Aaron Levie (Box) "Oui, nous allons réaliser de nouvelles acquisitions"

Quelques mois après l'introduction en bourse de Box, son fondateur évoque sa stratégie, notamment en France et en Europe. Il évoque sa volonté affichée de faire de Box un PaaS.

box
Aaron Levie, CEO de Box, a cofondé la société en 2005 aux côtés de Dylan Smith. © Box


JDN . Box a aujourd'hui 10 ans. Votre société a levé 175 millions de dollars au Nasdaq en début d'année. Qu'est-ce qui a changé dans votre management ?

Aaron Levie. Nous sommes aujourd'hui une entreprise publique, mais cela n'a pas véritablement changé notre façon de fonctionner. Nous gardons une approche start-up. Box compte aujourd'hui 45 000 clients, et nous avons 50% des entreprises du Fortune 500 dans ce portefeuille. Nous travaillons avec de très grandes entreprises comme General Electric, Schneider Electric ou Astrazeneca, de grandes multinationales que nous aidons à être plus productives, à accélérer leur innovation, collaborer plus simplement. C'est là le réel objectif de Box.

Nos clients sont présents dans plus d'une centaine de pays et nous avons aujourd'hui des équipes aux Etats-Unis, en Europe, au Japon et en Australie. Nous ne sommes pas encore en Amérique du Sud, en Chine, en Inde. Ce seront trois importants marchés à prendre pour nous dans les années à venir.

Box s'internationalise, néanmoins son infrastructure reste positionnée uniquement aux Etats-Unis...

Nos infrastructures sont situées aux Etats-Unis, avec deux data centers en Californie, un à Las Vegas, avec un backup chez Amazon. En parallèle, nous avons mis en place Box Accelerator, notre technologie d'accélération, afin d'améliorer les performances d'accès aux données au niveau international.

A l'avenir, nous nous doterons d'une infrastructure internationale. Nous louerons probablement des espaces chez des opérateurs de data center plutôt que de construire nos propres infrastructures. Nous pensons que les centres de données sont, pour partie, une "commodité". A une certaine échelle, disposer de nos propres data centers pourrait être moins coûteux, mais ce n'est pas nécessairement là où nous souhaitons dépenser notre temps, ni acquérir des compétences. Nous préférons nous concentrer sur les couches logicielles, c'est là notre priorité.

Allez-vous vous doter de capacité d'hébergement en dehors de la zone couverte par le Patriot Act ?

"Nous comptons aujourd'hui pratiquement 50 000 développeurs sur notre plateforme"

Nous devons trouver le bon équilibre entre être global et local. Ce que je veux dire par là, c'est que notre service est aujourd'hui utilisé par des multinationales, à l'image de Schneider Electric, qui nous utilisent dans des dizaines de pays dans le monde. S'ils utilisent Box, c'est pour sécuriser leurs échanges entre ces pays. Beaucoup de nos clients nous ont choisis non pas parce que nous sommes présents dans leur pays, dans leur région, mais d'un point de vue mondial. Nous voulons être aussi transparents et sans couture vis-à-vis de nos clients qui n'ont pas à se soucier de savoir où leurs données doivent être stockées, dans quelle région est disponible telle ou telle fonctionnalité.

Box devient une plateforme de PaaS, pouvez-vous expliquer ce choix stratégique pour Box ?

Nous avons créé Box voici 10 ans en nous concentrant sur ce qui devait être le futur de la collaboration et du partage de l'information de manière sécurisée. Il y a deux semaines, lors de notre conférence à destination des développeurs, nous avons ouvert notre plateforme et dévoilé de nombreuses API pour permettre aux développeurs de créer de nouvelles applications au-dessus de Box. C'est devenu un axe prioritaire pour nous.

Une ouverture doublée d'une volonté d'aller vers les applications verticales ?

Nous avons connu le succès auprès des entreprises sur le partage de fichiers sécurisé, sur la collaboration, mais nous avons réalisé qu'il y existait une multitude de cas d'usage où il est possible d'embarquer la gestion de contenu au sein même des applications. Cela peut être des applications pour le secteur de la santé, pour les agences immobilières, le secteur de la distribution, etc. Par exemple Hightower édite un logiciel CRM pour le secteur immobilier. C'est une application, certes importante, mais qui reste niche sur laquelle nous n'irons jamais. Leur application nécessite d'avoir des documents et nous avons travaillé avec eux pour qu'ils embarquent Box dans leur progiciel.

En transformant Box en solution de type PaaS, nous pourrons voir Box embarqué dans des applications que nous sommes incapables de développer nous-mêmes. Nous allons travailler en direct avec nos clients pour les aider à utiliser Box, mais des applications tierces vont pouvoir se placer au-dessus de notre plateforme et nous apporter plus de valeur ajoutée. Nous comptons aujourd'hui pratiquement 50 000 développeurs sur notre plateforme et des milliers d'intégrateurs avec nous. Nous avons signé des partenariats avec Apple, avec VMware, NetSuite, Salesforce, etc.

Une stratégie de développement de verticaux que vous soutenez par l'acquisition de start-up...

"Notre objectif de chiffre d'affaires est de 285 millions de dollars pour 2015"

L'acquisition de Verold, en avril 2015, nous apporte la possibilité de voir des modèles 3D directement dans le navigateur web. C'est quelque chose qu'il n'était pas encore possible de faire il y a 2 ans seulement, et c'est une technologie que nous allons aujourd'hui pouvoir fournir à l'industrie. Pour une entreprise qui conçoit des produits de grande consommation, un industriel tel que General Electric qui fabrique des moteurs d'avion, la possibilité d'avoir ses modèles 3D dans le cloud, c'est extrêmement précieux.

De même, nous disposons d'une technologie d'imagerie médicale, une technologie que nous avons acquise avec MedXT en 2014. Dans chaque secteur d'activité, nous allons chercher des différenciateurs. C'est aujourd'hui une priorité pour Box.

Ce qui signifie que vous vous apprêtez à acquérir de nouvelles entreprises de la même manière que vous avez pris le contrôle de Verold et de MedXT ?

Il est difficile de dire lesquelles et quand, mais oui, cela fait pleinement partie de notre stratégie de développement. Nous voulons être sûrs d'acquérir les bons talents et les bonnes technologies pour délivrer des innovations à toutes sortes de clients. Nos acquisitions seront centrées sur la technologie et sur des entreprises qui apporteront de l'innovation à notre compagnie, beaucoup plus que dans un but de consolider le marché.

Quelle est l'implication de Box dans les communautés open source ?

Nous avons lancé Box Open Source où tous nos projets communautaires sont présentés. Nous comptons plus de deux douzaines de projets. Beaucoup des outils que nous développons pour les besoins de nos ingénieurs, sont ainsi publiés à l'intention des communautés open source. Ces solutions sont indépendantes de nos offres. Nous travaillons avec Google, Facebook et beaucoup d'autres dans le cadre de projets open source.

Nous tirons beaucoup de bénéfices des solutions open source, si bien que dès que nous pensons qu'un de nos développements peut être utile à la communauté, nous le publions.

Quels sont vos objectifs de chiffre d'affaires, de croissance du point de vue mondial et plus particulièrement sur les marchés européens et français ?

Nous ne publions pas le détail de notre chiffre d'affaires par zone géographique. Notre objectif de chiffre d'affaires est de 285 millions de dollars pour cette année au niveau mondial. La zone Europe est très dynamique pour nous, notamment le Royaume-Uni, la France et le Benelux. Ces marchés clés pour nous connaissent une croissance rapide. C'est plus lent en Allemagne où la question de la protection des données privées est très sensible. Le marché allemand connait des freins importants et je pense que l'économie allemande se porterait encore mieux si les contraintes y étaient moins fortes.

"Nous avons ouvert notre bureau français"

De son côté, la France se porte bien. Nous avons ouvert notre bureau français et nous sommes très impliqués dans son succès, c'est une opération importante pour nous. Nous venons de nommer le premier directeur pays, un manager qui vient de chez Microsoft. Les entreprises françaises sont en train de venir au Cloud, et nous sommes là pour les y aider.

Vous êtes partenaires de Microsoft sur Office 365, mais le succès de leur offre cloud n'est-elle pas, à terme, une menace pour Box ?

Je ne vois pas ce succès comme une menace, mais plutôt comme une invitation pour nous à bien communiquer sur les atouts que l'on peut tirer à faire fonctionner Office 365 et Box ensembles. Nous devons expliquer aux entreprises la valeur ajoutée apportée par Box au-dessus d'Office 365. Ce n'est pas extrêmement compliqué de le faire, mais cela va prendre du temps.

Nous avons un programme de recrutement de revendeurs qui est axé principalement sur les intégrateurs. Plutôt que simplement constituer un réseau de distribution, nous réfléchissions sur les domaines où nous pouvons réellement apporter de l'innovation et accompagner les entreprises dans leurs transformation digitale. C'est comme cela que nous avons été amenés à signer des partenariats avec Atos, Capgemini ou Accenture, des intégrateurs qui sont plutôt concentrés sur le haut du marché, et c'est là où nous pouvons le mieux nous différencier.

box 2
Toute l'équipe dirigeante de Box entour Aaron Levie à l'occasion de l'entrée en bourse de la société le 23 janvier 2015. © Box


Biographie professionnelle : Aaron Levie cofonde Box en 2005 aux côtés de Dylan Smith, aujourd'hui CFO, alors qu'il est encore étudiant. L'entreprise spécialiste du Cloud BtoB emploie aujourd'hui plus de 900 personnes. Aaron Levie a étudié à la Marshall School of Business, une école de commerce de l'Université de Californie du Sud.