Noël Saille (APX) "Nous visons les 200 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel"

En moins de dix ans d'existence, la SSII aura multiplié par dix son chiffre d'affaires. Après avoir déjà racheté une dizaine de sociétés, APX continue aujourd'hui d'afficher des objectifs de croissance externe.

JDNSolutions. Quel bilan faites-vous des activités d'APX en 2011 ?

Noël Saille. Pour notre dernier exercice fiscal, nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 188 millions d'euros. Il a enregistré une croissance de 10%, ce qui est une bonne performance dans le contexte actuel de notre secteur.

Nous avons également opéré un recentrage nécessaire après avoir cédé notre activité de services applicatifs en avril dernier. Nous nous concentrons désormais sur deux activités : l'intégration, qui pèse les deux tiers de notre chiffre d'affaires, et l'infogérance.

La rentabilité est cependant meilleure dans l'infogérance. Le résultat opérationnel d'APX est de 2%. Il  nous reste donc aussi une marge de progression sur ce point.

L'activité d'infogérance, en croissance annuelle de 7%, a pu enregistrer de belles nouvelles signatures cette année, comme MMA ou Pole Emploi, ou de nouveaux CHU. APX est désormais chargé de l'infogérance de 17 CHU en France.

L'intégration a connu une croissance plus forte, de 11%, notamment grâce aux projets de refonte d'architecture, d'archivage et de virtualisation. Dans ce dernier domaine, où nous avons pu renforcer notre expertise grâce à l'acquisition du spécialiste Kappa, nous avons, cette année par exemple, pu travailler pour la MAIF.

Vous avez récemment lancé plusieurs offres de Cloud Computing privé. Il y a neuf mois, vous annonciez viser la cinquantaine de clients pour cette offre IaaS vPack en un an. Qu'en est-il aujourd'hui ?

L'offre, qui a en fait réellement été lancée il y a trois mois, compte aujourd'hui une douzaine de clients, des entreprises de taille moyenne ou des filiales de grands comptes. La plupart ont choisi cette offre en mode Capex. Or, c'est bien le mode Opex qui est notre cheval de bataille.

"Les compressions budgétaires du secteur public nous sont favorables"

Ce n'est pas pour autant une déception. Il s'agit d'un pack précurseur, et d'une offre qui propose une rupture dans la technologie mais aussi dans le mode de facturation. Je rappelle que l'offre permet de facturer la consommation réelle du client.

En outre, le marché est prometteur. Les cabinets d'étude tablent sur une croissance annuelle de ce marché de 20% jusqu'en 2015. Pour un acteur comme nous, cette croissance devrait même être dépassée.

De plus, une fois que la majorité des DSI seront passés à la virtualisation, une tendance qui s'observe déjà, ils vont ensuite s'ouvrir aux services de type Cloud. Je pense que le marché du Cloud se divisera en 20% pour le Cloud public et 80% pour le Cloud privé. C'est donc ce marché-là, émergeant, qui nous intéresse. L'étape suivante devrait sans doute être la mise à disposition d'outils de permettant de piloter ses Clouds publics et privés.

En outre, nous avons récemment signé un partenariat avec Completel, qui va donc nous permettre de bénéficier d'un nouveau canal de distribution et de nous appuyer sur leur force de vente pour commercialiser notre offre de Cloud Computing privé.

A noter que vPack s'articule aujourd'hui autour des fournisseurs EMC/Cisco/VMware, mais nous envisageons également de proposer bientôt également NetApp dans le pack. Si bâtir la première offre vPack a pu nous demander de revoir certains schémas, les autres seront plus faciles à monter.

Quels sont les leviers de croissance et les perspectives pour 2012 ?

Comme le but de l'infogérance est de proposer une meilleure qualité à un coût moindre, les compressions budgétaires qui peuvent s'observer dans le secteur public devrait nous être finalement favorables. Le contexte est cependant plus délicat pour notre activité d'intégration qui repose sur des investissements qui peuvent aujourd'hui être ralentis.

Outre les offres évoquées de Cloud Computing, l'urbanisation des datacenters et la sécurité devraient être d'autres activités porteuses en matière d'intégration. Quant à l'infogérance, la mobilité devrait également créer une nouvelle demande. La pénétration des OS allégés dans les entreprises entraîne de nouveaux besoins, mais fait également aussi évoluer l'infogérance : il se s'agit désormais plus d'assurer le support d'un terminal mais bien de l'utilisateur, quel que soit le terminal qu'il utilise.

Nous allons également lancer courant 2012 une nouvelle offre "Workspace on line" proposant d'accéder à ses outils de productivité en ligne, depuis n'importe quel terminal, en mode SaaS et donc bien facturée selon la consommation qu'en fait l'utilisateur.

Les objectifs pour le prochain exercice fiscal sont de dépasser les 195 voire 200 millions d'euros avec, donc, une croissance d'au moins 5% et une meilleure profitabilité, avec un résultat opérationnel de l'ordre de 3%. Je rappelle qu'APX réalisait 20 millions de chiffre d'affaires à sa création, en 2003.

Notre recrutement devrait s'aligner sur ces tendances. Nous avons actuellement une petite centaine de postes à pourvoir, et d'ici fin 2012, nous devrions reproposer un nombre similaire d'offres d'emploi, au moins. Nous recherchons particulièrement des profils d'architectes ou de chefs de projets ayant une expertise technique, dans la virtualisation par exemple.

En outre, APX a déjà réalisé une dizaine de rachats, et nous allons comptons bien continuer à examiner les opportunités. Notre trésorerie nous le permet, et le contexte est finalement favorable pour des acquisitions. Mais nous allons cibler et privilégier un acteur régional ou un acteur de niche, dans la virtualisation ou le service à distance.

Noël Saille est PDG du groupe APX. Après avoir été directeur du Centre Européen de Formation de Hewlett Packard et dirigé plusieurs divisions au sein de Digital et ICL, il a rejoint le groupe Bull en 1996 en tant que directeur dénéral Services où il dirige la division Infogérance & Services de Support au niveau International. Il est ensuite nommé à la tête de la Division Technologique. Fin 2003, il quitte le groupe Bull et acquiert la filiale française de Synstar International. Cinq années plus tard, après 10 acquisitions (Hopen, APX, Getronics France...), le groupe, renommé APX, est devenu expert dans les systèmes d'Intégration et l'infogérance