Stanislas de Bentzmann (Devoteam) "2010 sera l'année de la convalescence"

Recrutements, augmentations de salaires, reprise des investissements : le co-fondateur fait le point sur la stratégie de la SSII. Et évoque les vecteurs de croissance en 2010, cloud computing, SaaS et green IT.

Sur 2009, Devoteam publie un chiffre d'affaires stable comparé à l'année précédente. Il  s'élève à 460 millions d'euros, pour une marge d'exploitation de 28,5 millions d'euros. L'acquisition de l'allemand Danet contribue à hauteur de 7% du revenu. Au quatrième trimestre, le chiffre d'affaires de la société française de services s'établit à 124 millions d'euros, en retrait de 1% comparé au trois dernier mois de 2008.  Pour 2010, Devoteam table sur un chiffre d'affaires de 470 millions d'euros, pour un taux de marge opérationnelle de 6%.

JDN Solutions. Au vue des résultats du quatrième trimestre 2009, commencez-vous à entrevoir la sortie de la crise ?

Stanislas de Bentzmann. Nous sommes dans la même logique qu'en juillet dernier. Nous anticipons une certaine reprise en 2010, mais elle ne devrait pas être flamboyante. Nous constatons que le calme est revenu chez nos clients. L'atmosphère est plus détendue. Les budgets ne sont certes pas expansionnistes, mais ils sont beaucoup plus consistants qu'en 2009. Nous tablons sur une amélioration progressive du chiffre d'affaires tout au long de l'année. 2010 sera l'année de la convalescence.

Mais pour nous, il faudra d'abord encaisser la décroissance avant de retrouver des résultats en réelle amélioration. Ce qui demandera quelques mois. La réduction d'effectif sur un an représente en effet 10% hors croissance externe [ndlr acquisition de Danet]. Nous devons compenser cet effet négatif embarqué. Nous prévoyons dans cette optique d'embaucher entre 300 et 400 personnes. A cela s'ajouteront entre 100 et 200 recrutements sur 2010 qui correspondent à la croissance que nous prévoyons de réaliser sur l'année. 

"La reprise est indéniable dans le secteur de la finance"

En vue de préparer la sortie de la crise et motiver les équipes, nous augmentons également les salaires. Ils avaient été gelés en 2009. Nous avons fixé cette progression à 2% en moyenne. Nous renforçons aussi nos équipes commerciales, et restimulons nos offres. De la même manière que nous avions anticipé la crise, nous avons donc décidé de repartir tôt dans le cycle de la reprise, dans l'optique de prendre des parts de marché.

Qu'en est-il des résultats de vos activités de conseil ? Ont-elles été touchées par la crise de manière égale ?

Les revenus tirés de notre activité de conseil en technologies décroissent de 1%, et de 8% à périmètre constant hors rachat de Danet. Cette offre correspond par exemple au déploiement de logiciels pour automatiser la gestion des actifs informatiques d'entreprise. Quant à notre activité de Business Consulting, sa décroissance organique se limite à 6%, avec une marge d'exploitation de 7%.

Le Business Consulting comprend des activités à plus forte valeur ajoutée dont la marge est traditionnellement moins comprimée que pour le conseil en technologie. Il peut s'agir par exemple d'accompagner une banque dans la redéfinition de son plan de continuité d'activité informatique visant à permettre la reprise du système d'information en cas d'incident.

En juillet dernier (lire l'interview de Stanislas de Bentzmann du 29/07/2009), vous nous annonciez la reprise du carnet de commandes dans le secteur financier. Cette tendance s'est-elle confirmée ?

La reprise est indéniable dans le secteur de la finance au second semestre 2009, même si les résultats sont un peu en deçà de ce que nous espérions. Les projets sont nombreux et variés : déploiement d'infrastructure dans l'ITSM [ndlr gestion de services informatiques], externalisation télécom, mise en œuvre de portails... Nous observons également une tendance lourde au sein des banques en matière de projets de gestion de la relation client en multicanal.

Quid de la situation dans les autres secteurs...

Dans l'Energie, nous continuons à bien nous porter. Avec un pétrole à 70 dollars le baril, ce segment dispose de la marge de manœuvre suffisante pour des investissements informatiques. Le secteur public est assez stable. Nous constatons néanmoins des efforts budgétaires combinés à des projets de rationalisation importants.

"Nous pouvons envisager de petites opérations d'acquisition"

Dans les télécommunications, nous affichons toujours un fort potentiel dans les pays émergents. Mais nous anticipons dans ce domaine un retour des projets en France et en Europe. Les réseaux commencent en effet à saturer avec l'arrivée de la téléphonie mobile de quatrième génération, et l'explosion des échanges de données et contenus riches. Des opérateurs mobiles comme Telefonica ou Orange pourraient repartir sur de gros chantiers, ou des acteurs de taille plus modeste comme les opérateurs de réseau mobile virtuel tel MVNO.

La reprise des investissements IT n'est pas encore perceptible dans les secteur de la distribution et des services. La consommation des ménages n'étant pas repartie. Dans l'automobile, la tendance est équivalente, même si la prime à la casse gomme un peu les effets de la crise.

Quels sont les principaux axes de positionnement de votre offre pour 2010 ?

L'un de nos principaux objectifs est d'aider nos clients à tirer profit du cloud computing privé et public, et du modèle SaaS. Nous nous positionnons dans cette optique en tant que consultant. Nous commençons également à fournir nous même des offres de logiciels en mode SaaS. Nous proposons notamment des applications dans le domaine de la gestion de services IT, du test logiciel ou encore des plans de secours. Il s'agit de logiciels d'éditeurs avec lesquels nous signons des accords, comme c'est le cas avec Computer Associates.

Nous continuons à monter en puissance sur le Green IT, avec des missions visant à optimiser la consommation d'énergie des équipements et les coûts de fonctionnement, notamment via la virtualisation. Notre savoir-faire évolue également sur le Machine-to-Machine. Nous aidons nos clients pour développer de nouvelles opportunités dans ce domaine, et les accompagnons en particulier sur les problématiques techniques autour de la gestion des communications et la sécurité des flux de données. Nous poursuivons enfin nos missions de conseils en matière de gestion des coûts IT et de l'externalisation.

Quel bilan faites-vous du rachat de Danet ?

L'opération a été plus difficile que prévue. La crise en Allemagne a été dure. Nous avions prévu 5 millions d'euros de coûts de restructuration. Nous avons finalement dépensé 7 millions. Ce qui a engendré une perte de 2 millions d'euros en 2009, et plombé notre marge d'un point. Nous tablons sur l'équilibre en 2010, et un retour des gains en 2011.

Vous disposez de 96 millions d'euros de trésorerie. Avez-vous une stratégie de croissance externe pour 2010 ?

Nous pouvons en effet envisager de petites opérations d'acquisition ciblées, dans les pays émergents par exemple. 

Nous pourrions être intéressés par des acteurs dans les domaines du portail, de l'architecture d'entreprise, du multicanal ou encore de la gestion de contenu.

Stanislas de Bentzmann est co-fondateur et co-président du directoire de Devoteam.