DevOps : une opportunité pour le secteur bancaire et assurantiel pour innover

« No go » pour la mise en production de l’application ! Voici deux mots que craignent notamment les équipes de développement. En parallèle, le business est furieux et chacun accuse l’autre d’incompétence. Comment éviter cet écueil ? Une des solutions s’appelle DevOps.

Alors que les approches itératives Agile ont rapproché le business et les équipes de développements, DevOps rajoute les équipes chargées de l’exploitation et de la surveillance de l’infrastructure. Ainsi, les équipes de développements (Dev) sont associées aux équipes d’exploitation (Ops en anglais) dans la production d’une application. Ces méthodes se sont répandues dans différents secteurs d’activités. Selon une étude Gartner diffusée en 2016, plus de 25% des grandes organisations qui forment le « Global 2000 » auront leur stratégie IT définie par cette philosophie.

En pratique, DevOps promeut la simplification et l’automatisation de plusieurs process tels que l’intégration continue, jusqu’à l’automatisation des tests afin de recevoir au plus tôt les retours des utilisateurs internes et externes. Par conséquent, les entreprises qui ont adoptées ces méthodes ont vu une amélioration de la qualité de leurs services IT tant au niveau de la maintenance que de la sécurité, ainsi qu’une mise en production facilitée.

De plus, grâce à l’importance accordée à la communication entre les équipes, les applications correspondent aux besoins des utilisateurs tout en réduisant le time-to-market et assurant un niveau de bug maitrisé. En Asie, l’équipe de tests de la branche de Lloyd’s a réussi à réduire le temps d’exécution de 20 tests à une minute en mobilisant une seule personne au lieu de 5 jours homme pour la même quantité de travail.

Retrouver le chemin de l’innovation

Conscientes des gains de productivité qu’apporte DevOps, de plus en plus d’entreprises du secteur banque-assurance commencent à mettre en place ces pratiques. Quel autre choix auraient-elles face à la concurrence des Fintechs et des firmes comme Google ou Orange alors que le secteur financier traditionnel se bat avec sa dette technique ?

De par leur histoire, les banques et assurances ont produit des innovations informatiques pour leurs clients à l’instar du paiement par carte bancaire ; mais depuis, pas grand-chose alors que les modes de consommation ont considérablement évolués. Qui plus est, le coût de maintenance des services IT est de plus en plus élevé et leurs évolutions doivent suivre de longs cycles de développement. En face, nous avons des entreprises digitales, championnes du CRM, qui ont les compétences pour créer des robots financiers, bientôt capables de remplacer les gestionnaires de patrimoine. Est-ce que les acteurs du secteur financier veulent juste devenir une chambre enregistreuse d’opérations financières ? De par les pratiques DevOps, l’ensemble des applicatifs seraient moins dépendants de ces cycles et renouvelés dans une logique business innovante pour contrer cette concurrence des établissements technologiques.

En plus des consommateurs, le secteur financier fait face à un environnement législatif aux contraintes croissantes. Celles-ci peuvent impacter n’importe quel service IT, en faveur ou pas de l’utilisateur, avec un coût élevé pour l’entreprise. En adoptant les méthodologies itératives, les banques et assurances possèderont la capacité de répondre aux dispositions règlementaires de manière économique et dans un délai raccourci.

Se digitaliser grâce aux entreprises numériques

Rome ne s’est pas construite en un jour; pour ING Bank, cela a pris six ans pour modifier sa culture d’entreprise. Le CIO d’ING s’est lancé dans cette aventure en 2010 en assistant à une conférence Google i/o. Revenu enthousiaste, il a souhaité changer son modèle d’organisation en mettant en avant le personnel de son département et non pas les process et les outils (« a fool with a tool is still a fool »). Depuis leur transformation culturelle, 500 ingénieurs ont été embauchés et leur personnel informatique est actif dans les communautés open source comme Linux ou Microsoft. Cette implication enrichit les connaissances du personnel informatique en participant aux nouvelles tendances du développement et des outils utilisés au bénéfice de la firme.

Comme l’a conclu le CEO d’ING Ralph Hamers, « we have to recognize that technology is what banks do". Le top management doit replacer les départements IT au centre de leur stratégie pour créer des services innovants dans un environnement stimulant pour les développeurs. Ainsi, plus de jeunes diplômés sortant des écoles d’ingénieurs, actuellement enclins à intégrer les compagnies numériques, se dirigeront vers les entreprises financières.

Les banques & assurances peuvent s'inspirer de modèles maintenant éprouvés comme Amazon. Comment une librairie en ligne est devenue un mastodonte technologique ? Aujourd’hui, Amazon propose à d’autres entreprises ses propres services informatiques, une activité en forte croissance ! Le management d’Amazon a saisi la pertinence de développer une plateforme pour relier toutes les données des SI des différents départements internes. Pour cela, Amazon a dicté des principes DevOps aux ingénieurs pour construire ces moyens de communication. Imaginez une interface règlementaire en liaison avec les départements des opérations bancaires, capable d'approuver ou de bloquer une transaction en fonction des échanges de données entre le service juridique et ceux des transactions.

DevOps est compatible avec le secteur bancaire et assurantiel à la condition que les comités de direction soient prêts à relever les défis posés par la conduite de changement tant au niveau des ressources humaines qu’à celui de l’acceptation des erreurs inhérentes à un changement de culture d’entreprise. Cette démarche peut ne pas s’arrêter au département IT, la banque Barclay’s a introduit les méthodes itératives dans d’autres départements internes comme les ressources humaines ou l’audit interne mais ses concurrents suivront-ils ?