Olivier Vallet (Steria) "Les SSII françaises souffrent d'un déficit d'image"

La société de services IT a choisi de se positionner dans le Cloud avec des offres verticales. Elle s'est dotée d'un réseau social d'entreprise pour dynamiser sa démarche innovation.

JDN Solutions. La reprise économique se confirme-t-elle ?

Olivier Vallet. La reprise est bien là. Nous avons été l'un des premiers acteurs IT français à la ressentir puisque nos résultats 2010 enregistraient déjà une croissance. Nous n'avons cependant pas retrouvé les taux de progression des années précédant la crise. Les secteurs de la banque et des matières premières ont été les premiers à retrouver une bonne dynamique, ainsi que les télécoms mais à un degré moindre.

Il semble que le secteur public soit toujours porteur...
Oui, mais beaucoup de travail reste à faire. Comme vous le savez, je préside le collège des SSII au sein du Syntec Numérique. Comparé au poids économique de la prestation de services IT en France, le secteur est sous-estimé par l'exécutif. Quatre SSII françaises sont présentes dans le top 10 européens [Capgemini, Atos Origin, Sopra Group, Steria NDLR], et deux dans le top 10 mondial [Capgemini et Atos Origin NDLR].
Nous allons donc lancé prochainement une campagne de sensibilisation sur cette question. L'idée est notamment de montrer l'implication des SSII pour aider les entreprises à passer la crise, notamment en développant l'innovation. Sans compter que nous sommes l'un des secteurs qui crée le plus d'emplois. Nous mettrons aussi en avant notre rôle sociétal, en matière d'e-santé, d'e-énergie, d'e-administration et d'e-citoyenneté. Nous allons rentrer dans une période électorale qui est propice à ce type de débat. L'idée est plus globalement de redorer l'image des SSII qui souffre d'un défit de reconnaissance.
 

"Nous travaillons sur des offres de logiciels verticaux en mode SaaS"

 De quelle façon prenez-vous en compte le Cloud dans vos offres de services ?

Nous avons lancé une offre de Cloud Computing en partenariat avec Cisco et VMWare. Nous travaillons sur des offres de logiciels verticaux en mode SaaS avec une tarification à la transaction. Cette politique rejoint notre stratégie de positionnement verticale qui se focalise sur trois secteurs : le secteur tertiaire, notamment la banque et l'assurance, le domaine des matières premières et des télécommunications, et le secteur public et des transports. Nous cherchons à avoir une emprunte métier forte en développement des offres verticalisées.

Dans le domaine du Cloud, nous commercialisons par exemple une plate-forme pour piloter la consommation d'énergie des bâtiments. Nous avons mené un projet en interne pour préparer cette offre. Nous avons quitté récemment Issy-les-Moulineaux pour installer notre siège dans un immeuble dit à énergie positive [c'est-à-dire produisant plus d'énergie qu'il n'en consomme. L'immeuble est équipé de panneaux photovoltaïques et d'une chaudière à cogénération biomasse ndlr].

Dans ce cadre, nous avons travaillé sur un dispositif permettant de piloter ce type de contrat de performance énergétique, en lien avec EDF et notre bailleur Bouygues Immobilier. Nous commercialisons désormais cette offre de pilotage, avec à la clé une applications de supervision de la consommation en mode SaaS, avec pour objectif de la proposer à terme y compris pour les bâtiments anciens. Elle permet de piloter la consommation en fonction de la météo, de gérer la facturation avec plusieurs contrats...

Vous avez récemment annoncé votre implication au projet IssyGrid. La logique de ce projet rejoint cette démarche autour de l'optimisation de la consommation d'énergie ?
Nous impliquons dans le projet IssyGrid avec d'autres acteurs comme Alstom, ERDF, Microsoft, Schneider Electric ou Total. L'objectif de ce chantier est de déployer ces technologies éco-responsables sur un quartier entier d'Issy-les-Moulineaux. Ce type de partenariat nous permet d'accélérer encore la mise sur le marché de ce type d'offres. 
 

"On observe une pression de plus en plus grande sur les DSI pour assurer les mises en production"

 Quelles sont les préoccupations de vos clients cette année ? La crise est-elle derrière eux ?

On observe une pression de plus en plus grande sur les DSI pour assurer une mise en production rapide des projets et des offres. Les produits doivent être lancés en temps et en heure. De même, il est demandé aux DSI de s'aligner toujours le mieux possible sur les besoins des métiers. Enfin, on constate toujours une forte demande sur le front de la gestion de la relation client multicanale, en particulier dans la banque, les télécoms et l'énergie.

Avec Capgemini, vous avez décroché la maintenance du système financier de l'Etat français. Qu'avez-vous mis en place dans le cadre ce contrat ?
La TMA de Chorus illustre bien notre politique de centres de services. Pour mémoire, nous avons cinq centres de services partagés en France : Nantes pour la TMA, Rennes pour les tests, Toulouse pour la sécurité, et a maintenance et le support autour de SAP, Roanne pour le help desk et la supervision, et enfin Sophia Antipolis pour le support de niveau deux et trois. A cela s'ajoutent trois centres offshore, en Pologne, au Maroc et en Inde. Grâce à ces plates-formes, nous offrons une grande flexibilité aux clients. Nous pouvons mener des projets sur site, et en fonction des besoins, contraintes et tâches à réaliser faire intervenir un ou plusieurs centres en cascade.

Concernant Chorus, nous mettons en œuvre la TMA du système financier de l'Etat, basé sur SAP, depuis notre centre de Toulouse qui est centré sur cet ERP. Nous avons donc déporté une partie des équipes que nous avions initialement mis à la disposition de l'Etat chez lui, vers cette implantation. Cela représente environ 80% des effectifs. Les 20% restant demeurent basés sur place, chez le client. Cela nous permet d'optimiser les coûts par une meilleure industrialisation du service rendu.
 


Quels sont vos principaux facteurs de différenciation ?

L'innovation fait partie de nos grands éléments différenciateurs. Pour dynamiser notre culture de l'innovation, nous avons déployé une plate-forme collaborative interne sur laquelle les collaborateurs peuvent proposer des idées. Ce dispositif de réseau social nous permet d'identifier rapidement de nouvelles opportunités. Les meilleures idées sont présentées au comité de direction. Nous avons commercialisé d'ailleurs une offre de prestations pour accompagner nos clients dans une dynamique d'innovation, qui inclut du conseil ainsi que la solution d'intranet que nous utilisons.