Ne gâchons pas l’opportunité de faire de l’innovation technologique une force de changement

La technologie bouleverse et transforme les entreprises et l’humanité. Ces innovations nous pousseront-elles vers le haut quelle que soit notre situation ? Ou bien seront-elles réservées à quelques privilégiés ?

Ce sujet me passionne au plus haut point, et je crois vraiment que la réponse est oui, les nouvelles technologies profiteront à tout le monde sur terre. Nous avons tous un rôle à jouer sur le cours de l’innovation et sur sa capacité à livrer tout son potentiel. Le fait est qu’en soi, les nouvelles technologies ne sont ni bonnes ni mauvaises, l’essentiel est de les utiliser pour résoudre des problèmes concrets.

Il est difficile d’avoir toutes les réponses, et il n’existe pas de solution simple aux problématiques complexes d’aujourd’hui. Mais au vu de l’évolution du secteur depuis 40 ans, je suis très optimiste et enthousiaste pour l’avenir.  

Utiliser les nouvelles technologies pour résoudre les problèmes d’aujourd’hui et de demain

Mon optimisme résulte en partie de l’association de quatre super pouvoirs extraordinaires et complémentaires désormais à notre disposition : les technologies mobiles, le cloud, l’intelligence artificielle et l’Internet des objets. Seuls, ils sont puissants. Ensemble, ils vont transformer la qualité de vie des individus du monde entier. Les technologies mobiles possèdent une portée sans précédent ; le cloud offre une extensibilité jusqu’ici inimaginable ; l’intelligence artificielle permet d’extraire des connaissances à partir d’énormes quantités de données en temps réel, et de s’en servir pour mettre en œuvre de nouveaux business models ; enfin, l’IoT connecte les mondes réel et virtuel, et intègre la technologie dans tous les domaines où s’aventure l’homme.

Alors comment mettre tout cela à profit pour faire face aux principaux défis d’aujourd’hui ?

Commençons par les problématiques de santé. Bien que le risque de pandémie soit omniprésent depuis des millénaires, les algorithmes d’apprentissage permettent de créer des médicaments révolutionnaires, d’améliorer les diagnostics et de concevoir des plans de traitement bien plus efficaces que toutes les approches précédentes. Grâce au séquençage du génome/de l’ADN humain, nous avons fait un grand bond en avant dans la compréhension et le traitement des maladies. Les avancées en matière de télémédecine rendent désormais les soins modernes accessibles à des milliards de personnes situées dans des endroits excentrés et difficiles d’accès. Selon la Fondation Bill Gates, tous les ingrédients sont désormais réunis pour éradiquer le paludisme d’ici 2040. Enfin, grâce à la thérapie génique et aux technologies bioniques actuelles, éliminer la cécité à l’échelle mondiale est dorénavant dans le domaine du possible. 

La crise environnementale imminente tend également à s’imposer comme notre plus grand défi. Pour faire face aux conséquences de l’ère industrielle, les progrès considérables réalisés autour de sources d’énergie renouvelable nous donnent l’espoir de pouvoir relever ce défi fondamental. Des initiatives en matière d’IoT et de villes intelligentes ont d’ores et déjà été lancées pour s’attaquer à l’impact environnemental négatif du bâtiment et des transports (respectivement 20 et 25 % des émissions mondiales), et accroître considérablement l’efficacité énergétique de nos lieux de vie et de travail. D’ici 2050, les véhicules totalement électriques représenteront 75 % des ventes mondiales. L’innovation technologique contribue aussi à l’adoption de nouvelles approches de gestion de l’eau et des déchets. Enfin, l’IoT peut littéralement révéler le potentiel de l’économie circulaire, et offre la possibilité de superviser et de « ressentir » l’état de la planète avec une précision sans précédent.

Poursuivons par l’extrémisme. Là encore, il n’existe pas de remède miracle, mais je suis convaincu que la clé est l’espoir reposant sur l’éducation (grâce notamment à l’accès généralisé à Internet et aux téléphones portables low cost) et les opportunités qui naissent de la croissance économique. L’emploi est également un facteur essentiel de cette équation : les nouvelles technologies joueront certainement un rôle clé pour les dix prochaines années, créant les emplois de demain. Selon les estimations récentes de l’Institute For the Future, 85 % des emplois de 2030 n’ont pas encore été inventés à l’heure actuelle. Il est donc de notre devoir de renforcer nos investissements et l’accès à la formation pour que cette évolution profite à tous.

Pour finir, venons-en à la pauvreté. Bien que des progrès considérables aient été accomplis, 700 millions de personnes vivent encore avec moins de 1,60 € par jour. Si le phénomène se concentre essentiellement sur des zones rurales, les portables à bas coût ont changé la donne et sont désormais aussi essentiels à la réussite des agriculteurs que le bétail, les semences, l’eau et l’engrais. Ces derniers peuvent notamment profiter de microcrédits, de prix établis en temps réel, de prévisions météorologiques, et accéder directement à des informations sur des meilleures pratiques en matière d’élevage, de rotation de cultures, de gestion de cépages, etc.

Rester tourné vers l’avenir

Chacune de ces problématiques est extrêmement complexe, et nous savons que la technologie n’est pas la panacée pour l’ensemble des problèmes de la planète. Cependant, l’innovation est selon moi l’outil le plus puissant dont nous disposons pour faire face ensemble aux principaux obstacles au progrès et à l’amélioration de notre qualité de vie.

Les technologies évoluent aujourd’hui à une vitesse sans précédent, et pourtant la plus lente par rapport au reste de notre vie. Les périodes de bouleversements majeurs peuvent surprendre et faire peur, mais ne perdons pas de vue le fait que ces technologies ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi. C’est à nous qu’il revient de faire en sorte que ces incroyables innovations concrétisent tout leur potentiel sur les dix prochaines années et profitent à tous, et non à une communauté restreinte. Plus que jamais, nous, les acteurs du secteur des nouvelles technologies– avons la responsabilité individuelle et collective de nous impliquer et d’agir, pas seulement au sein de nos propres entreprises, mais aussi pour influer sur les politiques et réglementations mises en œuvre dans le monde entier, afin que le développement de ces outils se fasse dans l’intérêt supérieur de la société.