Nouvelle Search Box : Google, mis en demeure, fait marche arrière

Nouvelle Search Box : Google, mis en demeure, fait marche arrière Des éditeurs fustigeaient le déploiement aléatoire de sa nouvelle Search Box. Mis en demeure, Google va finalement proposer un opt-out.

[Article mis à jour le 27/10] Google a-t-il abusé de sa position dominante en déployant la nouvelle Search Box qui apparait désormais souvent lorsqu'on tape le nom d'une marque dans son moteur ? C'est ce que pense l'Open Internet Project (OIP), qui vient de mettre en demeure Google. L'OIP réunit une grande partie des acteurs français et allemands du Web, et cherche à peser face au poids écrasant de Google. L'association, lancée en mai dernier, compte aujourd'hui près de 1000 acteurs : des e-commerçants, des comparateurs de prix, des acteurs des télécoms et des éditeurs de sites, dont ceux du Geste, Axel Springer, Lagardère Active, ou CCM Benchmark - éditeur du JDN (lire notre article : Les éditeurs d'Europe lancent une grande action en justice contre Google).

Pourquoi cette Search Box est une nouvelle pomme de discorde

L'OIP adresse aujourd'hui cette mise en demeure car le déploiement de la Search Box s'est fait de manière aléatoire, et souvent au bénéfice de Google. Début septembre, le moteur de Mountain View a en effet commencé à faire remonter cette Search Box (voir illustration ci-dessous) pour des requêtes de type marque, comme "JDN", "Fnac", "NYT", "Amazon" ou "LeGuide". Dans certains cas, une fois ce champ renseigné, l'internaute arrive sur une nouvelle page de résultats de Google, avec parfois des publicités AdWords pour des concurrents de la marque initialement saisie. Le dispositif engendre donc une perte de trafic et de chiffre d'affaires pour la marque. "C'est tout simplement du parasitisme", dénonce Benoit Sillard, PDG de CCM Benchmark et co-fondateur de l'Open Internet Project.

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La Search Box que fait remonter Google sur la requête "le Guide". Une fois le champ rempli, une nouvelle page de résultats générés par Google apparait... © Google - capture

"Le principal reproche qui est fait à Google est le caractère aléatoire de cette Search Box", ajoute Pascal Garcia, vice-président exécutif de Solocal. En effet, certaines requêtes de marque ont droit à leur Search Box et d'autres non (comme "PagesJaunes" par exemple qui ne fait pas remonter de Search Box, sans savoir pourquoi). "Il s'agit d'une mesure arbitraire, opaque, et unilatérale", ajoute Armelle Thoraval, présidente de l'Open Internet Project et directrice du pôle féminin chez CCM Benchmark Group.

Un déploiement aléatoire

Il est vrai que parfois, une fois une requête saisie dans la Search Box, l'internaute peut arriver sur le site de la marque. Il atterrit plus précisément sur une page de résultats remontés par le moteur de recherche interne du site de la marque (c'est par exemple le cas avec la Search Box générée par la requête "comment ça marche"). Pour cela, il y a un code à insérer dans son site, que Google a d'ailleurs bien évoqué en septembre dernier lors du déploiement mondial de cette nouvelle Search Box. Problème : certains sites qui avaient mis en place ce code (comme LeBoncoin) ne voyaient pas le flux d'internautes être orienté vers les résultats sur leur moteur interne. Malgré l'insertion du code, Google continuait à proposer "ses" pages de résultats, avec, bien sûr, ses publicités. Là encore, Google peut se réfugier derrière son algorithme secret, mais qui décide seul et à son rythme si un site peut avoir droit, ou pas, à la "bonne" Search Box, celle qui envoie l'internaute sur le site de la marque.

Avec un sens du timing étonnant, précisément la veille de la conférence de presse annonçant la mise en demeure, Google a modifié les résultats de certaines requêtes. Ainsi, la requête "Le Bon Coin",  l'une des plus tapées en France, ne fait désormais plus remonter de Search Box. "A vendre à louer", nom d'une marque du groupe SoLocal, non plus. Pas vraiment de quoi dissiper l'impression d'un déploiement aléatoire... "Nous demandons que les éditeurs de sites web puissent décider de l'apparition de cette Search Box", explique Olivier Sichel, PDG du site LeGuide.com et co-fondateur de l'Open Internet Project.

Mise à jour du 23/10 : Le jour même de la mise en demeure, quelques heures à peine après la rédaction de cet article, Google a réagi en promettant que les sites Web pourraient finalement décider eux-mêmes d'avoir ou non cette Search Box. Aucun détail supplémentaire n'a été pour l'instant officiellement donné sur ce système d'opt-out.

Mise à jour du 27/10 : Google a mis à jour sa documentation technique. La page officielle dédiée à cette Search Box explique désormais comment indiquer à Google qu'un site ne souhaite pas avoir cette Search Box. Il faut ajouter la balise meta ci-dessous sur la page d'accueil du site. Le moteur précise que cela peut prendre plusieurs semaines avant qu'elle soit prise en compte.

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