La partialité du moteur Google démontrée

Le moteur favorise ses propres services en leur appliquant un mode d'indexation particulier. C'est ce que démontre un chercheur de Harvard dans une thèse qui vient d'être rendue publique.

Certains pouvaient en douter, d'autres ont cherché à le prouver. C'est le cas de Benjamin Edelman, chercheur à Harvard, qui conteste l'impartialité du moteur de recherche le plus utilisé au monde. Les services de ce dernier (ses sites Web dédiés aux cours de Bourse ou à la santé notamment) échapperaient aux méthodes classiques de référencement de Google. Lorsqu'elle est juge et partie, la firme de Mountain View truquerait donc les résultats en sa faveur.

Dans un premier temps, le document de Benjamin Edelman mis en ligne hier, constate comment deux requêtes effectuées sur google.com privilégient les résultats issus de sites estampillés Google. En tapant CSCO (l'appellation boursière de Cisco), la première suggestion renvoie à Google Finance, ainsi que le graphique et le premier onglet arrivant juste en dessous, soit les trois liens sur lesquels l'internaute est les plus susceptible de cliquer. Or, selon Comscore, le site de finance le plus populaire est Yahoo ! Finance, loin devant Google Fiance, qui n'arrive que 60ème selon le cabinet.

Idem pour le mot "acné". Le premier lien, le premier onglet mais aussi l'image, tous pointent vers Google Health."Or tout comme Google Finance, Google Health n'est pas le plus utilisé dans sa catégorie", rappelle le chercheur de Harvard.

 

Plusieurs dirigeants de Google ont mis en avant l'impartialité des résultats


Test de la virgule

La démonstration devient ensuite plus probante et plus étonnante. Benjamin Edelman a recours à son "test de la virgule". Il consiste à ajouter une simple virgule à la fin de la requête, ce qui n'affecte normalement pas les résultats. Et là, surprise : les résultats pour CSCO ne font pas remonter d'abord Google Finance mais bien du contenu de Yahoo ! Finance. Celui de la firme de Mountain View recule très sensiblement en cinquième position. Un fait très inhabituel.

Pourquoi une minuscule virgule a-t-elle autant d'impact ? Le chercheur donne "sa meilleure explication" :  "Si les ingénieurs de Google définissent manuellement que certains mot clés doivent privilégier un contenu, ils oublieraient certainement de rajouter des variantes telle qu'une virgule associée à ces mots clés."

 

Ampleur du phénomène

Combien de requêtes sont affectées par ce biaisment de l'algorithme ? Le chercheur ne répond pas précisément, mais donne un exemple. L'index de Google Health répertorie 2 642 thèmes, soit autant de mots qui, tapés précisément comme ils apparaissent dans l'index de Google Heath, privilégieront les contenu de ce site. Une petite variante, à savoir une virgule accolée ou même un simple déterminant, et le moteur donnera un autre résultat.

Le chercheur prend ensuite un malin plaisir à rappeler plusieurs citations de dirigeants de Google démentant formellement changer manuellement les résultats et mettant en avant l'impartialité des résultats.