Yannick Simon (Kysoe) "RueduCommerce m'a beaucoup appris en SEO"

L'ex-DGA de RueduCommerce, en charge du référencement naturel du e-commerçant, s'est lancé dans une nouvelle aventure à la tête d'une entreprise, à la fois éditeur et prestataire en référencement.

yannick simon kysoe
Yannick Simon a été directeur technique et directeur général adjoint pendant 12 ans chez RueduCommerce. Il est aujourd'hui PDG et fondateur de Kysoe.com © Y.S.

JDN. Comment vous êtes-vous intéressé au SEO ?
Yannick Simon. En 2004, je me suis rendu compte que des e-commerçants comme LDLC ou Nomatica arrivaient à générer beaucoup de trafic sans affiliation ou publicité. Je me suis demandé comment ils faisaient, notamment pour remonter sur des requêtes de produits... C'est sans doute à ce moment que j'ai voulu sérieusement mieux référencer RueduCommerce.

Pour l'anecdote, à cette époque, lors du concours de référencement "mangeur de cigogne", j'ai passé un encart AdWords sur cette requête, qui allait être lu par bon nombre de référenceurs. Cela m'a coûté quelques euros et m'a permis de me mettre en contact avec un bon connaisseur, qui m'a donné de précieux conseils, concernant l'optimisation des balises ou l'URL rewriting ... J'étais alors au comité de direction, et j'ai donc pu faire avancer les choses. En trois mois de travail, le trafic issu du SEO est devenu plus important que celui issu du comparateur Monsieur Prix, qui était alors déjà une source non négligeable de trafic pour nous. Nous avions encore du retard sur Monsieur Prix ou LDLC en matière de SEO, mais nous avons pris le problème à bras le corps. Je suis ensuite parti, une première fois, de RueduCommerce, et le SEO a ensuite était moins prioritaire.

Je suis revenu en 2009, avec la ferme intention de se donner les moyens pour faire au moins aussi bien qu'Amazon en termes de SEO. En tant que directeur général adjoint, mais aussi ancien directeur technique, je pouvais faire du référencement naturel l'une de mes priorités, sous un angle marketing mais aussi technique. Nous avons ainsi pu réaliser beaucoup d'optimisations sur le site. Nous avons atteint notre but puisque RueduCommerce s'est placé juste derrière Amazon sur le terrain du référencement.

Quelles ont été les principales optimisations "on-site" réalisées ?
RueDuCommere, c'est un catalogue de plus de 2 millions de produits. Se lancer dans l'URL rewriting ou dans de nouveaux projets de développement peut fatalement générer beaucoup de problèmes pénalisant le référencement. En fait, entre 2009 et 2010, j'ai passé beaucoup de temps à chercher et à éliminer ces facteurs bloquants.

J'ai aussi pu bénéficier de conseils issus de l'agence Aposition, qui m'ont mieux fait comprendre les subtilités du crawl des moteurs de recherche. J'ai ensuite pu développer mes propres outils pour crawler le site de RueduCommerce, et l'analyser de manière exhaustive, trouver ses erreurs, ses balises mal renseignées, son contenu dupliqué, etc. Le but était aussi de faire ces analyses très régulièrement, et surtout lors des développements qui exposent à des risques en matière de SEO.

"Si nous avions eu des pratiques contraires aux consignes des moteurs, nous aurions été dénoncés"

Parmi les leviers SEO que j'ai aussi beaucoup utilisés : les balises canonical, le moteur interne indexé qui fait remonter nos produits dans les résultats de Google sans création de page dédiée, beaucoup de soin apporté au texte et aux images des fiches de produits, et donc un suivi attentif du crawl de Google sur les pages de produits. Car des parties entières du catalogue d'un e-commerçant de la taille de RueduCommerce peuvent être mal crawlées par Google, pour plusieurs raisons qu'il faut identifier et corriger.

Avez-vous pu constater que la rapidité du chargement des pages améliore l'indexation par Google ?
C'est indéniable. Plus les pages se chargent rapidement, plus le nombre de pages indexées est important. J'en suis même arrivé à une formule : si la page se charge en moyenne une seconde ou un peu moins, c'est un million de pages crawlées. Ensuite, plus le temps de chargement est long, moins le nombre de pages explorées par Google sera important, de manière presque proportionnelle.

Quelles étaient les pratiques de RueduCommerce en matière de netlinking ? Etaient-elles totalement respectueuses des consignes du moteur ?
Le travail ne consistait pas en du vrai netlinking, mais se concentrait plutôt sur de l'optimisation de l'affiliation, du partenariat intelligent ou du sponsoring. Nous avons bien eu des propositions, mais l'achat de liens était interdit en interne, même si de bons liens permettent en effet d'améliorer le référencement.

Si nous avions eu des pratiques contraires aux consignes, nous aurions été dénoncés, et je crois que Google regarde et prend en compte les alertes de "spam report" envoyées. Et, contrairement à ce que certains peuvent penser, le fait d'être un poids lourd du secteur ne permet pas plus facilement d'enfreindre quelques consignes du moteur. Au contraire, même, je dirais : plus un site est visible, plus les risque de se faire dénoncer augmentent. Or, la couverture lexicale de RueduCommerce sur les pages de résultats est assez impressionnante. Par exemple, l'outil SEMRush compte 6 millions de mots clés pour la France, et RueduCommerce est positionné sur 600 000, soit 10%... Nous concurrençons donc beaucoup de sites dans les pages de résultats, dont certains n'auraient pas hésité à signaler des pratiques irrespectueuses des consignes.

"Les réseaux sociaux peuvent être utiles pour indexer une toute nouvelle rubrique et son contenu"

Pensez-vous que les réseaux sociaux soient un levier de référencement important aujourd'hui ?
Les réseaux sociaux peuvent favoriser un crawl rapide de Google, ce qui peut être utile par exemple pour indexer une toute nouvelle rubrique et son contenu. Quant à leur impact sur les positions dans les résultats, je pense qu'il est éphémère, et le soufflet peut vite retomber.

Reste qu'une présence sur les réseaux sociaux est primordiale aujourd'hui, ne serait-ce que pour aider à faire connaître une marque ou un site. Je pense même que cela peut quelque part aider à protéger un site contre les mises à jour Panda ou Penguin. C'est même l'une des raisons, je crois, pour lesquelles certains comparateurs de prix ont pu étre pénalisés. Certains d'entre eux ont pu monter jusqu'à 95% de leur trafic issu de Google, ce qui est déjà trop, mais en plus, parmi leurs mots clés les plus importants ne figuraient pas leur nom de marque. Ce n'est pas le cas des comparateurs qui se portent bien aujoud'hui en SEO. Pour RueduCommerce par exemple, une importante partie du trafic SEO provient de requêtes contenant le mot clé "rueducommerce". Certains comparateurs de prix, impactés par Google Panda notamment, étaient d'un point de vue technique très pertinents, mais ils auraient à mon sens dû nettement plus miser sur la publicité, ou tout autre moyen pour mieux faire connaître leur marque

Vous avez lancé une nouvelle société Kysoe, dédiée au SEO. Que propose-t-elle ?
J'aurais passé 12 ans dans une entreprise de e-commerce qui s'est hissée au sommet. Je suis parti en mars 2012, après l'OPA réalisée par Altarea Cogedim. RueduCommerce m'a beaucoup appris en SEO. Je voulais prendre un peu de recul et me lancer dans une nouvelle aventure. J'ai donc fondé Kysoe. Pour l'instant, je suis toujours un prestataire SEO pour RueduCommerce, car ils m'ont demandé de continuer à travailler pour eux. J'effectue aussi des missions de conseils et d'audit, de très haut niveau.

Kysoe va ensuite, c'est son but, proposer un service original. Sur la base des outils que j'ai pu mettre au point pour RueduCommerce, j'ai monté une "KysoeBox". C'est une plate-forme dédiée à l'optimisation SEO on-site, qui va pouvoir analyser et modifier à la volée le contenu et les pages d'un site, en se plaçant un peu à la même place qu'un CDN. Aucun serveur à installer chez le client, et ce dernier n'a pas à me donner les clés de son CMS ou mobiliser du personnel informatique. Je me charge de tout, à distance.  

Cette Kysoebox va être commercialisée d'ici la fin du premier trimestre 2013, sans doute sous la forme d'un abonnement mensuel sans engagement. J'ai confiance dans cet outil et plus encore dans le savoir-faire que j'y ajoute. Pour l'instant, outre des prestataires, je suis seul, mais avant la fin du mois de janvier, deux personnes me rejoignent, et j'espère que nous serons une dizaine à la fin de l'année.