Mieux vaut-il choisir une conception classique de data center ou une approche modulaire ?

Lorsqu'une entreprise décide d'investir dans un data center pour la première fois, la discussion se résume invariablement à comparer les avantages d'une conception classique à ceux d'une approche modulaire.

La première option fournit une solution hautement personnalisée. La deuxième repose sur des configurations standardisées à l'aide de techniques modernes de ligne de production.
Si une conception classique s'avère judicieuse dans certains cas, l'approche modulaire est de plus en plus reconnue comme la mieux adaptée pour répondre aux besoins de flexibilité, ainsi qu'aux objectifs de coûts et d'efficacité. 

Quels sont les critères essentiels à prendre en compte pour s'assurer de choisir la bonne option avant le lancement d'un projet de data center ? 

Encombrement et alimentation

La superficie au sol totale nécessaire à l'installation définit intrinsèquement les options du data center. S'agissant de l'espace contigu, les solutions modulaires peuvent répondre à la plupart des critères des data centers modernes, avec des salles ouvertes pouvant atteindre 500 mètres carrés, qui peuvent être associées dans le cas de solutions à plusieurs salles. Pour les espaces contigus de très grandes dimensions, une conception classique peut être nécessaire. 
En termes d'emplacement, les data centers  modulaires ont tendance à avoir un encombrement spécifique. Les mises en œuvre classiques seront probablement plus adaptées aux bâtiments mal agencés, comportant de nombreux piliers internes, un accès étroit et des plafonds bas. Si toutefois un espace ouvert est disponible, y compris à l'extérieur du bâtiment dans certains cas, un data center modulaire peut alors être une meilleure solution compte tenu des importants investissements de modification du bâtiment nécessaires dans le cas d'une installation classique.  
Des densités de courant (l'alimentation pour une surface au sol donnée) comprises entre 1 et 3 kW/m² sont généralement indiquées pour la plupart des data centers modulaires et classiques. Le facteur le plus important à prendre en compte est l'anticipation des besoins à 5 ou 10 ans, tout en évitant une sur-spécification en amont. Par exemple, votre besoin dans un avenir proche se situe peut-être à 6 kW par rack, mais vous savez que les densités augmentent. Envisager une solution pouvant être upgradée sans aucune période d'indisponibilité est donc essentiel pour la pérennisation réelle du projet. Cela vous permet d'investir dans ce dont vous avez besoin maintenant et d'upgrader ultérieurement lorsque l'activité l'exigera réellement, sans avoir à ajouter une nouvelle installation. 

Conception et fabrication

De la commande à la livraison, un data center modulaire nécessite généralement entre quatre et six mois de fabrication. Compte tenu du niveau de personnalisation requis, une solution classique nécessitera quant à elle entre 9 mois au grand minimum et deux ans. Les entreprises ne souhaitant pas dépasser un délai d'un an doivent donc plutôt se tourner vers une offre modulaire. Pour les projets hautement personnalisés, la méthode classique est généralement la seule option envisageable, en dépit d'un planning de livraison plus long et de dépenses d'investissement plus importantes.  
Un des principaux inconvénients des data centers classiques est le processus d'appel d'offres, qui peut être très long. Il implique généralement un environnement de prise de décision complexe, rassemblant des professionnels aux attributions variées au sein de l'entreprise, allant des finances aux infrastructures, en passant par l'IT et la propriété foncière. Pour la plupart des conceptions classiques, le seul processus de consultation aboutissant à l'établissement du cahier des charges et d'une liste de fournisseurs potentiels et au lancement du processus d'appel d'offres peut prendre 12 mois. Les options modulaires ont tendance à offrir une solution plus complète, ce qui signifie que ce processus peut être considérablement réduit, voire totalement supprimé dans certains cas. 
Pour les solutions modulaires, le processus de conception ne permet qu'un nombre de variantes assez réduit. Cela signifie que l'ensemble du data center, comprenant tous les composants mécaniques et électriques, peut être fourni dans le cadre d'une solution complète. Si les options choisies ont fait l'objet d'une réflexion appropriée, le produit sera conforme à toutes les règles et obligations applicables. Comme il ne s'agit pas de la première fois que les composants sont assemblés ainsi, la part de risque à la conception est considérablement réduite par rapport aux data centers classiques, ce qui constitue souvent un facteur de discrimination déterminant entre les deux options. 

Risques opérationnels et liés au projet

Les data centers classiques sont souvent des conceptions uniques et personnalisées, ce qui augmente naturellement le risque d'imprévus en cours de conception et de fabrication, plusieurs fournisseurs proposant leurs services dans le cadre de spécifications complexes. Des centaines de modifications peuvent survenir au fil du processus, se traduisant à chaque fois par un allongement des délais et une hausse des coûts. Dans le cas d'une solution modulaire, le projet est rationalisé : les tâches complexes sont entreprises hors site, en usine, ce qui élimine les modifications les plus coûteuses. Les solutions modulaires supposant généralement une conception éprouvée et reproductible, avec des garanties réelles en termes de livraison et de qualité, les risques de dérive du périmètre du projet et d'emballement des coûts sont totalement supprimés.
Les risques opérationnels ont des implications de coût en cas de périodes d'indisponibilité et se répartissent en deux catégories. La première est liée à la maintenance et à l'exploitation de l'installation. Ainsi, par exemple, une conception éprouvée et reproductible, bénéficiant de manuels d'utilisation fiables, comportera moins de risques qu'une conception unique.
La deuxième est liée au risque de conception.
La dernière phase du déploiement d'un data center, la mise en service, peut prendre quelques semaines comme plusieurs mois. Il est certain qu'une conception éprouvée et reproductible créera moins de problèmes, permettra une mise en service plus rapide et garantira une livraison sans accroc. 
Le meilleur moyen de réduire le risque de conception est donc de fabriquer et de tester la même solution plusieurs fois et de l'ajuster pour garantir sa conformité.  Cela est impossible avec un data center classique, mais c'est l'essence même de l'approche modulaire, et un élément à part entière de la solution. Pour faire simple, chaque propriétaire de data center bénéficie des déploiements passés du même système. 

Facteurs de coûts à prendre en compte

En général, les dépenses d'investissement en amont sont importantes et sur-spécifiées pour les solutions de data centers classiques. Il n'est pas rare que jusqu'à 40 % des coûts d'investissement finaux ne fournissent que 10 % de la capacité totale. En outre, ils doivent être déboursés jusqu'à deux ans avant la mise en service du data center et le début de son amortissement. À l'inverse, les data centers modulaires sont conçus de manière extensible, ce qui signifie que parfois, seul 15 % du coût total du projet est requis en amont, et l'amortissement peut commencer au bout de seulement 4 mois.  
En raison des importants besoins des data centers en termes d'infrastructure, la quantité d'eau et d'énergie utilisées pendant la durée de vie d'un data center est un autre facteur important pour déterminer le TCO. La mise en place d'un site hautement efficace peut conduire à une rentabilité accrue sur la durée de vie du data center. L'indice d'efficacité énergétique (PUE) est la norme employée dans le secteur pour mesurer l'efficacité d'un data center. Plus l'indice est proche de 1, meilleur il est. Par exemple, comparé à un indice PUE de 1,6, un indice de 1,2 pour un data center de 500 m² peut permettre de réaliser environ 3,5 millions d'euros d'économies en coûts d'alimentation sur 10 ans.
Il faut toutefois faire attention au fait qu'une importante efficacité en alimentation peut être compensée par une faible efficacité en eau. Il faut donc s'assurer que la solution soit efficace sur les deux plans. 

Pour terminer, lorsque le data center arrive en fin de vie, après plusieurs cycles d'actualisation, les installations doivent être retirées du site. Dans le cas d'un data center classique, cet actif se convertit en passif, le site devant être défriché en vue de sa prochaine utilisation. Dans le cas d'un data center modulaire, les composants peuvent être facilement retirés, le site d'origine restant largement identique, et il peut même y avoir de la valeur résiduelle via le recyclage de certains composants.