Le DMP de nouveau sur la rampe de lancement

Après plusieurs années d'égarement, le Dossier Médical Personnel a finalement été relancé. Sécurisation et hébergement multi-sites sont au rendez-vous avant une ouverture progressive aux patients.

Annoncé pour la première fois en 2004 (loi du 13 août 2004), le Dossier Médical Personnel (DMP) vient d'être relancé tambour battant. Pourtant, depuis cette date, le projet soutenu par les plus hautes instances de l'Etat, a largement battu de l'aile.

Alors qu'il devait être mis en service courant 2007, le DMP n'a en effet pas cessé d'être repoussé. Mais après avoir connu de nombreux dysfonctionnements pointés du doigt par la Cour des comptes dans son rapport annuel 2009 (lire notre article 04/02/2009 : Echec du DMP : la Cour des comptes donne sa version des faits), le projet est finalement parvenu à sortir de terre. Non sans faire table rase du passé.  

 

La création d'une agence pour porter le projet

"Le choix de s'orienter vers un GIP [Groupement d'Intérêt Public, NDLR] pour gérer le DMP a été spontané et un peu naïf à l'époque, et c'est pourquoi il a été dissout au bénéfice de la création en 2009 d'une agence de santé qui elle est entièrement dédiée au chantier. Ce qui permet une approche plus globale d'urbanisation du système de santé, dépassant de loin le simple projet applicatif ", explique Jean-Yves Robin, directeur de l'Agence des Systèmes d'Information Partagés de Santé (ASIP Santé).

Depuis un an, un coup d'accélérateur a donc été donné au DMP. Au printemps dernier, un consortium mené par Atos Origin et La Poste, et dans lequel on trouve Evalab, Extelia, HSC, Softway Medical Services et Santeos, a été mis sur pied pour prendre en charge la partie hébergement.
 

"La phase d'homologation des logiciels est en cours, et concerne déjà plus de 80 éditeurs " (Jean-Yves Robin - ASIP Santé)

Un projet qui, rappelons-le, permet aux assurés sociaux d'accéder à leurs informations médicales (historique des données, traitements et soins en cours, comptes-rendus d'hospitalisation, imagerie médicale, analyses de laboratoires, vaccinations...).

Après avoir franchi l'étape de conception fonctionnelle, le DMP est entré dans une nouvelle ère. Celle du test qui consiste tout au long du premier trimestre 2010 à permettre aux professionnels du secteur de la santé (hôpitaux, plateaux techniques de santé, comme la radiologie et les laboratoires, et médecins de ville) d'injecter dans le système informatique les premières informations médicales des patients qui souhaitent créer un DMP.

Sachant qu'il reste encore aux éditeurs à mettre à jour leurs solutions afin de les rendre compatibles avec le DMP. "Aujourd'hui, les accès Web sont en place pour permettre de tester l'hébergement des données et la phase d'homologation des logiciels de santé a débuté avec plus de 80 éditeurs qui se sont inscrits auprès de l'ASIP Santé pour homologuer leurs solutions", fait savoir Jean-Yves Robin.

Une homologation qui est loin d'apparaitre comme une sinécure pour certains éditeurs, en particulier les plus petits ou ceux dont les solutions sont écrites dans des langages pas foncièrement souples. 

L'ASIP prévoit d'accompagner les éditeurs pour les aider dans leurs démarches d'homologation


"Pour les 20% d'éditeurs qui représentent 80% du marché il n'y aura pas de problème majeur, mais pour les 80% restants ce sera plus difficile, surtout pour les acteurs dont les logiciels sont écrits en C++++ et C# qui ont construit leurs solutions sur des modèles propriétaires se prêtant moins à la standardisation que les solutions sous Asp.Net ou Java", poursuit Jean-Yves Robin.

Mais pas question pour l'ASIP Santé de laisser un éditeur sur le bord du chemin. Une démarche d'accompagnement et de suivi personnalisé dans le processus d'homologation est ainsi prévue. A partir d'avril, les premiers déploiements sont prévus sachant que la sécurité a constitué, sans surprise, une problématique de premier plan sur laquelle l'agence s'est concentrée. Tant d'un point de vue professionnel que patient.
 

Authentification forte et hébergement sur deux sites redondants

"En tant qu'autorité de certification, nous avons la capacité de délivrer des certificats de chiffrement et des cartes à puce à tous les professionnels de santé. Nos solutions d'authentification forte comportent des certificats de type serveur pour protéger les flux, et s'assurer que leur sécurisation est bien à l'état de l'art", fait remarquer Jean-Yves Robin.

Le DMP quant à lui, est créé à partir d'un identifiant de santé unique, baptisé identifiant national de santé, un numéro à 22 chiffres, conçu à partir des informations stockées dans la carte Vitale (et différent du numéro de sécurité sociale).

En ce qui concerne l'hébergement des données, l'agence a mis en place un mono hébergement sur deux sites redondants, géographiquement distants de 300 km. Sans compter également la mise en place de traditionnels tests de restauration de données.

Bénéficiant d'un budget de 83 millions d'euros pour 2010, l'ASIP Santé estime le coût d'exploitation de chaque DMP à moins de 1 euro par an. Ce qui ne l'empêche pas de consacrer pour le moment un budget annuel de 10 millions d'euros pour l'hébergement, auquel s'ajoute une enveloppe de 12 à 13 millions d'euros pour la première phase de déploiement prévue en avril.
 

"Avant la généralisation du DMP, nous prévoyons une grande phase de retour d'expérience, d'analyse fonctionnelle et ergonomique du système avant de passer à la version suivante prévue pour septembre sachant qu'il faudra sans doute compter quelques années avant son appropriation par les acteurs", prévient Jean-Yves Robin.