L'assemblée générale d'Atos Origin tourne à la foire d'empoigne

Ajournée dans la précipitation, l'assemblée générale de la SSII a été toute proche de voir la révocation du président du conseil d'administration. Les fonds Centaurus et Pardus apparaissent en situation de force.

L'assemblée générale annuelle d'Atos Origin était attendue pour faire le point sur l'avenir de la société. Finalement, la décision définitive attendra, alors que la direction actuelle et les actionnaires principaux se sont livrés à un véritable bras de fer. Outre les trois places demandées par les fonds Pardus et Centaurus au conseil de surveillance, c'est surtout sur le changement de stratégie que les deux camps se sont opposés.

Salle Gaveau à Paris, Atos Origin a commencé son assemblée générale en débatant de la possible ouverture du conseil de surveillance aux deux fonds Pardus et Centaurus, titulaires de 23% des parts de l'entreprise. Le fait semblait acquis, les dirigeants ayant indiqué avant même la tenue de cette assemblée générale qu'ils étaient favorables à une plus grande participation des fonds dans la vie de l'entreprise.

Philippe Germond, président du directoire, a d'ailleurs insisté en début de séance sur le fait qu'il était "de son devoir de s'asseoir autour de la table" et "d'écouter ce qui se passe" si une offre de fusion ou acquisition lui parvenait. Il a même indiqué qu'il serait prêt à examiner des offres de fusion et envisager dans les mois qui viennent des acquisitions en Europe et en Inde. A condition toutefois que ces acquisitions soient "ciblées, petites ou moyennes".

Mais tout en tenant ce discours, Philippe Germond ajoutait qu'il "ne voyait pas pourquoi Atos ne croîtrait pas au rythme du marché européen, soit entre 4 et 5% par an". Une manière d'indiquer la confiance dans la direction dans son plan de croissance organique actuel. Le président de Centaurus a, de son coté, affirmé que les deux fonds n'avaient pas l'intention de prendre le contrôle d'Atos Origin. Ils ont également proposé les candidats Colette Neuville, Benoît d'Angelin et Michel Combes au conseil de surveillance.

Une décision scandaleuse, selon les fonds d'investissements

Mais opposé à la méthode actuelle de la direction, les fonds d'investissement ont également poussé dans le sens d'un renversement des dirigeants à la tête d'Atos. Le président du fonds commun de placement des employés d'Atos, Gérard Guerguerian, a voté pour la révocation du président du conseil d'administration, Didier Cherpitel. Avec 3% du capital, soit 5% des votes, ce vote a fait basculé la donne.

Pour ne pas se retrouver dans une situation embarrassante, Philippe Germond a annoncé peu après une suspension de la séance, puis un ajournement de l'assemblée. Pour justifier sa décision de suspension, Philippe Germond a invoqué par la suite la "confusion lourde" entourant le vote du président du FCPE. Il a indiqué être favorable à la reprise de l'assemblée générale à partir de la première quinzaine de juin.

A la place de Didier Cherpitel, les fonds Pardus et Centaurus souhaitaient la nomination de Bernard Bourigeaud, ancien directeur général d'Atos Origin. Cependant, au lendemain de cette assemblée générale, M. Bourigeaud a annoncé sa décision de retirer sa candidature au conseil de surveillance face à l'hostilité manifestée à son égard. Mais les fonds Pardus et Centaurus ne décolèrent pas.

"Cette affaire est absolument scandaleuse et nuisible à la place de Paris. Le président du directoire n'a pas le pouvoir d'ajourner l'assemblée", déclare Colette Neuville, candidate au conseil de surveillance et soutien des fonds d'investissements. Pour Bernard Oppetit, président de Centaurus "c'est une mascarade". Philippe Germond réplique : "c'est notre droit de le faire, tant que le vote des résolutions n'a pas commencé".

La prochaine réunion tentera de mettre un terme à cette querelle de pouvoir, dont les salariés pourraient bien faire les frais quel que soit le gagnant. Les deux camps disposent au moins de trois semaines pour convaincre et s'assurer des votes des investisseurs encore indécis.