La gestion des talents gagne ses lettres de noblesse

Véritable levier de productivité mais également tremplin à la gestion des carrière des collaborateurs, la gestion des talents devient une brique RH recherchée des entreprises. Et également des éditeurs.

Dans le contexte de la Loi Borloo et des nouvelles obligations triennales de négociation pour accroître la compétitivité des entreprises, la gestion des talents tend à occuper une place de choix dans les systèmes d'information en ressources humaines (SIRH).  

A la croisée des problématiques RH clés (mobilité interne, formation, gestion des carrières, des rémunérations, du recrutement...), elle semble même dépoussiérer la brique de Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences (GPEC) et aiguiser les appétits des éditeurs du secteur, qu'ils soient aussi bien généralistes que spécialistes.

"Les éditeurs de solutions de gestion de formation comme Inser ou Foederis proposent un module de gestion des compétences tout comme ceux spécialisés dans le recrutement parmi lesquels Taleo, sans compter ceux spécialisés dans la gestion administrative et des ressources humaines", fait ainsi savoir Gérard Pietrement, consultant associé au sein du cabinet d'expertise RH Danae.

Visant à renforcer la cohérence entre les besoins de l'entreprise et les compétences de ses collaborateurs, la gestion des talents s'inscrit dans un mouvement de recherche de gain de productivité auquel ils sont - de plus en plus souvent - pleinement associés. Ce qui était loin d'être systématiquement le cas auparavant.

"Ces dernières années, les entreprises ont pris conscience que les ressources humaines ne pouvaient pas être considérées comme de simples actifs au même titre que des chaises ou des bureaux et qu'il était aussi dans leur intérêt de les valoriser et de les faire progresser", analyse Kristof Vasselon, Solution Consultant Manager EMEA au sein de Taleo.

"Pour certaines entreprises, une gestion manuelle des talents reste d'actualité" (Jérôme Bruyas - CBL Consulting)

Pour les aider à cerner les bons profils au bon moment et capitaliser sur les savoirs-faire existants, les entreprises peuvent donc recourir à des solutions qui peuvent aussi bien revêtir la forme d'offres best of breed (Inser, Foederis...) qu'intégrées (Oracle HCM, SAP ERP HCM...). Pour autant, il n'est pas rare de rencontrer des systèmes de gestion des talents manuels mis au point par les DRH, voire par les directions métiers elles-mêmes.

"Si la gestion des talents ne nécessite pas nécessairement de mettre en place une application informatique pour 2 ou 10 employés, elle devient en revanche beaucoup plus préoccupante lorsque l'entreprise atteint les 3 000 collaborateurs", avertit Kristof Vasselon.

Et Jérôme Bruyas, directeur commercial chez CBL Consulting de préciser de son côté : "à la différence d'un processus RH comme celui de la paye qu'il serait inimaginable de réaliser à la main à partir d'une certaine taille d'organisation, la gestion manuelle des talents reste encore d'actualité, surtout qu'un certain nombre d'entreprises ont eu du mal à se remettre de toutes sortes de projets de GPEC menés sans véritable cohérence".

Pour autant, qu'elles optent pour une approche progicielle ou bien plus artisanale, les entreprises affichent au final un besoin commun de pouvoir déverser des informations relatives à la gestion du capital humain et de la performance - dont la gestion des talents est issue - dans d'autres briques du SIRH. Mais de façon inégale selon les secteurs d'activités.

"Dans certaines industries on constate une très forte intégration entre les systèmes de planification et ceux de la gestion des talents qui permet de mettre en commun des informations individuelles pour chaque opérationnel qui aurait besoin de faire appel à un collaborateur non seulement compétent mais également disponible", poursuit Jérôme Bruyas.

Indifféremment des secteurs dans lesquels le projet de gestion des talents sera déployé, encore faut-il veiller à ne pas négliger certaines clés. "Pour réussir son projet d'implémentation, il faut s'assurer que l'on dispose bien d'un outil utilisable dans le monde entier et que les composantes de support de la gestion des talents soient pour leur majeure partie déjà mises en place", avertit Gérard Pietrement.