

Depuis la nomination de son directeur le 23 février 2011, la Mission Étalab affiche une volonté ferme et volontaire de bousculer les pratiques et les habitudes au sein des administrations gouvernementales.

Pour rappel, Étalab est un projet interministériel qui a pour mission de collecter les données publiques qui peuvent être mises à disposition des citoyens. Ces données seront téléchargeables via le futur site data.gouv.fr  qui devrait être inauguré avant la fin de l’année 2011.

Ce chantier titanesque attise la curiosité et les interrogations qui l’entourent sont actuellement plus nombreuses que les réponses. La presse a pris le relais de ces interrogations qui ont été alimentées volontairement par Étalab, mission qui a su créer et animer son propre buzz sur la toile et ainsi engendrer son lot questionnements tant au niveau des doutes sur la pérennité des moyens financiers pour accomplir son dessein que sur la nature des données mise à disposition !

Dans la mesure où les producteurs de données ont jusqu’au mois de juillet 2012 pour déclarer les données non gratuites, il ne faudra certainement pas s’attendre à de grands bouleversements avant 2013, d’autant plus que le résultat de la prochaine élection présidentielle de mai 2012 pourrait remettre en cause le projet !

Néanmoins, si Étalab arrive à imposer son calendrier, il sera sans aucun doute, une source d’enrichissement pour notre secteur industriel à condition d’apporter les garanties suivantes : un accès simple et rapide aux données, une granularité des informations exploitables, une mise à jour régulière, un catalogue de données pérenne.

Si ces conditions minimales sont remplies, l’émergence de nouveaux services pourrait survenir dans différents secteurs :

- la mise en place de formations et de conseils à l’usage de ces données ;
- la conception d’indicateurs statistiques variés ;
- la production de nouvelles offres cartographiques hybrides ;
- la multiplication de bases de données attributaires ;
- l‘ouverture de multiples web-services d’un genre nouveau ;
- la création de multiples applications (en fonction de l’originalité des données mise à disposition).

Si l’ensemble des organisations publiques apportent sa pierre à l’édifice, la nécessité de faire éclater les clivages disciplinaires et corporatistes sera primordiale pour tirer parti au mieux des données mises à disposition. De nouveaux métiers interdisciplinaires pourront même voir le jour !

Les universitaires et les chercheurs géomaticiens auront un rôle important dans l’accompagnement de ces initiatives. ils verront certainement un intérêt particulier à se pencher sur l’art et la manière de mixer des données multisources. Des procédures pourront être proposées afin de faciliter l’exploitation des données et d’éviter des aberrations d’ordre méthodologique.

De fait, la mission Étalab devrait être à l’origine d’un nouvel espace de partage et de diffusion de l’information dans la mouvance de la directive européenne Inspire.  Ce projet sera peut-être un futur vecteur de croissance pour dynamiser le tissu industriel français et l’occasion également de faire découvrir à un plus large public la dimension spatiale et géo-référencée des données. Le géomaticien ne peut que s’en réjouir !

Pour conclure, il faut espérer que le projet Étalab ne rencontre pas trop d’obstacle insurmontable sur sa route et que l’expression rendue populaire par Jean de la Fontaine « la montagne accouche d’une souris » ne devienne pas réalité…