A quoi sert Watson, la technologie intelligente d'IBM ? Watson, le "système cognitif" d'IBM

Le 16 février 2011, la nouvelle tombe : Watson, un superordinateur conçu par IBM vient de battre ses adversaires humains à Jeopardy! Un jeu télévisé bien connu outre-Atlantique où il faut deviner la question à partir de la réponse. Après avoir battu Garry Kasparov aux échecs, IBM a donc cette fois dû mettre au point une technologie encore plus intelligente pour pouvoir comprendre les subtilités de certaines questions, et y répondre mieux et plus vite que les champions du jeu.

Pour gagner, Watson a dû faire preuve de bon nombre d'aptitudes presque humaines. Il a dû commencer par "apprendre", et "digérer" une quantité massive d'informations, à la fois structurées mais surtout non structurées – comme le texte que l'on peut lire dans une encyclopédie. Ensuite, Watson devait aussi "comprendre" le langage naturel des questions qui lui était posées, transmises sous la forme d'un texte électronique dans le cas du jeu Jeopardy! Mieux : à en croire IBM, Watson pourrait décoder certaines questions imprécises, ambiguës ou même humoristiques.

pour le jeu jeopardy! watson reposait sur 10 racks comprenant 90 noeuds de
Pour le jeu Jeopardy! Watson reposait sur 10 racks comprenant 90 noeuds de traitement (des serveurs Power Express 750), chaque noeud étant composé de 4 processeurs de 8 coeurs chacun cadencé à 3,5 Ghz. © IBM

Concrètement, avant de répondre, Watson étudiait plusieurs hypothèses, et ne formulait sa réponse (sous forme de voix robotique dans le jeu) que si elle lui semblait suffisamment crédible. Watson peut d'ailleurs aussi justifier ses réponses. Mais ce n'est pas tout, car la technologie mise au point par IBM peut aussi améliorer sa pertinence grâce à l'apprentissage automatique. Il pourrait en quelque sorte "apprendre de ses erreurs".

Watson imite le raisonnement humain

"Lorsque nous essayons de résoudre un problème, nous commençons par l'analyser pour le comprendre, avant de formuler des hypothèse et les valider. C'est exactement ce que fait Watson, en lançant des algorithmes de réflexion pour émettre des hypothèses, puis en les confirmant via un traitement qualifié massivement parallèle. Watson va aussi pouvoir se baser sur ses capacités d'apprentissage, car il peut intégrer les éventuels retours des humains, et en tenir compte ensuite. Il va ensuite attribuer un score de confiance envers chaque hypothèse pour déterminer celle qui a le plus de chance d'être la bonne. Il sera alors capable de donner les arguments qui l'ont conduit à sa réponse finale. Ce cheminement suit donc celui du fonctionnement humain d'une manière plus sophistiquée que l'intelligence artificielle connue jusqu'à présent", explique Olivier Casile CTO du centre de solutions métier d'IBM à La Gaude. L'outil se sert d'Hadoop, et certains de ses aspects peuvent évoquer des solutions informatiques d'analyse dédiées au décisionnel, mais IBM préfère parler de cette machine à traiter de la connaissance comme un véritable "système cognitif".

olivier casile est le cto du centre de solutions métier d'ibm à la gaude.
Olivier Casile est le CTO du centre de solutions métier d'IBM à La Gaude. © IBM

Pour pouvoir répondre plus vite que ses adversaires dans Jeopardy!, Watson reposait sur un supercalculateur plutôt costaud, d'une puissance de calcul de 80 teraflops par seconde. "Mais Watson peut fonctionner sur un matériel nettement plus modeste. Car Watson, c'est avant tout du logiciel, le matériel peut être modulable. Sa structure matérielle peut ressembler à du matériel informatique professionnel finalement assez classique, ce qui n'était pas le cas avec le Deep Blue qui avait battu Kasparov", précise bien Frédéric Bauchot, également employé chez IBM comme directeur technique.

Ce n'est pas son seul argument pour pouvoir commercialiser cette technologie. Car Watson est composé de logiciels commercialisables séparément. C'est d'ailleurs en partie grâce à cette flexibilité qu'IBM peut espérer commercialiser Watson. La technologie est d'ailleurs d'ores et déjà utilisée, dans l'univers médical notamment.