Data Domain cède aux avances d'EMC pour 2,1 milliards de dollars

La force de frappe financière du géant du stockage aura finalement eu raison de la frilosité des dirigeants de Data Domain. En agissant de la sorte, EMC pratique la politique de la terre brûlée face à NetApp.

La proposition de rachat d'EMC sur Data Domain courait jusqu'au 17 juillet. Ses dirigeants n'auront pas attendu cette deadline pour l'accepter. Car le spécialiste de la déduplication de sauvegarde a décidé de s'offrir au poids-lourd du secteur (14,88 milliards de dollars de revenus en 2008).  

Et du coup évincer NetApp, avec lequel il avait pourtant noué une alliance de cœur mais aussi d'argent.

Le 3 juin dernier, Data Domain avait en effet signé un protocole d'accord en vue d'être racheté par NetApp pour 1,9 milliard de dollars. Une renonciation qui lui coûtera d'ailleurs 57 millions de dollars d'indemnités. Une peccadille au regard du montant et de la plus-value financière apportée par EMC aussi bien pour l'entreprise que ses actionnaires.

Concrètement, l'offre d'EMC a été réalisée au prix de 33,5 dollars par action et entièrement réalisée en numéraire. Une opération qu'EMC, compte tenu de son niveau de trésorerie, a pu aisément se permettre.

NetApp s'est montré dans l'incapacité d'aller au-delà des 30 dollars par action

Contrairement à NetApp, qui s'est montré dans l'incapacité d'aller au-delà des 30 dollars par action en proposant de surcroît un mélange de cash et d'échange d'actions - forcément moins séduisant -, valorisant au final Data Domain à "seulement" 1,9 milliard de dollars.

Le rêve de NetApp, commencé dès la première proposition de rachat fin mai puis sans cesse contrecarrée depuis par EMC, s'achève donc sur un cinglant revers. Et ce, alors même que nombre de spécialistes et d'analystes du secteur étaient intimement persuadés des meilleures synergies possibles entre Data Domain et NetApp.

En agissant ainsi, EMC a coupé l'herbe sous le pied de NetApp en l'empêchant de mettre la main sur Data Domain et ses technologies de nettoyage de doublons des données stockées, sauvegardées et archivées. Reste pour autant que le rapprochement entre les nouveaux amants risque de se faire dans la douleur.

D'une part, en raison de la grande divergence de culture qui existe entre les deux sociétés. L'une basée en Californie (Data Domain), l'autre dans le Massachustts (EMC) ; la première employant 800 personnes et la seconde...33 000.

Des interrogations subsistent quant au doublon créé à cause des partenariats OEM d'EMC

D'autre part, certaines interrogations subsistent quant à la pertinence pour EMC de conserver et maintenir dans son giron un éventail varié autant que différent de solutions et technologies de déduplication. Le géant du stockage étant déjà lié à plusieurs partenaires OEM dans le domaine, notamment avec FalconStor, Quantum mais aussi Avamar. Y'a-t-il donc de la place pour Data Domain ?

Aux dires de Joe Tucci, P-DG d'EMC, la réponse est oui. Car Data Domain devrait devenir une division à part entière d'EMC (tel Documentum), et ne sera, a priori, pas vidé de sa substantifique moelle technologique et de R&D. Mieux encore, les produits Data Domain pourront bénéficier de la puissance de feu du réseau de distribution d'EMC pour séduire un panel plus large encore de clients potentiels.

Cet enthousiasme est bien sûr partagé du côté de Data Domain : "le conseil d'administration de Data Domain a conclu à l'unanimité que l'accord définitif de fusion avec EMC et les termes de son offre étaient appréciables, équitables et dans le meilleur intérêt de Data Domain et de ses actionnaires".

Reste toutefois une ultime étape à franchir : faire approuver l'offre de rachat par les actionnaires de Data Domain le 14 août prochain à l'occasion de la tenue de son assemblée générale. Mais les dirigeants de Data Domain ayant fini par craquer, on ne voit cependant aucune raison pour que les actionnaires ne cèdent pas à leur tour à la tentation financière.