Xavier Aucompte (Web escape agents) "La grippe A favorise le déploiement du collaboratif 2.0"

La mise en oeuvre de PCA permet d'anticiper les effets négatifs qu'une pandémie pourrait avoir sur l'entreprise. Miser sur le collaboratif 2.0 et le télétravail peut aussi se révéler payant.

JDN Solutions. Les entreprises sont-elles prêtes à faire face à la menace pandémique liée à la grippe A ?

Xavier Aucompte. Plus de 80% des entreprises ne sont pas prêtes et rares sont les PME en état de combattre cette nouvelle menace. Engluées dans la crise économique, elles voient souvent cela avec fatalisme, attendent et n'éprouvent pas plus de motivation que cela à se préparer. La plupart d'entre elles adoptent une vision minimaliste de la prévention, en dépit des actions très médiatiques engagées par l'Etat et les acteurs locaux.

Du côté des grands groupes, des cellules de crise ont été mises en place mais bien souvent, elles relèvent plus de l'exercice de communication qu'autre chose. Les employés sur le terrain restent peu, voire pas du tout, impliqués dans le plan d'action contre la grippe A. Lavage de mains avec une solution hydroalcolique et masque sur le visage exceptés, personne ne sait quoi vraiment faire en cas de pandémie avérée.  

La préparation à la crise se fait avec la réalité des entreprises. Les plus grosses entreprises vont certainement souffrir de leur incapacité à intégrer les usages du 2.0. Chez elles, l'état du collaboratif est encore souvent à ses débuts et peu sont réellement capables de faire du télétravail par exemple.

Les outils collaboratif 2.0 et le télétravail ont-ils un rôle clé à jouer pour lutter contre la grippe A ?

La lutte contre le risque pandémique est un combat de tous les jours

N'oublions pas tout d'abord que le télétravail est loin de concerner toutes les entreprises car tout le monde ne travaille pas devant un ordinateur. Celles qui sont moins concernées par le télétravail, mais également les autres, devraient aussi se concentrer sur les moyens de maintenir les liens de communication avec et entre leurs employés, en s'équipant par exemple de flottes de terminaux mobiles.

Celles qui ont l'habitude d'utiliser ce type d'outils seront bien sûr favorisées par rapport à celles qui n'en ont jamais utilisés, c'est une certitude. Mais les outils collaboratifs 2.0 ne sont pas les seuls à pouvoir rendre un tel service. Les offres de télétravail proposées par tous les opérateurs de téléphonie incluant téléphonie, connexion Internet et outils de collaboration sont très intéressantes.

Cette crise de la grippe A jouera sans doute un rôle d'accélérateur ou de déclencheur, en fonction de la maturité des entreprises, au déploiement d'outils collaboratifs et d'intranet 2.0. Mais attention à ne pas se lancer sans réfléchir dans ces projets sans une stratégie long terme, une vision du management. Il faut une entreprise et des salariés prêts, sinon le remède risque de faire plus de dégâts que le mal.

Quelles bonnes pratiques de lutte contre la grippe A préconisez-vous ?

Tout d'abord, il faut bien garder à l'esprit qu'il est impossible de revoir son organisation toute entière en quelques jours seulement. Mais il est possible d'aller à l'essentiel en veillant à mettre en œuvre une méthodologie précise. Elle passe en 6 points particuliers : organiser une entreprise de crise, gérer et protéger les points vitaux, préparer les actions de prévention, informer les salariés au fil de l'eau, tester ses préparatifs en scénarios et écoutez les idées et informations de l'externe en jouant la carte de la solidarité.

La phase de prévention est au cœur de tout le dispositif

Le plus important pour l'entreprise, c'est d'éviter d'aller vers un point de rupture, c'est-à-dire celui qui l'empêchera du jour au lendemain de perdre tout ou grande partie de sa productivité. Si la pandémie fait des ravages, il faudra conseiller à un collaborateur qui présente des symptômes de cesser immédiatement son activité et de rentrer chez lui. Car il vaut mieux que l'entreprise se passe d'une seule personne plutôt que de tout un service entier, contaminé par le collaborateur en question.

La phase de prévention est donc au cœur de tout, et en particulier du plan de continuité d'activité. Elle doit être pensée bien en amont et ne pas se limiter à l'achat de masques et de savons. Elle doit être un sujet de préoccupation quotidienne et aboutir à des comportements adaptés comme cesser les contacts physiques entre collaborateurs. La lutte contre le risque pandémique est un combat de tous les jours.

Il faut également autant que possible tendre vers une organisation plus souple qui doit faire preuve d'un maximum de transversalité et de délégation des savoir-faire. Un service, une entreprise, un management ne doit pas s'arrêter du jour au lendemain car une personne n'est plus là précipitamment. Il faut donc faire en sorte de préserver les flux verticaux de personnes et faire en sorte qu'aucun collaborateur ne monopolise toute l'information.