Les serious games dynamitent la formation "Dans l'univers de la formation, il y a des moyens parce que les enjeux sont lourds"

JDN Solutions. Pourquoi les serious games attirent un nombre croissant d'entreprises ? 

Vincent Leclercq. Le serious game, qui émerge dans le paysage de la formation et des entreprises, est un nouvel outil, peut-être même un nouveau media, particulièrement bien adapté à la génération des trentenaires d'aujourd'hui. Ces jeunes salariés sont nés avec le jeu video.  

L'interactivité, la mobilité, le challenge, le clavier, l'écran tactile, le fonctionnement en réseau, constituent le b.a.-ba de leur culture, et les pratiques vidéoludiques, qui sont multiples, répondent en partie à leurs attentes d'autonomie, de vitesse, d'ubiquité, de plaisir.  Le serious game cherche à surfer sur ces vagues-là.

Le serious game vient-il remplacer ou compléter l'éventail des outils de formation existants ? Pour répondre à quels besoins ?

Dans le cadre spécifique d'une utilisation du serious game en formation, il ne peut évidemment s'agir que d'une composante de la formation, qui ne remplace en aucun cas le présentiel, mais qui peut en modifier le contenu ou la durée. Par ailleurs, s'il existe de nombreux projets de serious games pour la formation des commerciaux, je ne pense pas que l'on puisse encore parfaitement mesurer leur efficacité finale.

"Quelle que soit la nature du sujet sérieux, le jeu doit être un vrai jeu, avec des règles, un objectif, un contexte"

Pour l'instant, on sait que les personnes formées avec des serious games les apprécient. Mais, seul un suivi rigoureux, mis en place avec des laboratoires de recherche, pourra vraiment mesurer l'efficacité de ces nouveaux outils d'apprentissage.

Quels sont les points clés pour réussir un projet de serious game ?

A la lumière des deux années écoulées, au cours desquelles le Pôle Images Nord-Pas de Calais a investi sur le concept de serious game, je pense qu'un bon projet de serious game  repose sur trois qualités : un bon game play. Quelle que soit la nature du sujet sérieux, le jeu doit être un vrai jeu, avec des règles, un objectif, un contexte. Mais aussi une histoire, une mesure de performance et une ergonomie adaptée.

Ensuite, le jeu doit affiché un contenu et des objectifs pédagogiques maitrisés et mesurables. Et, enfin, un modèle économique réaliste : dans l'univers de la formation, il y a des moyens, parce qu'il y a des enjeux lourds. Le modèle économique est donc simple. Mais, cette vision n'est pas partagée dans tous les domaines. Dans le secteur de la santé par exemple, c'est souvent moins simple.

Vincent Leclercq est directeur général du Pôle Images Nord-Pas-de-Calais.