Bill Gates, enfin libre !

A 53 ans, le fondateur de Microsoft quitte l'entreprise pour l'action humanitaire. Retour sur un parcours de plus de 20 ans au terme duquel le groupe américain demeure leader mondial du logiciel.

Le vendredi 27 juin 2008 a été la dernière journée de travail de Bill Gates au sein de l'entreprise qu'il a fondé, Microsoft. Il quitte le numéro un mondial des logiciels pour se consacrer à sa fondation philanthropique, la Bill & Melinda Gates Fondation.

A 53 ans, il conserve cependant la présidence non exécutive du conseil d'administration et continuera a travailler un jour par semaine pour Microsoft, sur des projets liés à la recherche sur Internet. Mais il faut dire que depuis l'an 2000 et l'accession au poste de PDG de l'entreprise par Steve Ballmer, Bill Gates avait progressivement réduit ses activités au sein du groupe. Son départ était d'ailleurs annoncé depuis deux ans.

L'homme conserve aussi 9% du capital de l'entreprise, créée, il y a 33 ans, à une époque où il n'était encore qu'un jeune homme déterminé de 19 ans. Il venait alors d'abandonner ses études à Harvard, pour fonder la compagnie avec Paul Allen.

Aujourd'hui, Microsoft compte 80 000 employés, a réalisé l'an passé un bénéfice de 14 milliards de dollars, un chiffre d'affaires de 67 milliards de dollars, et représente en bourse la troisième capitalisation des Etats-Unis, malgré une décote du titre de 52% depuis 2000. Microsoft était entré en bourse en 1986, faisant de Billl Gates un milliardaire.

Sur le plan commercial, Bill Gates comptera des succès et des échecs commerciaux, mais surtout des succès. En premier lieu, il passe un contrat avec IBM qui porte sur l'installation du logiciel MS-DOS (Microsoft Disk Operating System) sur les machines de Big Blue. Un contrat non exclusif qui lui permettra ensuite d'établir comme un standard de fait son système d'exploitation sur l'ensemble des PC proposés par les différents constructeurs, soit un coup de génie commercial. MS-DOS sera plus tard rebaptisé au fil des versions Windows, du fait de l'introduction du concept de fenêtre dans l'interface graphique du système d'exploitation.

90% des ordinateurs fonctionnent sous Windows

Les différentes versions de Windows rencontreront un succès qui ne se démentira pas, en dépit de nombreuses critiques portant sur la question de la vente liée, de la vente forcée du système d'exploitation avec le navigateur Internet Explorer, et de l'instabilité chronique des différentes versions. De fait, aujourd'hui encore, 90% des ordinateurs dans le monde fonctionnent sous système d'exploitation Microsoft.

Dernière mouture de Windows, Vista, lancé en 2006, remporte quant à lui un succès mitigé, un certain nombre d'utilisateurs préférant même revenir à la version précédente, à savoir XP. Une péripétie qui ne représente qu'un des nombreux symptômes de la crise qui couve aujourd'hui dans la maison Microsoft.

Google, l'ennemi véritable de la marque de Redmond

Mais cela ne peut en aucun cas masquer l'autre grande réussite de Microsoft, à savoir les outils bureautiques, dont la suite Office domine ce marché à près de 90%, après avoir écrasé la concurrence que représentait WordPerfect de Corel, ou encore StarOffice de Sun Microsystem.

Une concurrence qui subsiste toutefois, avec le passage en licence libre de StarOffice, rebaptisé OpenOffice (Bill Gates considère avec un certain effroi les logiciels libres comme une forme de communisme moderne) ; et surtout une concurrence qui pourrait remettre fondamentalement en cause le mode de distribution des logiciels, passant du mode de l'achat de licence et de l'installation en local à celui de l'utilisation en ligne, comme le propose Google Docs, entre autres.

Google justement, parfois qualifié de "Microsoft de l'Internet ", dont le modèle commercial basé sur la publicité, est en train de remodeler de fond en comble l'univers informatique que Bill Gates avait conçu et su faire prospérer pendant deux décennies.

Google, l'ennemi véritable de la marque de Redmond ; Google, qui a été dernièrement en mesure de s'opposer au rachat de Yahoo par Microsoft (pour 47,5 milliards de dollars) du simple fait de son poids économique ; Google enfin, qui menace les performances de Microsoft en proposant des produits frontalement concurrents, à commencer par un moteur de recherche performant, des logiciels en ligne, et bientôt un système d'exploitation pour appareil mobile.

Autre titre à accrocher au palmarès de Bill Gates, celui de l'homme le plus riche du monde, titre qu'il a détenu avant d'être dépassé récemment par Warren Buffett, un de ses amis, et Carlos Slim, l'homme des télécoms.

Enfin, dernier aspect de ce personnage qui représente à lui seul les multiples facettes du capitalisme nord-américain, un engagement sans faille depuis 14 ans dans des œuvres humanitaires et caritatives dans la grande tradition de la culture anglo-saxonne : une aide orientée en direction de la lutte contre la pauvreté et les maladies qui ravagent le tiers monde, comme le paludisme.

Une aide gérée aussi à la manière de ses affaires, se focalisant sur les problèmes les plus cruciaux, afin que le levier des résultats soit le plus important possible. Une aide massive enfin, puisque 95% de sa fortune personnelle (de 58 milliards de dollars) et des dons multiples, notamment en provenance de Warren Buffet, financent ses actions.