Satya Nadella est-il en train de sauver Bing ?

Satya Nadella est-il en train de sauver Bing ? L'objectif de faire de l'ombre à Google avec Bing fait sourire en France, mais il a été atteint aux Etats-Unis. Et la rentabilité de Bing devrait être atteinte d'ici un an.

Bing est-il en train de jeter l'éponge face à Google ? L'objectif prioritaire de Microsoft avec son moteur de recherche semble en tout cas aujourd'hui moins de détrôner Google que de faire de Bing une activité rentable, donc plus facilement pérenne. D'ailleurs, assez vite après avoir pris les commandes de Microsoft, Satya Nadella a promis de générer des profits grâce à Bing. Il a même annoncé qu'il atteindrait cet objectif pour l'année fiscale 2016. Un exercice qui commencera ce 1er juillet.

Des signaux peuvent nourrir l'optimisme de Microsoft

Pourtant, si leur montant précis n'a jamais été communiqué, les pertes générées par Bing ont longtemps grandement plombé les résultats de ce que Microsoft appelait sa division "Online Services", largement déficitaire. Microsoft a depuis réorganisé ses activités, et la présentation de ses résultats, mais Bing n'y apparait toujours pas clairement, noyé au milieu des jeux vidéo et de l'offre B2C d'Office 365, dans la ligne "Autre" de sa division Device & Consumer. Mais le groupe a donné quelques indices encourageant sur la santé financière de son moteur lors de la publication des derniers résultats trimestriels.

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Bing change chaque jour sa home pour y mettre une belle photo. © Bing.com

Pour Satya Nadella, Bing a en effet "passé un cap important" le trimestre dernier en dépassant les 20% de parts de marché aux Etats-Unis. Le chiffre d'affaires de la publicité généré par le moteur a aussi augmenté de 21%, a-t-il souligné. De quoi pousser sa CFO Amy Hood à affirmer "être confiante" quant à l'objectif de rentabilité pour l'année fiscale 2016, surtout "en prenant en compte l'impact estimé du renouvèlement de l'accord conclu avec Yahoo!". Ce partenariat relancé en avril permet en effet à Bing de continuer à être le moteur de recherche de Yahoo!, et à Microsoft de générer des revenus supplémentaires. L'alliance permet aussi à Microsoft de revendiquer les parts de marché de Yahoo! en matière de recherche, et ainsi de flirter avec les 33% de parts de marché aux Etats-Unis...

Certes, en France, le moteur de Microsoft en est très loin. Et les parts de marché de Google immuablement au-dessus des 92% dans l'Hexagone l'ont sans doute découragé de faire de la France sa priorité. Le moteur semble d'ailleurs préférer se concentrer sur les Etats-Unis, et mettre de côté d'autres pays. Il n'y a d'ailleurs plus personne au sein de Microsoft France qui accepte de répondre à nos questions sur le moteur - ce qui n'était pas le cas avant.

Bing repositionné et incrusté dans Windows

Grignoter des parts de marché à Google n'est cependant plus le seul objectif que Satya Nadella a fixé à Bing. Le moteur doit en effet aussi réussir son repositionnement. Avec Windows 8.1, Bing s'est incrusté dans le système d'exploitation du groupe, et motorise les recherches réalisées sur les ordinateurs. Le moteur parcourt contenus, fichiers et apps, sur l'ordinateur comme sur le web, pour trouver l'information recherchée par l'internaute. Et avec Windows 10, Microsoft va pousser Cortana, son assistant personnel numérique qui peut répondre à la voix et s'appuie... sur la technologie de Bing.

Le moteur de Microsoft, désormais au cœur de Windows, va donc prendre encore de l'importance au sein du système d'exploitation. Pas de quoi gagner de nouvelles parts de marché sur le vrai terrain du Search, mais de quoi rentabiliser un peu mieux les énormes investissements consentis dans le développement de Bing.

Encore des problèmes à résoudre

Si la rentabilité et le repositionnement de Bing pourront donner le sourire à Satya Nadella, son moteur semble encore avoir du mal à s'affirmer et à convaincre de sa pertinence.

Face à Google, Bing donne encore parfois une désolante impression de suivisme

Par exemple, dernièrement, Bing a annoncé vouloir favoriser les résultats optimisés pour les mobiles dans ses résultats de recherche sur smartphone mobile. Exactement comme Google, à quelques semaines d'intervalle. Et ce n'est pas la seule fois que Bing donne l'impression de copier Google. C'est d'ailleurs un peu le problème : face à Google, sur le terrain du Search, Bing donne parfois une désolante impression de suivisme, et de manque d'idées ingénieuses originales qui pourraient accrocher de nouveaux utilisateurs. Bref, pas franchement de quoi donner envie d'abandonner le moteur copié...

Enfin, un autre élément a pu doucher l'optimisme de certains quant à l'avenir de Bing : les licenciements massifs effectués par Microsoft au sein de sa division dédiée à son moteur. Sa figure emblématique, Duane Forrester, qui est un peu le Matt Cutts de Bing, a d'ailleurs été licenciée lors de cette coupe... avant d'être finalement réembauchée deux mois plus tard. Preuve que Microsoft peut encore hésiter quant aux moyens alloués à son moteur. Peut-être aussi que ces licenciements sont, aux yeux de Nadella, le prix à payer pour atteindre l'objectif de rentabilité.