Le mariage Microsoft-LinkedIn : un séisme dans le monde du travail ?

Le 13 juin dernier, Microsoft annonçait le rachat de LinkedIn pour 26,2 milliards de dollar. Outre son intérêt purement business, cette acquisition va avoir un impact sans précédent sur l’évolution des lieux de travail et sur l’autonomisation de la productivité.

Selon Microsoft et LinkedIn, cette acquisition est la combinaison parfaite de deux entreprises ayant le même objectif : améliorer la productivité au sein des sociétés. Cette combinaison porte sur les tendances qui affectent la façon dont nous organisons le travail pour maximiser la productivité, surmonter les obstacles et accueillir de nouveaux collègues.

Rester connecté avec les « master minds »

Dans un monde de plus en plus rapide, connecté et où la concurrence est toujours plus accrue, le travail au quotidien devient lui aussi plus complexe. Chaque entreprise recherche aujourd’hui des employés multitâches aux compétences diverses pour répondre à des missions où la rapidité, la créativité et l’efficacité sont de mise. Pour autant, nous avons tendance à faire face aux problèmes en nous entourant de collaborateurs que nous connaissons et envers qui nous avons confiance. Les sociologues font référence à ces contacts en les qualifiant « de liens sociaux forts », tandis que d’autres font référence à des « usual suspects ». A l’opposé, on trouve les professionnels extérieurs avec qui nous partageons « des liens sociaux faibles » : des personnes que nous ne connaissons pas, ayant un large éventail d’idées, de personnalités et de compétences. Certains les appellent les « master minds ».

En soi, il n’y a aucun problème à résoudre des problèmes inextricables avec des collègues que nous connaissons bien. Après tout, ils évoluent dans la même entreprise et semblent donc les mieux placés. Mais représentent-ils les meilleures ressources auxquelles nous puissions avoir accès ? Pas nécessairement, les personnes susceptibles de nous aider sont au contraire le plus souvent des contacts avec qui nous entretenons des liens faibles.

C’est précisément là que cette fusion montre tout son potentiel. Si Microsoft peut lier ses outils de productivité à la vaste base de données disponible sur LinkedIn et nous permettre d’identifier plus facilement les liens faibles, nous pouvons, en tant qu’entreprise, communiquer plus aisément sur les profils et les compétences que nous recherchons pour améliorer notre productivité.

Autrement dit, les 430 millions d’utilisateurs de LinkedIn forment un carnet d’adresses massif et virtuel. En combinant ces contacts avec la palette d’outils de collaboration de Microsoft, nous pouvons trouver plus facilement les meilleurs profils possibles.

Collaborer avec cette main d’œuvre élargie

La deuxième conséquence de cette fusion va directement concerner le visage même de nos lieux de travail. Une récente enquête menée auprès de 200 grandes entreprises a mis en lumière que les intérimaires représentent, en moyenne, 22% de la force de travail des entreprises – et cette tendance continue à se confirmer. Software Maker Intuit présage que, d’ici à 2020, 40% des employés américains seront des freelances – cela représente plus de 60 millions de personnes.

Si cette tendance continue, la plupart des personnes travaillant dans nos entreprises ne seront plus des employés. Ils seront soit indépendants, soit des intérimaires passant d’une entreprise à une autre après leurs missions. Les gourous des ressources humaines appellent cette tendance « la main d’œuvre élargie ». Ces nouveaux travailleurs vont former un réseau sans cesse croissant de travailleurs indépendants, consultants, sous-traitants et fournisseurs qui n’interviennent pas à partir d'un seul endroit, mais de partout. Cette tendance s'accélère d’autant plus que les "Millenials" évitent les emplois de bureau traditionnels en faveur de structures beaucoup plus souples.

Cette fusion devrait nous permettre d'identifier, de nous connecter et de collaborer plus facilement avec ces travailleurs pour créer les équipes virtuelles qui vont contribuer à créer les lieux de travail du futur. Au cours d’une seule et même recherche sur LinkedIn, nous pouvons trouver les personnes dont les compétences nous intéressent, réaliser un entretien par Skype for Business avec chacun des prétendants aux postes, mettre en relation les membres d’une même équipe et avoir tous les outils nécessaires pour collaborer – et tout cela à partir d’une seule et même plateforme intégrée.

Le succès dans l'environnement des affaires de demain sera marqué par un besoin accru de se connecter et de collaborer. De ce point de vue seul, la combinaison de Microsoft et LinkedIn prend tout son sens. Est-ce que cela marchera réellement ? Wait and See.