Réseau social d'entreprise : comment assurer sa réussite Amélie Voirin (Voirin Consultants) : "Un réseau social d'entreprise doit s'affranchir de toute notion de hiérarchie"
JDN Solutions. Quels sont les prérequis à la réussite de son projet RSE ?
Amélie Voirin. Elle repose sur quatre grands piliers. Tout d'abord l'analyse d'un contexte et de la culture d'entreprise qui amène à prendre le pouls par rapport à la maturité de l'organisation globale, la relation à la hiérarchie, les méthodes de travail historiques, les enjeux générationnels entre les babyboomers et ceux de la génération Y et C, celle de la collaboration, de la communication et de la création.
Ensuite, il est important d'avoir un outil, et d'être au claire sur les besoins, l'innovation, l'intelligence collective, et le renforcement de la culture d'entreprise. Avec à la clé la mise en place d'un annuaire d'expertise et l'optimisation des processus collaboratifs qui font intervenir différentes personnes.
Le troisième pilier est celui de la vision, tenant compte du contexte et du besoin de définir une grande vision des objectifs à atteindre pour que les énergies soient concentrées pour atteindre un objectif commun.
Enfin, le dernier pilier est le plan d'accompagnement, avec la déclinaison en actions concrètes de la vision. Cela se traduit par le choix d'un outil de conduite du changement, une gouvernance de l'organisation à mettre en place, un point aussi sur l'animation avec le community management, mais aussi programmer sur le moyen-long terme un suivi à opérer. Enfin, il s'agit de mettre en œuvre des choses plus concrètes : la planification RH, techniques financières...
"Il faut que la direction soit présente mais pas omniprésente"
Quels sont les clés pour faire de son projet RSE un succès ?
Tout dépend du contexte dans lequel le réseau social d'entreprise va émerger. On s'aperçoit que cela peut être un besoin terrain, un outil pas forcément officiel, et ceux qui en sont garants n'ont pas forcément de compte à rendre, mais ils en voient bien la valeur ajoutée. Cependant, les projets que l'on voit passer sont imprimés de volonté, font l'objet d'un investissement financier, avec une direction générale impliquée pour légitimer le projet. En termes de légitimité, plus elle viendra de haut et plus cela sera intéressant.
En termes de conduite du changement des utilisateurs, elle viendra plutôt du middle management, en termes d'implication, il faut que la direction soit présente mais pas omniprésente, et que ce ne soit pas le manager qui répondent à toutes les questions au risque de développer la perte de confiance et de liberté de parole des membres.
Il faut également miser sur le face à face, le RSE ayant vocation à créer du lien, et mettre une touche humaine sur le numérique, en ne négligeant pas le contact en présenciel. Il faut aussi miser sur les fonctionnalités ayant de bons quick wins, et chaque fonction déployée devra montrer des axes concrets de changement et de valeur ajoutée. Quitte également à créer des pilotes pour exploiter les retours d'expérience les plus valorisants.
Comment faire vivre son réseau social dans le temps dans le temps ?
"Les communautés doivent s'affranchir de toute notion de hiérarchie"
Pour faire vivre le RSE dans le temps, il faut s'appuyer sur le community manager. On croit beaucoup à l'animation en cascade dans le RSE. Il faut compter sur les effets de viralité pour assurer son succès. Il existe plusieurs types de community managers avec en haut un super community manager qui est un manager de communauté qui assure un rôle de coaching, garant de la transversalité entre les communautés.
Ensuite viendront des community managers de second niveau, animateurs de communautés pour lesquels il est essentiel de compter sur des forces relais, membres actifs et influents pour amener de la dynamique. Ces personnes reconnues comme actives n'auront pas nécessairement un statut à part entière dans l'entreprise.
Les communautés doivent quoi qu'il en soit s'affranchir de toute notion de hiérarchie si l'on veut obtenir des résultats concrets et mesurables.
Conseillez-vous un outil de RSE avec spectre fonctionnel élargi, vers le CRM par exemple, ou bien réduit aux fonctions de réseau social ?
Au départ, ce n'est pas la peine de penser à l'élargissement du périmètre fonctionnel. On n'en n'est pas là. Les fonctionnalités proposées sont déjà larges. Dans un premier temps il faut au contraire restreindre le périmètre fonctionnel de la solution, déployer les modules au fur et à mesure pour faciliter l'appropriation. Le risque étant de se noyer sous des fonctions qui n'ont pas ou peu d'utilité pour les utilisateurs, et qui risquent de faire que l'outil soit sous utilisé.
Amélie Voirin est consultante chez Voirin Consultants.