A quoi sert Watson, la technologie intelligente d'IBM ? Les autres secteurs qui pourraient utiliser Watson

Philippe Nieuwbourg, expert des solutions analytiques, reconnaît qu'IBM tient avec Watson une "technologie de pointe", mais estime que Big Blue pourrait la commercialiser de manière encore plus pertinente. Il imagine trois débouchés commerciaux supplémentaires possibles.

 Assistance lors des catastrophes naturelles. "Lors du passage de l'ouragan Sandy, des Américains ont posté sur Twitter des informations sur les endroits où l'électricité était coupée, ou sur les zones les plus risquées. Pourquoi Watson ne pourrait pas analyser toutes ces informations pour recommander certaines interventions ?", se demande Philippe Nieuwbourg. 

 Détection de fraudes bancaires. "Lorsqu'une carte bancaire est utilisée à l'autre bout du monde, alors que son possesseur a émis un tweet à un autre endroit, ou s'est géolocalisé grâce au populaire service Foursquare, Watson pourrait recouper ces informations pour aider à prouver l'usage frauduleux d'une carte de crédit", poursuit l'expert.

 Sécurité intérieure. IBM travaille d'ores et déjà avec l'administration américain, et Watson pourrait par exemple l'aider dans sa lutte contre le terrorisme, analysant, multipliant et recoupant les sources d'informations. "Il n'est d'ailleurs pas exclu que Watson le fasse déjà", pense le spécialiste des outils d'analyse.

Les débouchés visés par IBM laissent cependant Philippe Niewbourg un brin perplexe. "La plupart des entreprises du monde de la finance disposent déjà d'outils d'analyse prédictive, certains sont d'ailleurs déjà très perfectionnés. IBM pourra avoir du mal à les convaincre d'investir à nouveau dans une solution de ce type. Quant au CRM, il s'agit du domaine où IBM aura sous doute finalement le plus de concurrence. Même en y injectant l'analyse des réseaux sociaux, il faudra faire vite, car aujourd'hui beaucoup de solutions se développent dans ce sens."

Des briques technologiques similaires déjà déployées

Si Watson réunit plusieurs solutions, chaque brique logicielle qui compose Watson est-elle réellement si avancée sur le marché ? Certaines d'entre elles ne sont-elles pas déjà utilisées ? Si Philippe Nieuwbourg reconnaît la prouesse technologique de l'ensemble Watson, il nuance plus l'avance de chacune des briques logicielles qui le composent : "Sur la compréhension des données structurées, Watson est finalement au même niveau que les autres solutions du marché. Il est déjà plus en avance sur sa compréhension des données non structurées. Mais cette avance est en train de vite diminuer... Quant à ses capacités de comprendre l'humour ou l'ironie, il s'agit d'une technologie finalement pas si lointaine de celle utilisée par un détecteur de mensonge. D'ailleurs, une compagnie d'assurance utilise d'ores et déjà une technologie fournie par IBM pour analyser les conversations téléphoniques afin de déterminer si l'assuré est en train de mentir. L'assurance chômage en Angleterre utilise également des technologies très similaires pour apprécier la véracité des efforts des chômeurs pour retrouver emploi". Des technologies qui existent déjà, et sont donc déjà déployées depuis quelque temps.

En revanche, là où Watson se distingue des autres offres d'analyse et d'aide à la décision du marché, aux yeux de Philippe Nieuwbourg, c'est dans sa capacité à se justifier. "Il ne s'agit pas d'une machine qui va donner ses recommandations de manière opaque, puisqu'il sera possible d'apprécier le raisonnement suivi, ce qui n'est pas toujours le cas avec les autres solutions décisionnelles", compare le spécialiste.

Enfin, dernier élément différenciant Watson des autres offres du marché selon cet observateur : sa capacité d'apprentissage automatique, qui fait de cette technologie une véritable intelligence artificielle, "un terme qu'IBM a cependant un peu peur d'utiliser car il date d'il y a plus de 30 ans".