A chacun son cloud ? Alors quel sera le vôtre ?
80% de la population bientôt équipée d’une solution cloud ? En effet, cette technologie quitte le monde des grosses entreprises pour s’adresser aux TPE, indépendants et particuliers.
Ca y est, le marché décolle
Google annonce le lancement de
son cloud à destination des particuliers. Ce service est prometteur mais il
reste assez similaire à Dropbox, Sugarsync et autres disques durs déportés. La photo de classe est réussie. Tout
le monde est présent : Microsoft, Apple, Amazon et Google occupent le premier
rang. Mais le second rang n’est pas en reste et attire les regards : Evernote,
Dropbox, Xambox et Sugarsync affichent des taux de progression impressionnants [1].
Après plusieurs années de
gestation et deux changements de nom (l’ASP
est devenu SaaS avant de percer sous
la forme d’un nuage), le cloud quitte le monde des grosses entreprises pour
s’adresser aux TPE, indépendants et particuliers. L’appétence du marché rappelle
celle du paiement par carte bleue : effrayante pendant plusieurs années,
elle est restée l’apanage des early adopters avant de se généraliser brusquement.
La France n’est pas en
reste sur le marché du nuage avec des solutions telles que OOdrive,
Novapost, E-folia et Xambox. Orange a d’ailleurs lancé une place de marché
dédiée aux applications cloud [2],
apportant avec son nom une caution rassurante à l’utilisateur.
Plusieurs approches du cloud
Tout comme
« informatique » en son temps, « cloud » reste un terme
assez générique. Sont considérés ici les notions d’archivage sécurisé en ligne,
de stockage, de consultation et de partage de documents à partir de n’importe quel ordinateur ou téléphone connecté à la toile.
Tous les acteurs du cloud apportent
un soin particulier à l’utilisation intuitive, l’ergonomie optimisée, la
mobilité accrue (via les appli iPhone et Android). Ils ont compris que
l’utilisateur voulait à la fois tout archiver et tout retrouver simplement.
C’est là que le bât blesse :
tout retrouver, c’est proposer un moteur de recherche « à la Google »
qui indexe à la volée tous les fichiers ; tout archiver, c’est stocker les
films, les fichiers exécutables, les musiques. Or ces fichiers ne sont justement
pas indexables en fonction de leur contenu : on ne peut pas tout gérer et tout retrouver.
Chaque éditeur doit alors se
positionner selon une approche : d’un côté, le stockage de données (ex :
Dropbox et Sugarsync), de l’autre, la simplicité de la recherche
(ex : Evernote et Xambox).
Les disques durs dans le cloud
Les « champions du stockage » acceptent
les fichiers avi, mp3, exe mais ne pouvant proposer un moteur de recherche
(l’indexation automatique d’une vidéo est trop complexe), ils se rabattent sur
un autre élément clef et mettent en avant un partage très simple (c’est d’ailleurs le slogan de Dropbox qui
offre aussi l’avantage d’une viralité rapide).
Ces solutions veulent être
présentes sur le maximum de plate-forme (PC, mac, iPhone, iPad, Android, Windows
phone, Blackberry, etc.).
Pour le néophyte, la
différentiation entre les solutions se réduit souvent au volume gratuit de stockage (2Go pour Dropbox, 5 pour SugarSync,
jusqu’à 7 pour l’offre de Microsoft). Cette course au volume requiert des
investissements importants qui écartent les petites startups françaises sous
financées.
Ce modèle est donc une solution
idéale pour gérer ses fichiers comme sur son disque dur.
La gestion documentaire intuitive dans le cloud
Les « champions de la
simplicité », eux, parient sur une indexation automatique, un moteur de
recherche extrêmement intuitif, un visionnage de tous les formats sur tous
supports et des fonctionnalités de traitement des documents pour devenir des outils de simplification, à usage quotidien.
Ils gèrent tous les documents
utiles ou importants : Evernote se concentre sur les notes en tous genres : électroniques,
manuscrites, voire audio ; elles peuvent être géolocalisées. Xambox
privilégie les documents de la vie quotidienne (factures,
relevés de comptes, etc.) qu’ils soient numériques (pdf, word, etc.), papier
(compatibilité avec tous les scanners), ou en ligne – via une collecte
automatiquement des factures disséminées sur plus de 400 sites différents
(opérateur telco, fournisseurs d’énergie, mutuelles, banque, etc.).
Le cloud intuitif s’adresse donc aux
utilisateurs qui souhaitent gérer simplement tous leurs documents utiles ou
importants ; ce n’est pas le volume mais le confort d’utilisation et la
simplicité du service qui feront la différence.
Où placer Google Drive ?
Avec son moteur de recherche et
sa visionneuse, Google tente de réconcilier les deux visions.
Google Drive va plus loin que
Dropbox à qui il devrait rapidement grignoter des parts de marché. Son défi est
d’assurer une indexation irréprochable pour ne pas décevoir l’utilisateur qui
souhaite retrouver un document car pour l’instant, il n’indexe ni le texte
contenu dans les vidéos ni dans les images. Surveillons donc de près ses
évolutions… Et la réaction de Facebook qui semble d’humeur acheteuse.
Sans la puissance des flux
entrants (collecteurs de factures par exemple), de la gestion papier et de
l’intelligence documentaire, il inquiète peu les Xambox et autres Evernote.
Google Drive est donc une version
améliorée de Dropbox, mais ne parvient pas à réduire la fracture entre les deux
modèles ; il semble se concentrer sur le marché du disque dur déporté plus
que sur la gestion documentaire simplifiée.
[1] Dropbox dépasse les 50 millions de comptes, Evernote séduit plus d’un million de nouveaux inscrits par mois, l’utilisation de Xambox double tous les mois.
[2] Lecloudpro.fr distribue notamment Sugarsync et Xambox