Google Penguin : l'avis de six référenceurs Laurent Bourrelly : "Avec Pingouin, Google a ouvert la boîte de Pandore"

Laurent Bourrelly : "Le filtre Google surnommé Pingouin fait régner une terreur généralisée dans le milieu du référencement. Vu sous un autre angle, la situation conforte la limite du système et notre faculté d'adaptation. L'expérience d'avoir traité ou observé des centaines de sites blacklistés, pénalisés et filtrés par Google m'a beaucoup forgé et certainement blasé. Chaque cas est tragique et les garanties n'existent pas dans une opération de sauvetage.

À qui la faute ?

Google est coupable de tous les maux, mais il ne doit rien à personne. C'est le dominant et nous devons subir ses humeurs. Tout le reste est de la rhétorique. De l'autre côté, depuis le début des années 90, nous profitons d'une manne gratuite de trafic qui permit de bâtir des modèles économiques florissants et étonnants. Ce n'était pas trop beau pour être vrai, mais sûrement trop surréaliste pour durer dans les mêmes conditions.

Passons sur les multitudes de mises à jour d'algorithmes pour remonter au dernier animal bicolore qui fit parler de lui l'an dernier. La mise à jour surnommée Panda était un coup de semonce d'un style totalement hypocrite, mais qui ciblait les profiteurs les plus évidents – du genre comparateurs, agrégateurs et autres fermes de contenu.

Avec Pingouin, Google touche aux critères de popularité offsite : c'est la boîte de Pandore

Pingouin est différent car il tire dans le tas sans vergogne. Puis surtout, il touche à la boîte de Pandore "off site" du volet popularité.

Le volet popularité est le plus puissant du triptyque (technique, contenu, popularité), qui permet de faire ou défaire le succès d'un site.

En bref, la popularité sur le Web marche comme dans la vraie vie : plus et mieux on parle de vous et plus c'est bon. Le coup de génie de Google est d'avoir intégré cette notion, faisant progresser la recherche d'information d'un bond gigantesque.

"Google a créé un monstre algorithmique dont il a perdu le contrôle"

Google a ainsi créé un monstre algorithmique qui lui a permis de devenir un maître du monde, mais dont il a perdu le contrôle depuis ... le début en fait.

Car en même temps, une horde sans foi ni loi a abusé de ce joli concept utopique d'organiser l'information en valorisant la "qualité". L'hypocrisie dure depuis 15 ans où le référenceur est félicité pour améliorer l'accessibilité d'un site Web envers les robots d'indexation des moteurs de recherche, mais sera brûlé sur le bûcher pour oser optimiser le même site afin de gravir les marches du Saint Graal des top positions sur les requêtes qui rapportent gros.

Tout ce qui se passe "on site" est plus facile à pénaliser quer le "off site"

La clef du jeu se divise entre les paramètres "on site" et "off site". Tout ce qui se passe sur le site "on site" est facile à pénaliser, mais c'est beaucoup plus compliqué de pointer du doigt lorsqu'il s'agit d'un élément "off site".

Un hyperlien, qu'on ne maîtrise pas forcément, provient d'une page Web émettrice d'un vote de popularité en faveur d'une autre page. Google est coincé à ce niveau car cela pourrait devenir plus facile de faire tomber les concurrents en les assommant de liens pourris, plutôt que travailler son propre apport de popularité qualitatif.

C'est la boîte de Pandore ou l'amour vache entre Google et la communauté du référencement.

Bluff sur la River

Le gros coup d'esbroufe du Pingouin est d'avoir effectivement mis au rebut des sites, sous prétexte d'un profil douteux de liens, tirant une flèche dans le talon d'Achille "off site". Pendant un instant, les référenceurs ont retenu leur souffle, stoppant net les opérations commandos d'apport de popularité.

En ouvrant la boîte de Pandore, Google tente d'impressionner, mais finalement c'est un aveu d'impuissance. Pingouin est une très bonne nouvelle car il prouve que Google reste coincé par son système que nous saurons toujours manipuler.

Bas les masques

Les sites tombés au combat sont une goutte d'eau dans l'océan des résultats de recherche toujours dominés par les référenceurs, web marketeurs et spammeurs. Google emploie des ingénieurs talentueux qui connaissent parfaitement les moyens de combattre les abus de faiblesses algorithmiques ; sauf que si le moteur devenait réellement sévère, il ne resterait pas grand chose au sein des résultats de recherche. Wikipedia et les protecteurs d'un Web "propre" ne suffisent pas à remplir un index !  

Au final, la courte échelle s'allonge, mais les fondamentaux du référencement sont immuables et fonctionnent parfaitement. Le référencement devient plus difficile, mais ce n'est pas vrai que cela se complique."