Guest blogging et SEO : les limites à ne plus franchir

Guest blogging et SEO : les limites à ne plus franchir Il y a quelque mois, Google fustigeait bruyamment les excès du guest blogging. Des pénalités ont suivi. Faut-il pour autant oublier totalement ce moyen d'obtenir des liens ?

C'était en janvier dernier. Matt Cutts publiait sur son blog un article flinguant le guest blogging. "Si, en 2014, vous faites du guest blogging pour obtenir des liens, vous devriez sans doute arrêter" : ainsi commençait son texte, qui poursuivait avec cette sentence sans appel : "le guest blogging est mort, c'est devenu trop spammy". Face au tollé provoqué par ce message aux mots jugés trop forts, son billet avait ensuite été retitré, et sa conclusion mise à jour pour être adoucie : ce n'était plus le guest blogging qu'il fallait éviter, mais le guest blogging pour du SEO. Sous-entendu : le guest blogging réalisé dans l'unique but de manipuler l'algorithme du moteur.

La parole et les actes

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Avant de s'en prendre au guest blogging sur son blog, Matt Cutts avait déjà réalisé plusieurs vidéos sur le sujet... © Google

Joignant le geste à la parole, Google pénalisait quelques jours après Buzzea, plateforme de mise en relation pour réaliser ou accueillir du guest blogging et des articles sponsorisés. Un service bien connu sur le web français pour acheter et vendre des liens. La pénalité manuelle infligée par Google lui a été fatale, et a impacté le référencement de ses utilisateurs. Ce fut ensuite au tour de la plateforme américaine dédiée au guest blogging MyBlogGuest.com de subir une pénalité, là aussi manuelle. Alors, plusieurs mois après ce petit séisme, qui aura fait réagir de nombreux professionnels du référencement (ici ou là), que retenir de ces mises en gardes ? Quels sont aujourd'hui les limites à ne pas franchir en matière de guest blogging ?

Guest blogging : le faire de temps en temps, avec du bon contenu, au bon endroit

Le billet initial de Matt Cutts dénonçait avant tout un guest blogging qui perd de sa pertinence et de sa légitimité lorsqu'il est industrialisé, et lorsqu'il est utilisé par des sites de faible qualité pour obtenir la plupart de leurs liens.

Entre les lignes, on comprend donc qu'une fois de plus, tout ne serait qu'une question de mesure, et de qualité de contenu. Bref, le "bon" guest blogging en SEO devrait être proposé par une plume crédible, issue d'un site qui l'est tout autant, et consisterait à proposer du bon contenu, au bon endroit, et ne le faire que de temps en temps. "Oui, c'est un peu cela, mais ce n'est pas tout. Il faut aussi que les liens insérés dans le texte invité aient un prétexte pertinent", ajoute Sébastien Monnier, spécialiste SEO et fondateur de l'agence Woptimo. Il insiste : "il faut bien s'assurer que le lien soit utile". Lorsque plusieurs textes auraient réussi à s'inviter dans différents blogs, il conseille aussi de varier les ancres, et d'éviter qu'elles se trouvent toujours au même endroit. Comme d'autres spécialistes du SEO, il recommande aussi de faire pointer ces liens vers d'autres sites que celui qu'il faut référencer. Un conseil qu'il formule d'ailleurs comme s'il s'agissait d'une évidence pour un texte sur Internet... 

Des acheteurs, mais aussi des vendeurs de liens ont pu voir leur visibilité pénalisée.

Eviter les plateformes dédiées ?

Les sites Buzzea, puis MyBlogGuest ont été victimes de pénalité infligée par Google. Le deuxième, connu outre-Atlantique, était dirigé par Ann Smarty, qui a toujours voulu mettre en avant le côté "White Hat SEO" de sa plateforme. Un service qui se présentait comme parfaitement respectueux des consignes de Google. "Mais cette plateforme a pu être victime d'abus", pense Sébastien Monnier qui ne déconseille pas pour autant toutes les plateformes de mise en relation. Il les juge même "plutôt potentiellement utiles", mais il conseille de bien étudier leur qualité...

Les utilisateurs de Buzzea se sont de leur côté fait trahir par des liens qui avaient la même ancre, et qui pointaient vers Buzzea. Une empreinte qui a sans doute grandement précipité la chute du service, et facilité la tâche à Google pour découvrir l'étendu du réseau à pénaliser... C'est donc aussi ce genre de caractéristique qu'il faut analyser pour évaluer une plateforme.

 

Arrêter ou éviter d'accueillir trop d'articles invités ?

La référenceuse Alexandra Martin accueille souvent sur son blog des articles de confrères SEO invités. En tant que SEO pratiquant le guest bloging, elle n'est pas mal placée pour analyser les dangers de cette pratique, et elle s'est logiquement demandé si elle risquait une pénalité. "La moitié des articles de mon blog sont des articles invités" mais, souligne-t-elle sur ce blog, "le guest blogging n'est pas utilisé comme méthode de linking. Si j'ai des invités, c'est pour connaître les personnes et bénéficier de leur savoir et leur expérience", a-t-elle expliqué, au sein d'un billet au titre explicite, "Je n'ai pas peur de mon guest-blogging".

Pour aller plus loin, elle a tout de même sondé  8 "pros du SEO" pour savoir s'ils pensaient qu'elle encourait des risques. Réponse des spécialistes : non, d'après la plupart d'entre eux, car, expliquent-ils en substance, ces articles invités apportent de la valeur et ne sont pas industrialisés uniquement à des fins de SEO...

Mettre des liens "nofollow" dans les articles ?

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Sébastien Monnier, fondateur de l'agence Woptimo et ancien de la Search Quality Team de Google, à Dublin. © JDN

Une fois de plus, ce que le moteur cherche à sanctionner avant tout, ce sont les liens achetés qui transmettent du PageRank, c'est-à-dire des liens dofollow. Peut-on imaginer pratiquer le guest blogging avec des liens nofollow, censés ne pas être utiles au SEO ? Le consultant de Woptimo trouve cela tout simplement absurde : "Que se passe-t-il si je demande proactivement à un blog ou un site de faire un échange d'expertise, de visibilité et donc de liens ? Suis-je dans le faux ? Faut-il que j'insiste pour mettre du nofollow à partir du moment où j'ai été en contact avec la personne qui a créé le lien ? Comment en est-on arrivé à ce point d'absurdité ?", lâche-t-il, faisant aussi comprendre, en filigrane, les limites du raisonnement de Google, pas toujours en harmonie avec les pratiques naturelles du web.  

Savoir ce que l'on risque

Une étude réalisée par l'éditeur d'outils dédiés au SEO Yooda sur les pénalités infligées à la plateforme Buzzea, a bien montré que les acheteurs, mais aussi les vendeurs de liens avaient vu leur visibilité pénalisée.

"En général, ce sont surtout ceux qui achètent les liens qui risquent le plus. Ceux qui les vendent ne sont pénalisés que parce que leur contenu était aussi de qualité discutable", estime Sébastien Monnier. D'ailleurs, ce dernier cite l'exemple d'un site d'information très connu sur le Web qui vend des liens, et "ne devrait pas être trop inquiété grâce à la qualité de son contenu", pense le fondateur de l'agence Woptimo, qui a également travaillé au sein de la Search Quality Team de Google, à Dublin, il y a quelques années. Comme si ces "sites d'autorité" pouvaient se permettre des pratiques qu'il ne faut surtout pas conseiller à tous les autres sites... Car d'autres sites moins connus ont pu se faire pénaliser pour moins que cela. L'ancien employé de la Search Quality Team l'a d'ailleurs bien vu : des liens parfaitement naturels ont même pu être cités comme exemple par Google lorsque son moteur notifie et justifie sa pénalité manuelle. "Parfois, ils y vont trop fort", finit-il par dénoncer.