Le développement des data centers en Afrique

Si les réseaux, d’une part, les logiciels et applications d’autre part, sont des éléments clés de la révolution digital qu’est en train de connaitre l’Afrique, les data centers sont aussi au cœur de ce sujet.

Il ne peut y avoir d’émergence sans digital (aussi bien pour les administrations que les entreprises), il ne peut y avoir de digital sans données et donc … pas de données sans data centers. Si les câbles sous-marins ont récemment permis un désenclavement de l’Afrique, ils ne permettent pas de pouvoir tout gérer hors d’Afrique. En cela il y a donc un besoin technique d’avoir des data centers en Afrique. Ce besoin technique est souvent couplé d’un besoin réglementaire ou politique d’avoir certaines données sur le territoire national (liste électorale par exemple) ou en tout cas pas dans des data centers sensibles à certaines formes de piraterie.
Construire un data center représente un investissement de plusieurs millions d’euros et nécessite des compétences diverses (génie civil, BTP, réseaux, informatique, sécurité, etc.) qui sont parfois difficile à trouver selon les bassins locaux d’emplois. Se sont aussi des bâtiments sensibles à leur environnement. L’absence de zone fortement sismique en Afrique est un atout. Les zones désertiques et leur sable le sont moins. Plus globalement le principal souci technique réside dans le fait que les data centers nécessitent des conditions de refroidissement fortes (d’où beaucoup de data center en Norvège) ce qui n’est pas le fort de l’Afrique, continent plutôt chaud.
En ce cas la climatisation devient en Afrique, plus qu’ailleurs, un enjeu et c’est donc l’alimentation électrique est alors le premier sujet de préoccupation. Il faut une alimentation électrique stable et continue. Au final le problème est donc souvent financier car si cet approvisionnement électrique est possible techniquement, le coût en Afrique d’une telle garantie de service n’est pas négligeable.

La question du financement est donc, comme souvent clé

A ce titre, les data centers sont un bon exemple d’infrastructures où des financements mixtes peuvent avoir du sens. Des partenariats publics-privés peuvent être mis en place ou des financements de bailleurs de fond proposés. Ceci n’empêche pas à des investisseurs privés, tels Monaco Télécom, eux aussi d’investir et, après, de proposer leur service aux acteurs locaux ou via des partenaires locaux qu’ils aident à acquérir le savoir-faire nécessaire. Bref, plusieurs bonnes fées peuvent se pencher sur le berceau des data centers et c’est une bonne nouvelle car ils sont indispensables au développement des services numériques.
Le développement des data centers s’inscrit dans un écosystème complexe où plusieurs acteurs travaillent aussi bien équipementiers, opérateurs, SSII que services de l’Etat. Les enjeux vont souvent au-delà de la simple question commerciale liée à ces data centers. Il est nécessaire d’avoir (ou de développer) un bassin d’emplois avec les compétences requises. Selon sa taille et le développement numérique, un data center peut pour un emploi direct créé en créer 100 autres ! Il y a donc bel et bien un écosystème en développement autour de ces installations.

Les Etats et les opérateurs télécoms sont deux acteurs clés avec des enjeux structurant

L’Etat, tout d’abord, car c’est un élément de la modernisation de son territoire – des projets de data center sont souvent liés à des projets plus vastes de technopoles ou de smart cities – et de constitution d’une vraie cyberadministration (archivages des données, données personnelles des citoyens, données sur le patrimoine). Il est donc particulièrement concerné en tant que bénéficiaire des apports d’un data center mais aussi en tant que régulateur (accès universel) ce qui pose parfois débat.
Pour les opérateurs télécoms, l’enjeu est certes de s’inscrire dans un champ commercial mais qui va souvent au-delà du data center. Via un data center, un opérateur peut proposer une véritable offre B2B aux différents acteurs locaux (professionnels, TPE, PME, filiales de grands groupes et bien sûr administration). A terme, il peut aussi étendre son offre au grand public.