Les grandes entreprises informatiques boudent le Pacte PME

Seuls cinq acteurs informatiques figurent parmi la liste des signataires du texte. Une réalité qui pose la question de l'engagement des grands groupes IT dans la promotion des écosystèmes innovants.

Lancé en septembre 2005 par Oseo, le Pacte PME a pour objectif de favoriser les synergies entre grands comptes et PME innovantes. A travers la signature de ce texte, les grands groupes s'engagent à réserver une partie de leurs achats à des petites et moyennes entreprises, et ainsi à favoriser l'innovation.

"Derrière cette démarche se cache la volonté de faire émerger des champions nationaux de l'innovation", commente Emmanuel Leprince, délégué général du Comité Richelieu, association de soutien aux PME innovantes. Les études parues sur le sujet montrent qu'une PME a plus de chance de se hisser au statut d'une grande entreprise si elle signe des contrats avec de grands comptes.

Pourtant, les grands acteurs informatiques ne se bousculent pas au portillon pour signer le pacte. Pour l'heure, seuls cinq d'entre eux s'inscrivent dans la démarche. Le premier a ouvrir le bal a été Microsoft France, en juillet 2005. Ont suivi Thales et Alcatel-Lucent en septembre 2005, puis Bull en septembre 2006. Le dernier en date à s'engager n'est autre que le premier éditeur français, Dassault Systèmes en mai 2008. Parmi les grands absents se distinguent les grandes SSII ainsi que les constructeurs.

"Il s'agit de promouvoir un Small Business Act à la française en réservant 25% de nos achats aux PME", explique Bertrand Launay, directeur de Division PME/PMI et partenaires de Microsoft France. Pour le géant américain du logiciel, cette démarche s'inscrit dans une stratégie marketing global.

Des approches similaires chez Microsoft et Alcatel-Lucent

"Nous travaillons avec 15 000 PME/TPE qui constituent une partie de notre réseau de revendeurs", poursuit Bertrand Launay. "A travers notre programme IDEE qui est né en France, nous développons également une démarche de soutien actif aux jeunes pousses innovantes en les épaulant à la fois au niveau de l'expertise technologique et marketing." Une manière également pour le groupe de dénicher des technologies d'avant garde, et de rechercher ses partenaires de demain.

Du côté d'Alcatel-Lucent, la démarche est très similaire. Comme Microsoft, le groupe a d'ailleurs lui aussi développé un programme de soutien aux PME innovantes. "Un dispositif qui passe par un apport ponctuel de compétences, le soutien à l'exportation par des portages, l'allocation de locaux et un apport logistique et informatique sur un site du groupe pour les starts-up", indiquait-on chez Alcatel-Lucent.
Chez Thales, la signature du Pacte PME a donné le coup d'envoi d'un travail conjoint entre les équipes de Recherche et Développement et les services Achats. "Et ce notamment dans le cadre de rencontres PME/grands comptes", explique Dominique Vernay, directeur technique de la société. 

Il ajoute : "C'est à travers ce type de rencontres que nous découvrons de nouvelles PME innovantes capables d'apporter un élément de différenciation dans l'offre Thales, soit directement, soit dans le cadre d'un développement collaboratif." C'est d'ailleurs cette motivation en faveur des synergies économiques qui a poussé le groupe français à devenir un acteur du pôle de compétitivité mondial System@tic

Même philosophie chez Bull pour lequel l'innovation ne va pas sans la création de réseaux impliquant de jeunes entreprises. "En effet, l'innovation repose aujourd'hui sur des acteurs pluridisciplinaires, interconnectés, associant des expertises multiples, provenant de l'industrie comme des centres de recherche scientifique", expliquait Didier Lamouche, P-DG du groupe, lors de la signature du Pacte PME, en faisant également le lien avec l'engagement du groupe dans les pôles de compétitivité.  

Etant passé lui-même en quelques années du statut de PME à celui de grand groupe mondial, il était logique que Dassault Systèmes signe le Pacte PME. Le leader des solutions de PLM présente ce nouvel engagement comme une des actions de sa stratégie de soutien à un écosystème innovant. Egalement engagé dans les pôles de compétitivité, le groupe avance notamment l'AFDEL  (Association française des éditeurs de logiciels) dont il est fondateur parmi les initiatives allant dans le même sens.

"Nous considérons le Pacte PME comme une étape majeure de la mise en place d'une politique européenne de soutien aux PME", note Pascal Daloz, directeur général adjoint en charge de la stratégie et du marketing, dans le communiqué de presse paru pour l'occasion. "Le Small Business Act a en effet démontré que l'aide à l'innovation et la conquête des marchés internationaux constituent les éléments incontournables de la croissance des PME."